Deux rassemblements ont réuni plusieurs centaines de personnes samedi 10 octobre 2020 à Strasbourg. Les uns pour s'opposer au projet de loi de bioéthique qui ouvre la PMA à toutes les femmes, les autres pour le soutenir. Ils nous exposent leurs arguments.
 

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"Liberté, égalité, paternité": des manifestants opposés au projet de loi bioéthique, dont la mesure phare est l’ouverture de la procréation médicalement assistée à toutes les femmes, se sont rassemblés dans plusieurs villes de France, samedi 10 octobre 2020. A Strasbourg, ils étaient près de deux cents réunis en fin de matinée devant la Préfecture, répondant à l'appel du collectif d'associations Marchons Enfants.

"On défend le droit de l’enfant, non pas le droit à l’enfant à tout prix. On ne peut pas d’un côté, allonger le congé paternité des pères et de l’autre, promouvoir la PMA sans père. C’est une déviance", martèle Amélie Michel, Membre de l’Alliance Vita et Porte-parole de la manifestation.

"Ce texte franchit les lignes rouges en matière de bioéthique. La recherche sur les cellules souches embryonnaires humaine va notamment changer de cadre législatif. Il faut que les concitoyens se rendent compte de ce qui est débattu au parlement", affirme quant à lui le député LR du Bas-Rhin Patrick Hetzel, membre de la  commission spéciale bioéthique à l’Assemblée Nationale.
 

Voté le 1er août en deuxième lecture à l'Assemblée nationale, le projet de loi doit être examiné au Sénat. En attendant ses opposants comptent bien peser sur les débats, tous comme ses soutiens.  Pour "éviter la monopolisation de la parole", en réaction, douze associations et collectifs féministes appelaient parallèlement à une convergence. En début d’après-midi,  une cinquantaine de personnes se sont retrouvées place Kléber, drapeau LGBT et pancartes en main, sur lesquelles on pouvait notamment lire "les voies de votre bêtise sont impénétrables".

Des militants qui pour la plupart aimeraient que le projet de loi aille encore plus loin, permettant aussi d’ouvrir la PMA aux personnes transgenres. "Ce n’est pas pour toutes les femmes, c’est pour toutes et tous dans le sens où il y a aussi des personnes transsexuelles et non binaires qui sont capables d’avoir des enfants. C’est important que tous puissent avoir accès à la PMA", insiste l’un deux.
 

Bioéthique et bouleversement sociologiques

Au cœur des débats, c’est donc la question du schéma structurant de la famille qui est posée. Un père et une mère, est-il le modèle familial ? "Je suis persuadée qu’une femme peut élever seul un enfant mais il est évident que pour un enfant, la présence d’un père et d’une mère est l’idéal de ce que l’on peut apporter", défend l'une des membres de l'Alliance Vita.

"C’est un crachat au visage de toutes les mères célibataires. Ces femmes existent pour plein de raisons. Divorce, veuvage, peu importe. Du côté des couples lesbiens et homosexuels peuvent prouver que non, il n’y a pas besoin d’avoir un papa et une maman pour avoir des enfants", avance Claire, féministe.
 

Après la PMA, la GPA ?

Derrière le projet de loi de bioéthique, les anti-PMA voient aussi se dresser le spectre de le GPA, la gestation pour autrui. Une suite logique, selon eux, à ce qu’ils considèrent comme une "révolution de la filiation et de la reproduction" non souhaitable. "On arriverait à un extrême en laissant l’enfant devenir une marchandise. Toute femme serait susceptible de devenir un magasin, en permettant derrière, des transactions financières importantes et choquantes. La vie ne se marchande pas", affirme Julien, père de famille, membre du cortège Marchons Enfants.  
 

Dans le camp opposé en revanche, on s’efforce d’affirmer que chacun est libre de disposer de son corps. "Il y a certaines personnes qui sont totalement d’accord pour porter l’enfant de quelqu’un d’autre et le donner ensuite. Je ne vois pas pourquoi ces personnes-là ne pourraient pas faire ce choix", répond une militante LGBT.

Outre l’accès à la PMA, le texte prévoit aussi la réforme de la filiation et de l’accès aux origines, et aborde nombre de sujets complexes comme l’autoconservation des ovocytes ou la recherche sur les cellules souches embryonnaires. Loin de mettre tout le monde d’accord, il arrivera au Sénat à une date non encore fixée. Probablement à la fin de l'année ou début 2021.
 
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