Schiltigheim : soupçons de maltraitance à la Maison de retraite de l'Aar

Plusieurs dysfonctionnements ont été signalés dans cet établissement bas-rhinois. Les témoignages que nous avons pu recueillir ont de quoi interroger et font froid dans le dos.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

La Maison de l'Aar à Schiltigheim est un établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes de 105 places. Cet EHPAD appartient à ORPEA, un groupe côté en bourse qui se porte bien; la référence en Europe dans la prise en charge de la dépendance... Tous les gages de bien-être semblent donc être réunis.

Seulement tout le monde ne partage pas cet avis. Nous avons été contactés par du personnel et des familles désemparées et les témoignages sont pour le moins surprenants. Une femme raconte par exemple que certains résidents "étaient changés une fois par jour pour économiser les couches" ou qu'il n'y avait pas assez de compléments alimentaires, ce qui "pouvait provoquer de la dénutrition" chez certains pensionnaires. Une autre témoin raconte qu'elle a "découvert des pansements qui dataient de déjà plus d'une semaine". Nous avons tenté d'en savoir plus et sollicité à plusieurs reprises la direction, mais le refus a été catégorique lorsque nous sommes parvenus à joindre un responsable par téléphone.
Des images de l'intérieur de la maison de retraite, tournées avec un téléphone, nous ont aussi été envoyées. On peut y voir une résidente qui tombe et reste à terre. Il n'y a pas de personnel pour lui venir en aide. Tous les témoignages que nous avons recueillis insistent sur un manque récurrent de personnel dans des étages où vivent des gens qui n'ont souvent plus leur tête. "Une soignante (qui) se retrouve toute seule pour donner à manger, pour coucher et changer ses dix résidents", raconte cette femme. Un homme raconte que lors d'une visite à l'heure du déjeuner, il a vu un ou deux salariés pour "quinze personnes dans des situations difficiles" si bien qu'à côté de lui quatre résidents ne pouvaient pas manger faute d'aide. Il n'y aurait plus assez d'infirmiers pour la distribution des médicaments, raconte cette autre témoin, ce sont donc "les aide-soignantes qui distribuent, ajoute t-elle, et elle ne savent pas toujours "à qui donner quoi".

Plusieurs dysfonctionnements ont été signalés dans cet établissement bas-rhinois. Les témoignages que nous avons pu recueillir ont de quoi interroger et font froid dans le dos.
En six ans, douze directeurs se seraient succédés à la maison de l'Aar. Un turn over relevé par l'Agence régionale de santé (ARS), responsable de la sécurité sanitaire des EHPAD. Suite à cinq réclamations et sept signalements, l'agence a diligenté une inspection de l'établissement, le 22 décembre dernier. René Nething, le délégué territorial de l'agence, souligne qu'un rapport notifiant des dysfonctionnements a bien été transmis à la Maison de l'Aar. Il s'accompagne de recommandations dont l'établissement devra tenir compte dans les prochains temps.

Le rapport final a été établi le 6 juin 2016, mais depuis, une salariée que nous avons rencontrée n'a pas constaté d'amélioration. Lorsqu'elles osent réclamer sur les conditions de vie, des familles nous ont affirmé que la direction les menaçait de rompre le contrat et de mettre leur proche à la porte. A la maison de l'Aar, il faut compter 3200 euros par mois en moyenne par personne. Un montant qui pourrait justifier une fin de vie confortable et sereine.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information