Malgré la vive opposition de ses 50 000 locataires, Ophéa, l’un des principaux bailleurs sociaux strasbourgeois, a voté ce jeudi 17 octobre en conseil d’administration l’augmentation de 3,26% des loyers à compter du 1ᵉʳ janvier 2025.
C’est la troisième en trois ans. Les 50 000 locataires du bailleur social strasbourgeois Ophéa verront leur loyer augmenter de 3,26% à compter du 1ᵉʳ janvier 2025. Une nouvelle évidemment très mal accueillie, depuis 2021, l’augmentation du loyer est de 11%.
Emmanuelle Voisin occupe un logement social avec quatre de ses enfants au cœur du Neuhof. Elle s’est portée volontaire pour représenter les locataires au sein de la confédération syndicale des familles, parce que, dit-elle, elle veut faire entendre sa voix et celle de ceux qu’on n’entend pas.
Et ce 17 octobre, elle est très occupée. Emmanuelle Voisin explique patiemment à ceux qui ont besoin que les loyers vont augmenter et de combien. “C’est sûr que les allocations aussi sont revalorisées, à hauteur de 3,26%, mais ça ne compense pas du tout la hausse du loyer !” Chiffres à l’appui.
“Par exemple, cette dame qui est venue me voir, va devoir débourser 29 euros de plus par mois, moins 6 euros supplémentaires d’APL, donc 23 euros restent à sa charge, plus de 300 euros par an, c’est énorme pour des familles comme les nôtres !”
Les gens ne pourront plus payer!
Emmanuelle Voisin
On vit dans des quartiers où les gens ont peu de moyens, ils vont devoir choisir entre payer le loyer ou manger. C’est inquiétant parce que tout augmente, y a plus de boucliers tarifaires, les gens ne pourront plus payer”. Emmanuelle Voisin reconnaît craindre les impayés, voire les expulsions.
Financer les réhabilitations
Ophéa, qui n'a pas répondu à nos sollicitations, justifie la hausse des loyers avec les réhabilitations en cours d’une bonne partie de son parc qui compte 20 000 logements dans tout l'Eurométropole de Strasbourg.
“Le bailleur nous explique qu’il a besoin de fonds pour pouvoir continuer à mener les réhabilitations, raconte Abdelaziz Choukri, représentant des locataires et présent lors du conseil d’administration, on peut l’entendre, mais que tout le poids financier repose sur les locataires, ce n’est pas possible, ça commence à peser trop lourd dans les bourses !”
Alors les locataires demandent le gel des loyers pour ne plus subir de hausse l’an prochain. Dans un contexte économique tendu, le taux de pauvreté n’a jamais été aussi élevé à Strasbourg : 20% de la population, contre 13% pour le Bas-Rhin, soit une augmentation de 2,5% depuis 2012.