Cérémonie du 14 juillet: 163 personnes représenteront le Grand Est à Paris, "une forme de reconnaissance" après le Covid

En cette année marquée par le coronavirus, la cérémonie du 14 juillet rendra hommage à ceux qui ont oeuvré dans la lutte contre la maladie. Parmi elles, 163 seront issues du Grand Est, deuxième région la plus touchée par l’épidémie.
 

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"Ce n’est pas tous les jours que l’on est invité par le Président de la République !" Laurent Braesch, n’en revient toujours pas. Ce directeur de deux EPAHD dans le Haut-Rhin, est l’un des 163 représentants du Grand Est conviés aux festivités du 14 juillet, à Paris.

Il n’assistera pas au traditionnel défilé des Champs-Elysées, remplacé, conséquence de l’épidémie de coronavirus, par une cérémonie militaire place de la Concorde, mais peu importe. "Nous étions demandeurs d’une certaine forme de reconnaissance. Cette invitation en fait partie", avance-t-il.

Au total, ce sont 1.400 personnes, personnels soignants, agents publics ou privés, représentants de la société civile qui se sont distingués dans la gestion de la crise sanitaire à qui le gouvernement a souhaité rendre hommage lors de la fête nationale. Les "premières lignes" dont estime faire partie Martine Philippe, hôtesse de caisse. Elle aussi figure sur la liste des invités, et elle non plus ne s’y attendait pas. "C’est un honneur. Ça me fait plaisir. Je ne m’attendais pas à être remarquée suite à mon témoignage". 

En mars dernier, l’employée d’hypermarché de Sierentz (Haut-Rhin), avait ému la France entière, en évoquant, devant les médias, les risques encourus par elle et ses collègues pour permettre à tous de se ravitailler. "Nous étions tous les jours en contact avec les personnes. Certains clients ne prenaient pas de protections", se souvient-elle. Après plus de 20 ans de métier, la-voilà prête à assister, avec une trentaine d'autres alsaciens, "à un grand moment" aux côtés de médecins, d’infirmières, d’aides-soignants, de policiers, d’employés des pompes funèbres mais aussi de familles de victimes du Covid.
 
En mai dernier, Assia Ben Aicha a perdu son mari, néphrologue à Mulhouse, contaminé par le virus. C’est entourée de ses trois enfants qu’elle se rendra à la capitale la semaine prochaine. "C’est bien de rendre hommage aux gens qui ont perdu leur vie à cause du covid", affirme-t-elle. La mère de famille y voit un symbole fort mais aussi le moyen de faire entendre la voix de ceux qui se sentent abandonnés par l’Etat. "Certaines familles n’ont pas les moyens de s’en sortir dans cette période compliquée. Or le covid, c’est aussi une maladie professionnelle, il faut que le gouvernement le reconnaisse".

"Est-ce une reconnaissance ? Non !"

Derrière le cérémonial, les traces et les leçons laissées par le coronavirus risquent de donner aux petits fours un goût amer. Yannick Gottwalles, chef du pôle urgences des hôpitaux civils de Colmar, prendra part aux commémorations parce que "ça sera la République" et "qu’on est tous quand même républicains avec des notions d’honneur qui persistent". Mais pour le reste, l’enthousiasme est modéré. "Ça reste une opération communication. Est-ce que c’est une reconnaissance particulière ? Non!"

Au-delà du symbole, le praticien voudrait des annonces en faveur de la santé. Un secteur qui, selon lui, n’a toujours pas obtenu le soutien total du gouvernement. "Il y a des priorités à mettre en avant. Si la santé ne doit pas l’être, dans ce contexte, je ne comprends plus rien. Il faut changer de paradigme, de ligne directrice. C’était l’occasion du Ségur de la santé. D’après les informations que j’ai, nous recevrons surtout des avancées au rabais", insiste-t-il. Le professionnel est remonté et il entend le fera savoir. Il a prévu d’exprimer ses observations et ses interrogations dans une lettre ouverte qu’il voudrait remettre "à qui de droit", lors d’un cocktail dinatoire donné au Grand Palais le 13 juillet 2020, à l’invitation du ministre de la santé, Olivier Véran.
 
Laurent Braesch compte également prendre la plume. "J’ai prévu d’écrire un petit texte que je glisserai dans ma poche. Si l’occasion m’est donnée, je le remettrais. L’idée c’est de dire que piloter de Paris, c’est bien, mais s’il-vous-plaît, entendez aussi ce qui se passe sur le terrain. Peut-être qu’un chargé de mission ou autre me contactera. C’est mon petit espoir", sourit-il. Le responsable d’établissement a surmonté la crise, entouré de son équipe, à laquelle il rendra hommage à Paris. "C’est le travail de toute l'équipe qui sera derrière moi". Mais le Covid ne l’a pas épargné. Dans sa structure de Dannemarie (Haut-Rhin), 17% des patients ont perdu la vie. Le médecin coordinateur est lui aussi décédé. "Nous ne sommes pas en colère mais nous sommes en état de grande fatigue physique et psychologique. Nous attendons plus d’annonces sur les conditions de travail dans les Epahd et dans les hôpitaux", concède-t-il.

Martine Philippe en a aussi des choses à dire. "Tous les petits boulots, femmes de ménage, éboueurs, nous sommes en contact avec beaucoup de monde, nous devrions être mieux payés". Elle, n’a rien imaginé. Pas de lettres, pas de discours. "Je vais aller voir comment c’est, c’est tout.  Beaucoup de collègues m’ont dit 'tu passes un message à monsieur Macron', mais je ne suis pas comme ça", assure-t-elle. À chacun son 14 juillet donc.

 
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