L’Etat augmente le plafond de ses aides pour l’achat d’un vélo à assistance électrique. Le bonus maximal est relevé à 400 euros pour les personnes à faibles revenus. Des aides cumulables avec celles des collectivités locales. Mais ces mesures sont-elles vraiment efficaces pour réduire la circulation automobile ?
Vous envisagez de faire l’acquisition d’un vélo à assistance électrique (VAE), mais il coûte trop cher ? Entré en vigueur le 15 août, un nouveau coup de pouce de l’Etat va peut-être vous permettre de franchir le pas.
Le montant des aides est relevé de 200 euros à 300 euros pour les personnes dont le revenu fiscal par part est inférieur à 13.489 €, et même à 400 € pour les personnes au revenu fiscal inférieur ou égal à 6.300 € ainsi que pour les personnes en situation de handicap.
Une aide non négligeable au regard du prix moyen d’un VAE : comptez aux alentours de 1.500 euros pour un vélo neuf avec des équipements de bonne qualité.
Le schéma ci-dessous diffusé par le ministère de la transition écologique détaille les conditions d’octroi des aides gouvernementales.
Cumulable avec les aides des collectivités locales
De nombreuses collectivités proposent déjà des aides pour l’acquisition de ces moyens de mobilité douce. Depuis le mois de mars 2022, la région Grand Est accorde 200 euros pour les nouveaux acquéreurs, sans conditions de ressources (accéder ici aux modalités). Mais cette aide est limitée à 10.000 demandes au maximum.
Considérée comme la capitale française du deux-roues, l’Eurométropole de Strasbourg a aussi initié son propre dispositif (détails en cliquant ici). Depuis 2021, elle octroie 150 € pour la motorisation d’un vélo classique et entre 300 et 500 euros pour l’achat d’un VAE ou d’un vélo-cargo à assistance électrique, en fonction de vos revenus.
En l’espace de 18 mois, plus de 3000 demandes ont déjà été déposées. La mise en place des systèmes de location longue durée et l’instauration prochaine d’une ZFE (zone à faibles émissions) contribue sans doute au succès grandissant de ces moyens de locomotion nouvelle génération. "Le vélo à assistance électrique permet de parcourir de plus grandes distances et de toucher des publics qui n’utilisaient pas le vélo jusque-là comme les personnes âgées ou peu sportives, constate Alain Jund, vice-président du conseil communautaire en charge des mobilités. On observe que son usage quotidien s’est nettement renforcé : beaucoup l’utilisent maintenant pour aller au travail par exemple. On voit bien qu'il devient une vraie alternative à la voiture."
Le vélo à assistance électrique est un réel instrument de transformation des villes.
Alain JundVice-président de l'Eurométropole de Strasbourg, en charge des mobilités
Un constat de l’Eurométropole confirmé par des études de l’Ademe, l’agence de l’environnement et de l’énergie. Celle-ci révèle que 63 % des bénéficiaires d’une aide à l’achat déclarent avoir diminué leur usage de la voiture. Dès 2015, elle observait que pour quinze bénéficiaires d’aides à l’achat, une voiture était supprimée du réseau de circulation.
Mais aider les gens à s’équiper ne suffit pas à encourager la pratique s’il manque les infrastructures nécessaires. Dans cette optique, l’Eurométropole a débloqué une enveloppe de 100 millions d’euros pour adapter les réseaux cyclables, soit 125 kilomètres de pistes dédiées, et les ouvrages d’art nécessaires (passages de canal ou de voies SNCF). "On réfléchit aussi activement à la question de la sécurisation des parkings à vélo, car le fait de ne pas savoir où ranger son VAE peut dissuader les potentiels acquéreurs. Et tout le monde n’a pas la possibilité d’avoir un garage", ajoute Alain Jund.
Et posséder un vélo ne signifie pas forcément l'utiliser. D'où les réserves émises par la FUB, la fédération des usagers de bicyclettes : "c'est bien d'aider les gens à acheter leur moyen de locomotion. Mais pour que les mobilités douces prennent l'ascendant, il faut complètement repenser notre mode de vie et de nos villes : en y limitant la vitesse, en y supprimant le trafic de transit, en remettant services et commerces de proximité pour que tout soit faisable partout au quotidien à vélo, suggère Thibault Quéré, en charge du plaidoyer au sein de la fédération d''utilisateurs. On pourrait imaginer que les aides à l'achat soient réorientées pour permettre aux collectivités de mettre des vélos en libre-service par exemple.
Quand un Français parcourt en moyenne 100 kilomètres à vélo par an, un Espagnol en parcourt 1.000.
Thibault QuéréFUB (fédération des usagers de la bicyclette)
Le nouveau coup de pouce de l’Etat va permettre à la collectivité strasbourgeoise de repenser son plan de soutien. "Nous allons sans doute nous recentrer pour apporter des aides plus particulières aux personnes qui sont financièrement le plus dans le besoin, annonce l’élu. Car pour beaucoup, le prix élevé de ces véhicules reste le principal frein à l’achat."
Attention toutefois, la part des aides est plafonnée : le bonus maximal s’élève à 1.000 euros. Il est relevé à 2.000 euros pour les personnes en situation de handicap souhaitant acquérir un vélo cargo, un vélo pliant ou une remorque électrique pour vélos. La totalité des aides perçues ne doit pas dépasser 40% du prix du coût d’achat. Notez également que vous avez jusqu’au 31 décembre pour bénéficier de l’aide débloquée par l’Etat.