Ce sera la quatrième évacuation de ce campement de réfugiés installé place de l’Etoile, au pied du centre administratif de Strasbourg (Bas-Rhin). Le tribunal administratif ordonne l’expulsion de ses occupants dans un délai de huit jours.
C'est un scenario qui se répète inexorablement à Strasbourg (Bas-Rhin) : dans les prochains jours, les quelques tentes qui ont élu domicile de fortune place de l'Etoile vont être évacuées. Ordre en a été donné le 7 août par le juge des référés du tribunal administratif de Strasbourg qui "enjoint aux personnes qui occupent sans droit ni titre, avec leurs biens, la dépendance du domaine public constituée des parc de l'Etoile/place de l'Etoile à Strasbourg, de libérer les lieux dans un délai de huit jours [...]".
Cette injonction fait suite à une requête déposée par la Ville de Strasbourg (voir notre article), en sa qualité de propriétaire des terrains occupés, le 21 juillet dernier. Pour justifier sa demande, elle mettait notamment en avant le caractère d'urgence lié à la situation : "L'urgence tient au contexte de précarité et d'insécurité, aggravées en raison de la présence d'enfants sur le site ; la dignité des intéressés est en péril".
La justice a autorisé la municipalité à avoir recours à la force publique si le campement n'a pas été évacué dans les huit jours suivant la date de l'ordonnance, que l'on peut consulter dans son intégralité ci-dessous.
"Ici, c'est moins pire"
C'est la quatrième fois qu'une telle opération d'expulsion est ordonnée autour de ce terrain en un peu plus de douze mois. Déjà en juillet 2022, puis en décembre 2022 et plus récemment, le 23 juin dernier, les personnes ayant trouvé refuge dans ce quartier de Strasbourg avaient été évacuées. Des démantèlements qui se sont à chaque fois déroulés dans le calme.
Mais faute de solutions d'hébergement, les tentes reviennent à chaque fois. Abritant parfois les mêmes personnes. C'est le cas de Ahmed, un Somalien en situation pourtant régulière en France, détenteur d'un titre de séjour. Avant de revenir à l'Etoile, il était parti dans un autre camp où les conditions de vie étaient, pour lui, pires : "on a été agressé par des gens qui prenaient des stupéfiants et de l'alcool. J'ai même été blessé à la hanche, raconte-t-il. Ici, il y a les bus de tourisme, des toilettes propres. Et puis avec la mairie et l'hôtel de police juste en face, on se sent plus en sécurité parce qu'il y a une surveillance."
L'une des avocates qui défend les occupants de la place de l'Etoile redoute de voir ce scenario se répéter encore et encore. "S'agissant de la décision du tribunal administratif, la question qui s'impose est la suivante : les occupants du parc de l'Etoile disposeront-ils d'une solution d'hébergement pérenne après l'évacuation du site ou seront-ils abondonnés à leur sort ?", s'interroge Me Gueddari Ben Aziza. Elle avait demandé à la justice d'accorder au moins trente jours de délais aux réfugiés pour quitter les lieux. Requête rejetée.
A ce jour, 58 personnes, vivant sous 24 tentes, sont installées sur le campement. La Ville dit prendre acte de la décision judiciaire : "le lien avec la Préfecture est établi pour effectuer cette mise à l’abri qui doit intervenir, conformément à l’ordonnance du 7 août, à l’issue d’un délai de huit jours minimum", indique-t-elle par voie de communiqué.