En marge de la manifestation contre la réforme des retraites du 28 mars 2023, qui a réuni entre 6.500 et 15.000 à Strasbourg, des dégradations ont été commises sur du mobilier urbain et des banques. Ces tensions inquiètent plusieurs commerçants qui craignent pour leur chiffre d'affaires.
À l'appel de l'intersyndicale, plusieurs milliers de manifestants se sont mobilisés dans toute la France, le mardi 28 mars, contre la réforme des retraites. Entre 6.500 et 15.000 personnes ont défilé dans les rues de Strasbourg, dont beaucoup d'étudiants et de jeunes actifs.
Après deux heures de manifestation qui se déroulait dans le calme, un groupe de jeunes vêtus de noir s'est séparé du cortège syndical pour se diriger vers l'avenue des Vosges. Les premières tensions ont éclaté au niveau de la place Sébastien Brant où de nombreux tirs de gaz lacrymogènes ont été constatés.
En parallèle, d'autres cortèges sauvages se sont formés, notamment au niveau de l'arrêt de tram Gallia dont les vitres ont été brisées. Les manifestants dissidents ont poursuivi en direction du secteur de l'Esplanade.
Des dégradations commises sur l'arrêt de tram Observatoire, divers panneaux publicitaires, dont les écrans numériques de JC Decaux.
11 personnes interpellées, 4 policiers blessés
Aux alentours de 18h, plusieurs casseurs ont brisé les vitres des arrêts de bus situés rue de Zurich et place d'Austerlitz. Des poubelles ont été incendiées à l'angle de la rue des Bateliers.
Par la suite, les tensions se sont décalées au niveau du campus où des banques alentours ont été visées par des tirs de projectiles par plusieurs jeunes cagoulés. Les forces de l'ordre, de leurs côtés, ont tiré plusieurs grenades lacrymogènes en direction du groupe de manifestants.
Selon la préfecture de police du Bas-Rhin, 11 personnes ont été interpellées et quatre policiers ont été blessés. Du côté des manifestants, plusieurs personnes ont été prises de crises d'asthme et ont été blessées légèrement (entorses) suite aux charges des CRS et de la BAC, selon le syndicat Alternative Etudiante Strasbourg (AES).
Un membre du service d'ordre de l'intersyndicale a lui aussi été blessé lors de la fin de la manifestation déclarée au niveau de République. "Une lacrymo lui est tombé sur la tête, on peut donc se questionner sur l'usage d'une grenade sur une personne qui assure la sécurité des manifestants", affirme Simon, président de l'AES.
Des commerçants inquiets face aux dégradations
Avenue de la Forêt noire, proche de la place Sébastien Brant où des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre ont eu lieu, certains commerçants sont soulagés de ne pas avoir été la cible de projectiles. Ils craignent néanmoins pour leur chiffre d'affaire. "Plusieurs clients ont pris peur hier et sont venus se réfugier dans la boutique. Mais ce qui m'inquiète, c'est qu'ils ne viennent plus du tout dans l'établissement les jours de manifestations", déplore une des vendeuses de la pâtisserie Ziegler.
Un peu plus loin, la gérante d'un bureau de tabac soutient la contestation, mais craint qu'il y ait d'autres débordements plus conséquents. "Pour l'instant, je n'ai pas été touchée, je touche du bois. Mais j'espère que les choses s'apaiseront, ça ne fait pas plaisir à voir toutes ces dégradations", indique-t-elle.
Lorsqu'il y a une manifestation, les trams ne circulent plus et les riverains ne sortent plus, j'ai donc moins de clients
Gérard, commerçant dans le secteur Esplanade
Au niveau du campus universitaire, Gérard, un autre commerçant indépendant, espère que les prochaines manifestations ne feront pas chuter davantage son chiffre d'affaires. "Lorsqu'il y a une manifestation, les trams ne circulent plus et les riverains ne sortent plus. J'ai donc moins de clients et c'est un réel problème", affirme-t-il.
Hormis les mobiliers urbains, ce sont les banques qui ont été visées à plusieurs reprises par des tags et des lancés de pavés. Devant la Banque Populaire, allée Jean-Pierre Levy, les employés constatent les dégâts. "10 à 15 jeunes cagoulés ont jeté des pierres sur la devanture vers 18h. J'étais en rendez-vous avec un client, j'ai eu vraiment peur", affirme l'une des conseillères. "Ça n'a duré que quelques secondes, mais c'était traumatisant. J'ai même eu du mal à m'endormir hier. On a vraiment cru que des pavés allaient atterrir sur nous à l'intérieur", se rappelle son collègue.
Une prochaine journée de mobilisation est prévue par l'intersyndicale le jeudi 6 avril. Plusieurs commerçants et banques réfléchissent à se barricader, comme cela est fait sur certaines boutiques proches de la place de l'Homme de Fer et rue de la Division Leclerc.