Après 2 mois d'absence, les célébrations collectives pourraient reprendre dans les édifices religieux. Le Conseil d'Etat a ordonné la levée de l'interdiction de réunion dans les lieux de culte. Mais pour certains responsables religieux, les conditions de sécurité ne sont pas encore réunies.
L'église catholique se réjouit. Il y aura peut-être, au plus tôt, une messe pour la Pentecôte le 31 mai et ce après plus de deux mois sans célébration dans les lieux de culte, excepté pour les cérémonies funéraires. L'archevêque de Strasbourg, Mgr Luc Ravel est soulagé."Nous ne sommes pas à l'origine de cette saisine du Conseil d'Etat, mais nous sommes prêts à reprendre nos célébrations". Le Conseil d'Etat a ordonné la levée de l'interdiction de réunion dans les lieux de cultes ce lundi 18 mai, décrétée dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire, jugeant la mesure disproportionnée.
Une interdiction qui avait du mal à passer dans les instances religieuses. D'autant que depuis le 11 mai, les réunions de moins de 10 personnes sont autorisées et les salons de coiffure, librairies et autres commerces ont pu rouvrir. "Qu'est-ce que cela signifie? Les responsables religieux sont incapables ou irresponsables? Ils ne peuvent organiser leur culte en fonction des conditions sanitaires? Cette interdiction était une véritable injustice, une discrimination" s'insurge Mgr Ravel.
Le diocèse de Strasbourg travaille depuis des semaines à la reprise des célébrations et à la mise en place d'un protocole sanitaire stricte. Un espace de 4m2 sera obligatoire entre chaque fidèle, le port du masque vivement conseillé et du gel hydroalcoolique sera mis à disposition à l'entrée des édifices religieux. "Nous avons aussi réduit le nombre de fidèles lors des célébrations, pas plus de 150 personnes, même à la cathédrale où l'espace ne manque pas. Ce n'est pas tant une question d'espace mais plus pour une question de gestion de flux" précise l'archevêque.
Des offices sur le net
L'ordonnance du Conseil d'Etat est également saluée par le président de l'Union des églises protestantes d'Alsace et Lorraine, Christian Albecker. Pour autant, pas de reprise prématurée des célébrations prévue chez les protestants. "Nos églises n'ont jamais vraiment fermé. Nous en avons laissé certaines ouvertes pour que les fidèles puissent se recueillir individuellement. Nous vivons une période unique. Nous organisons des offices via internet ou par téléphone. Les fidèles nous manquent mais nous nous sommes accommodés à cette période inédite".
Office de la paroisse protestante de Wangen-Marlenheim-Nordheim sur Facebook le 17 mai.
Les églises protestantes tablent davantage sur une reprise des célébrations habituelles autour du 2 juin, date d'un possible d'un assouplissement des mesures sanitaires.
"Chavouot, la Pentecôte juive, compromise"
Même son de cloche dans la communauté juive alsacienne. Le grand rabbin de Strasbourg, Harold Weil, se dit "satisfait de la décision du Conseil d'Etat". Selon le responsable religieux, l'institution a fait son travail en reconnaissant la discrimination subie par les cultes avec l'interdiction de réunion. "Nous, les cultes, avons payé pour le rassemblement évangélique en février à Mulhouse. C'est ridicule. Personne n'a souhaité ce qu'il s'est passé et encore moins les organisateurs de l'événement. C'est injuste de les rendre responsables. De nous rendre responsables." Le grand rabbin réfléchit à l'élaboration d'un protocole sanitaire d'accueil à la synagogue de Strasbourg. L'établissement qui peut accueillir plus de 1.000 personnes chaque jour. "Bien sûr que j'aimerais pouvoir ouvrir le centre communautaire mais tant que je ne peux pas assurer la sécurité de mes fidèles, je ne me risquerai pas. A l'heure actuelle, je ne peux pas encore me prononcer sur une réouverture des lieux. "Autre question en suspens : le weekend de Chavouot, la pentecôte juive. Fête importante qui rassemble de nombreux fidèles durant deux jours (du 30 au 31 mai). Une fête compromise. "Il est encore trop tôt pour confirmer l'ouverture de la synagogue pour Chavouot. Attendons la fin du mois de mai, nous aurons trois semaines de recul pour évaluer la situation en Alsace, mais c'est sûr ce Chavouot 2020 sera différent des années précédentes , regrette Harold Weil, "je préfère être trop précautionneux que pas assez".
"Nous ne voulons pas être un vecteur du virus"
Une première chez les musulmans, l'Aïd-El-Fitr, la fête qui marque la fin du ramadan et qui devrait avoir lieu le dimanche 24 mai, se fera à la maison. La grande mosquée de Strasbourg ne devrait pas ouvrir dans les prochains jours même si l'interdiction de réunion dans les lieux de culte est levée. "Nos fidèles prient sur des tapis, 5 fois par jour, comment désinfecter les 2000m2 carrés de notre mosquée tous les jours, 5 fois par jour?" interroge le président de la grande mosquée Said Aalla. Le responsable de l'édifice religieux qui se trouve confronté à de nombreuses contraintes. « Pour la prière du vendredi près de 1500 personnes viennent prier ensemble. Si nous devions ouvrir en respectant les mesures de sécurité nous ne pourrions accepter que 375 personnes dans l’enceinte de la grande mosquée. Que vais-je dire au 376e ou 377e fidèle qui se présentera? C’est compliqué. »La grande mosquée qui s'est organisée également et propose à ses fidèles des lectures coraniques via Facebook.
Ne pas prendre de risque inconsidéré : la grande mosquée invite ses fidèles à poursuivre leur pratique chez eux en famille. "Notre priorité reste la sécurité de nos fidèles et des autres. Nous ne voulons pas être un vecteur du virus en nous rassemblant à la grande mosquée. D'autant qu'en Alsace nous avons déjà payé un lourd tribut et le virus circule encore. "
