"Chanson d'amour", c'est une histoire de famille. Celle d'un fils qui tente de comprendre pourquoi ses parents sont fans d'un genre de musique a priori ringard, la Volksmusik et en particulier du duo autrichien, Mario et Christoph. En Alsace, le réalisateur jette un regard attendrissant sur ses parents vieillissants.
Raymonde et Jean-Martin, un couple d'Alsaciens à la retraite, ne manqueraient pour rien au monde une occasion de se rendre aux concerts et festivals de Mario et Christoph anciennement Alpentrio Tirol. Raymonde est d'ailleurs la présidente du fan club alsacien. Chanson d'amour, c'est le cheminement d'un réalisateur qui voudrait bien comprendre l'amour de ses parents pour ces étonnantes musiques. Un documentaire tout en humour et en simplicité. Voici trois bonnes raisons de regarder Une chanson d'amour, d'Hervé Roesch produit par France Télévisions et Ana Films.
Pour découvrir ce qu'est la Volksmusik
"Une pincée d'émoi, un refrain facile à retenir, le tout recouvert d'une musique joyeuse et entraînante", voici la recette secrète de la Volksmusik. Elle fait appel aux sentiments que chacun d'entre nous ressent : l'amour, la joie, la tristesse ou encore la mélancolie. Ces chansons tyroliennes à première vue kitsch et ringardes semblent tout droit sorties de la fin des années 1970. Mais ces mélodies traditionnelles aux accents de jazz, de disco et de folk font véritablement partie du folklore local. L'accompagnement, plutôt simple, repose sur des guitares, des accordéons et des luths.
Les paroles, "surchargées de bons sentiments" tournent autour d'un même thème : la heimat. Ce terme allemand difficilement traduisible représente "le pays intérieur que l'on porte chacun au fond de nous, à notre manière", un endroit forcément idyllique. La Volksmusik, c'est enfin le rêve tyrolien avec des montagnes à perte de vue près de lacs purs et sauvages. Un endroit paisible où les bouquetins se promènent en liberté dans les alpages verdoyants.
Pour comprendre la fan-attitude
"La vraie surprise, c'est de voir ma mère métamorphosée, plus pimpante que jamais, les joues rougies d'émotion." C'est de ce constat que part le réalisateur. A la fête d'anniversaire de sa mère, il y a bien des années, il se surprend à trouver sa mère rayonnante de bonheur à l'arrivée de son groupe préféré. Tout a commencé lorsque les trois enfants sont partis de la maison. Ce fils mène l'enquête et révèle finalement la clé de l'énigme : la musique "agit comme un puissant remède à la mélancolie. L'espace d'un instant, on décolle, on s'envole et on laisse tous les tracas derrière soi. Tout paraît alors simple, évident."
Et puis, il y a ce fan-club et cette formidable cohésion entre ses membres. Raymonde prend son rôle à cœur et ne manque pas de faire signer des cartes postales à Mario et Christoph "pour les personnes hospitalisées" du fan-club, "avec des vœux de bon rétablissement. Cela leur fait tellement plaisir." Elle s'occupe aussi de la billetterie, une véritable organisation.
Pour voir l'amour que porte un fils à ses parents
Même si le réalisateur a eu du mal à trouver sa place au sein de cette famille, la passion embarrassante de ses parents qui lui faisait honte lorsqu'il était plus jeune, s'est transformée en véritable fierté. Dans ce documentaire, on sent tout l'attachement et l'amour qu'il porte à ses parents, vieillissants. Les voir heureux et épanouis, c'est tout ce qui compte. Même si le réalisateur se considère comme pudique, il se livre corps et âme dans son film documentaire. Il aime profondément sa mère avec qui il a "une relation privilégiée". Elle est "sa confidente, celle sur qui il peut compter, celle qui lui a insufflé sa force et sa vitalité."
"Je suis devenu réalisateur grâce à mon père, confie le réalisateur, il a su trouver un terrain fertile, peut-être pas celui qu'il imaginait, en tout cas la petite graine a pris racine et c'est bien lui qui l'a plantée." Hervé Roesch ne serait définitivement pas le même sans ses parents. Ce film, il est pour eux.