La Ville de Haguenau dénonce l'installation illégale du cirque Zavatta et de ses animaux sauvages sur un terrain communal de Haguenau. Elle a lancé une procédure en référé au tribunal administratif.
Ils n'étaient pas les bienvenus mais ils sont malgré tout bien là. Les circassiens Achille Zavatta et fils sont sur les terres haguenauviennes depuis le 3 août avec leurs animaux en dépit d'une demande d'implantation que la Ville leur avait refusée.
Michel Wendling, secrétaire général adjoint des services de la Ville, le confirme : "Ils nous avaient bien envoyé une demande d'autorisation d'occuper le domaine public et d'exploiter le cirque sur Haguenau. Demande que nous avions refusée dans la mesure où la période n'était absolument pas adaptée. Nous avons déjà beaucoup d'évènements estivaux, notamment le festival du Houblon et c'est ce qui a motivé notre refus".
Début août 2022, le cirque Achille Zavatta et fils décide de faire étape malgré tout à Haguenau. Dans un premier temps, les circassiens s'installent sans autorisation sur un terrain privé chez un agriculteur engendrant quelques remous. Ils sont alors conduits sur un terrain appartenant à la Ville qui décide d'enclencher une mesure auprès du tribunal administratif de Strasbourg visant à demander leur évacuation.
Bientôt la fin des cirques avec animaux sauvages
Selon Jessy Gagniac, co-directeur du cirque Achille Zavatta et fils, l'origine de ce refus d'accueil est ailleurs : "La mairie refuse les cirques avec les animaux sauvages. Or, la loi n'est pas encore appliquée. Elle ne le sera qu'en 2028".
Michel Wendling, secrétaire général adjoint des services de la Ville reconnaît qu'en arrière-plan il y a bien cette idée que les cirques avec animaux sauvages ne sont plus en odeur de sainteté : "On a bien en tête que l'échéance est fixée en 2028 mais si on peut déjà accompagner un certain nombre de cirques pour aller vers une offre un peu différenciée, on ne va pas s'en priver". Il ajoute que des animaux en pleine chaleur dans des cages, "cela n'est pas la meilleure des choses".
Pour Jessy Gagniac, cette loi interdisant d'ici six ans les cirques avec animaux sauvages, c'est un "couteau planté dans le coeur". Il le sait, les circassiens qui travaillent avec des animaux sauvages vont devoir se préparer à une nouvelle vie. En attendant, il faut travailler : "Avec le Covid, on est déjà resté deux ans sans travailler; aujourd'hui, on ne peut plus se le permettre. On ne peut pas rester sur les routes. On a 40 animaux, 30 personnes" . Jessy Gagniac a besoin de faire tourner son entreprise.
Le circassien insiste en outre sur le fait qu'il est en règle : "On a toutes les autorisations nécessaires, les certificats de capacité, les droits d'ouverture, les vétérinaires traitants. Nos animaux sont en parfaite santé."
2028 et encore beaucoup de questions
En 2028, la loi interdira définitivement la présence d'espèces sauvages dans les cirques itinérants. Pour l'instant, Jessy Gagniac n'arrive pas à s'y résoudre : "On nous a dit qu'il y aura des parcs et des enclos pour accueillir nos animaux; mais pour l'instant, rien n'est encore fait. On ne sait pas ce que nos animaux vont devenir. Nos animaux sont nés en captivité sur plusieurs générations. On les nourrit au biberon. Si c'est pour les interdire et qu'ils se retrouvent dans des enclos trop petits et sans contact avec personne, ça n'ira pas".
En attendant, le cirque Zavatta donne deux représentations par jour dans un chapiteau rempli aux deux tiers. Pas sûr que la décision du tribunal administratif n'intervienne avant leur départ prévu la semaine prochaine. Direction : Colmar.