Ce mardi 3 mai 2022, Jean-Marc Reiser comparaissait devant le tribunal correctionnel de Strasbourg pour subornation de témoin. Il a été condamné à six mois de prison pour avoir demandé à son ex-compagne de changer sa version des faits devant la cour d'assises du Bas-Rhin.
Jean-Marc Reiser, accusé du meurtre de Sophie Le Tan en 2018, a été condamné à six mois d'emprisonnement pour subornation de témoin. Le tribunal a jugé que l'homme de 61 ans avait tenté de faire pression sur son ex-compagne pour qu'elle change sa version des faits lors du procès de l'affaire Le Tan, qui se tiendra fin juin.
C'est la première fois depuis son incarcération en 2018 qu'on voyait Jean-Marc Reiser en public. Des aveux de son ex-compagne présente au palais de justice de Strasbourg, "il a pris un coup de vieux". L'homme, auparavant costaud, apparait dans le box des accusés aminci, et le crâne dégarni : "J'ai l'impression d'être au procès de Johnny Depp et Amber Heard", a-t-il glissé en découvrant la salle pleine.
Pull kaki sur les épaules, Jean-Marc Reiser enlève ses lunettes en arrivant dans le box, puis son masque au moment de prendre la parole. Le ton est calme, assuré. L'homme de 61 ans regarde beaucoup autour de lui, et surtout l'audience, dans laquelle est présente son ex-femme. À tel point d'être rappelé à l'ordre par la présidente.
Une lettre pour faire pression avant le procès fin juin ?
Au cœur des débats, une lettre que Jean-Marc Reiser a fait parvenir à son ancienne compagne en août 2021. Une lettre dans laquelle il relate très précisément les déclarations faites par son ex-femme à la police dans l'affaire Le Tan, lui qui a eu accès au dossier. L'homme accusé du meurtre de la jeune étudiante relève des incertitudes : "Il faut être certain à 200% de ce qu'on dit. [...] Je crois indispensable de te rafraîchir la mémoire", peut-on lire dans ce courrier. Plus loin, Jean-Marc Reiser a souligné cette phrase : "Tu auras l'occasion de changer ta version des faits (lors du procès Le Tan, ndlr)"
"Mon but, c'était de la mettre face à ses contradictions, je n'ai rien inventé, s'est-il défendu, en s'exprimant beaucoup avec les mains. Dans ce courrier, j'ai voulu dire qu'elle avait été influencée par les policiers."
Un courrier différent des autres
Jean-Marc Reiser avait l'habitude d'envoyer des courriers à son ex-compagne, sans qu'elle ne lui réponde : "Mais celui-là, il était différent", explique celle qui a vécu avec lui pendant huit ans. D'après l'accusation, l'enveloppe ne comportait pas de timbre, et Jean-Marc Reiser aurait demandé à sa mère de déposer le papier après lui avoir transmis lors d'une visite au parloir. Ce que l'accusé conteste.
Son ex-compagne a pointé la double personnalité de l'homme : "Il peut être très violent et avoir des pulsions de colère pour des conneries, mais aussi être débrouillard. Il m'a beaucoup aidé pendant cette période." Pendant qu'elle explique la crise de colère de Jean-Marc Reiser pour un steak mal cuit, on devine un sourire sous le masque de ce dernier.
Reiser fera appel
Pour le parquet, qui a requis un an de prison contre l'accusé avec interdiction de tout contact avec son ex-compagne, l'intention de la lettre est évidente : influencer le témoignage.
L'homme de 61 ans est finalement condamné à six mois d'emprisonnement et devra verser un euro symbolique à son ex-compagne pour réparation du préjudice moral. D'après son avocat, Jean-Marc Reiser a de fortes chances de faire appel de la décision du tribunal.
Concernant l'affaire du meurtre de Sophie Le Tan, le procès se tiendra du 27 juin au 8 juillet devant les assises du Bas-Rhin.