Le tribunal correctionnel de Paris rendra son délibéré ce jeudi 10 octobre dans le cadre du procès de l'accident du TGV d'Eckwersheim. Survenu le 14 novembre 2015, le déraillement a causé la mort de 11 personnes et fait 43 blessés. Deux hommes encourent de la prison et trois entreprises, dont la SNCF, pourraient avoir à payer de lourdes amendes.
Presque neuf ans plus tard, les victimes et proches de victimes de l'accident du TGV d'Eckwersheim du 14 novembre 2015 connaîtront enfin l'épilogue de la procédure judiciaire ce jeudi 10 octobre. La 31ᵉ chambre du tribunal correctionnel de Paris rendra son jugement dans l'après-midi.
Lors du procès long de neuf semaines qui a eu lieu au printemps dernier, le procureur de la République a demandé que cinq des six prévenus soient déclarés coupables d'homicides et blessures involontaires par "maladresse, imprudence, négligence ou manquement à une obligation de sécurité". Il avait notamment insisté sur la responsabilité de l'entreprise en charge des essais, Systra, ainsi que sur celle de la SNCF.
Le parquet a requis un an d'emprisonnement avec sursis pour le conducteur du train, deux pour son collègue chargé de lui indiquer les points de freinage. Il a en revanche demandé la relaxe pour un troisième homme chargé de signaler au conducteur les particularités de la voie. Le procureur a estimé qu'il n'avait joué aucun rôle dans le freinage trop tardif à l'approche de la courbe.
11 morts, 43 blessés et un traumatisme éclipsé par les attentats
Le déraillement du train et la dislocation de la rame sont "dus à un freinage tardif avant d'entrer dans une courbe" avait indiqué le procureur dans son réquisitoire. Le TGV a en effet abordé la courbe à 265 km/h alors qu'il est prévu une vitesse à 176 km/h à cet endroit. Il a déraillé à une vitesse de 243 km/h, provoquant la mort de 11 personnes et en blessant 43. L'enquête a établi que ni le matériel ni la voie ne pouvaient être mis en cause. Le procureur a par ailleurs réclamé 225 000 euros d'amendes contre Systra et deux fois 200 000 euros contre la SNCF.
De son côté, la défense a plaidé la relaxe, estimant que ce serait "manquer de respect au tribunal et aux parties civiles" que de "plaider coupable sans y croire".
L'accident avait eu lieu le 14 novembre 2015, au lendemain des attentats du Bataclan et du Stade de France à Paris. Ce souvenir avait plané sur toute l'audience au printemps dernier. "J'avais pris de ses nouvelles le soir des attentats pour savoir s'il allait bien, c'est notre dernier échange", confesse un autre proche de victime.