Les soignants et les patients de l'hôpital de Kehl, ville voisine de Strasbourg, dans le Bade-Wurtemberg, vont être soulagés dans leurs échanges, parfois complexes quand ils ne parlent pas la même langue. Une association leur a offert un traducteur instantané qui utilise l'intelligence artificielle.
" Kus on hädaolukorrad ? " demande un patient en estonien. Le petit appareil traduit en allemand en quelques secondes : " où se trouvent les urgences ?", et la personne est tout de suite dirigée vers les urgences.
Ce dialogue va devenir rapidement une réalité à l'hôpital de Kehl. Les soignants ont reçu vendredi 15 décembre un cadeau de Noël original et très utile. Un traducteur instantané, sorte de smartphone connecté, capable de traduire 100 langues, dans les deux sens, grâce à l'intelligence artificielle : soit en parlant à haute voix, soit en tapant quelques phrases, soit en photographiant un texte (ou une boîte de médicaments...).
Joëlle Suss, cadre infirmière, l'a reçu des mains de Rolf Ermerling, coprésident de l'association des amis de l'hôpital de Kehl (Förderverein Ortenau Klinikum Kehl), devant le sapin de l'entrée.
"C'est une joie de remettre ce traducteur aux soignants de Kehl", explique Gunhild Olshausen, coprésidente fondatrice des amis de l'hôpital de Kehl, une association fondée en 2008 sous l'impulsion du maire de Kehl et du directeur de l'époque. "Nous faisons chaque année un don aux soignants, ou à l'hôpital. L'objectif, c'est de faire quelque chose pour les soignants et les patients. Et aussi d'attirer l'attention des habitants sur l'importance de l'hôpital pour la ville".
C'est un besoin que nous avions depuis longtemps
Rolf Ermerling, chef-anesthésiste de l'hôpital de Kehl
Rolf Ermerling, anesthésiste et coprésident de l'association, est très content. "Cela va considérablement améliorer nos conditions de travail. Nous avons tous les jours des patients que nous avons du mal à comprendre ou qui ne comprenne pas ce que nous leur disons. Et c'est aussi important pour gagner la confiance des patients. Grâce à la transcription par écrit des échanges ou d'une ordonnance, c'est enfin une question juridique qui est réglée. C'est un besoin que nous avions depuis longtemps."
Kehl est une ville cosmopolite, de nombreux habitants ont ici une double nationalité ou sont depuis peu en Allemagne et parlent peu ou mal l'allemand. Sans compter les Français qui traversent le Rhin pour les courses, ou les touristes étrangers qui s'arrêtent une nuit ou deux avec leur bateau de croisière le long du jardin des Deux Rives.
Un AVC dans un commerce de Kehl
Joëlle Suss, cadre infirmière française, parle au quotidien dans les deux langues avec ses patients et ses collègues. "Et chaque semaine, nous prenons en charge une ou deux personnes qui a fait un AVC ou un malaise chez Lidl, Aldi ou Dm, c'est une réalité. Tous mes collègues ne parlent pas français, donc cet outil va être très utile, pour tout le temps de son séjour chez nous. Le patient ne repart à Strasbourg que quand il est stabilisé. Quant à certains patients allemands, nous les transférons parfois dans un hôpital de Strasbourg, plus proche que Lahr ou Fribourg, si c'est trop grave pour attendre."
"Quand nous avons besoin de connaître l'histoire du patient, ses antécédents, ses allergies et ses prises de médicaments, ce sera très utile", énumère Joëlle Suss."Les langues qui seraient très utiles sont l'arabe, le russe, l'ukrainien, le bulgare et le roumain, par exemple. Mais on peut toujours avoir un patient qui parle une langue qu'on ne connaît pas du tout."
Rolf Ermerling n'hésite pas à faire appel aux traducteurs bénévoles de la ville, "mais c'est une aide très limitée, ils ne sont pas disponibles 24h sur 24". Contrairement au traducteur instantané.
Les projets de l'association sont différents tous les ans. Souvent, il s'agit de distribution de pots de miel aux personnels de l'hôpital. Une année, ils ont reçu des vestes polaires. "En 2012, nous avons acheté un appareil pour réaliser des coloscopies, c'est le plus gros projet que nous avons soutenu, pour un total de 50 000 euros".
Le traducteur instantané, de marque polonaise, a coûté 400 euros. "Et il pourrait même traverser le Rhin prochainement", explique Rolf Ermerling. "Nous pourrons le prendre en cas de transfert de patient vers Strasbourg, si ce jour-là le médecin ne parle pas français, ça pourrait être d'une grande utilité."