Changement climatique : l'Eurométropole de Strasbourg se prépare aux crues et inondations à venir

Les assises nationales des risques naturels se déroulent les 13 et 14 octobre à Strasbourg. L'occasion pour l'Eurométropole de déployer son dispositif de prévention et de sensibilisation des habitants, face notamment au risque inondation mais aussi sécheresse. Parce que le réchauffement climatique c'est maintenant.

L'Alsace et l'Eurométropole de Strasbourg subissent régulièrement la colère du ciel : des pluies torrentielles qui finissent en inondations, crues et coulées de boue comme ce fut le cas notamment en 2018.

Des aléas naturels amenés à se répéter voire à s'intensifier en raison des changements climatiques. Il faut dire que le secteur est particulièrement bien doté en terme d'hydrologie : 500 kilomètres de cours d'eau avec des risques de débordement pour l'Ill, le Rhin et la Bruche.

Devant l'accroissement de ces catastrophes, les collectivités locales ont l'obligation légale de gérer les milieux aquatiques et de prévenir les inondations (compétence GEMAPI), et ce depuis le transfert de compétences effectif en 2018.

Et de ce fait, l'agglomération strasbourgeoise étant identifiée comme territoire à risque important d'inondations comme 16 autres territoires en France, l'Eurométropole a mené des études et révélé les zones à risque : 14 communes situées sur la périphérie nord et ouest sont ainsi particulièrement vulnérables aux ruissellements agricoles, 14.000 habitations et 4.400 entreprises. Sans compter les réseaux, les bâtiments sensibles et stratégiques qui pourraient être impactés.

Plusieurs plans d'action sont donc menés pour lutter contre ces risques. A commencer par la restauration des milieux aquatiques : 4,2 millions d'euros programmés pour restaurer 8,4 kilomètres de cours d'eau comme par exemple le Muhlbaechel à Vendenheim avec la création d'une zone d'expansion des crues. Trois autres sont prévues à l'horizon 2025 du côté d'Achenheim.

Pas question de travailler chacun dans son coin

"L'idée c'est vraiment à terme que la goutte de pluie s'infiltre là où elle tombe et ne ruisselle pas, en renaturant les cours d'eau, en restaurant les corridors de biodiversité", nous explique convaincu et convaincant, Thierry Schaal, vice-président de l’Eurométropole en charge de la gestion des milieux aquatiques et de la prévention des inondations.

Et pour cela, pas question de travailler chacun dans son coin. "On doit raisonner à l'échelle du bassin versant", explique encore Thierry Schaal. D'où la mise en place de conventions avec la création de syndicat mixte comme celui du bassin Bruche Mossig qui prend en charge cette gestion de la prévention des inondations pour coller au plus près des territoires.

Et cela passe aussi par exemple par l'aménagement de dispositif d'hydraulique douce (haies, fascines, bandes enherbées) pour lutter contre le ruissellement : 10 kilomètres de dispositifs sont ainsi mis en place sur le territoire de l'Eurométropole et 51 conventions ont été signées avec la profession agricole.

Voilà pour l'anticipation et tenter de réduire les impacts d'une potentielle crue. Mais il faut aussi déployer des solutions au cas où le pire arriverait. "Les inondations qui ont notamment eu lieu en Allemagne l'an dernier (et qui ont fait des dizaines de morts, NDLR) nous rappellent cruellement à quel point cela peut arriver", se souvient Pierre Ozenne, adjoint à la maire de Strasbourg en charge des espaces partagés.

C'est vrai que la dernière crue centennale à Strasbourg remonte, elle, à 1919, elle avait fait 29 morts. Alors la ville a décidé de mettre des repères un peu partout dans l'Eurométropole, une quinzaine en tout pour rappeler jusqu'où l'eau peut monter.

"Parce qu'on peut tous être acteur en cas de crue majeure, des batardeaux amovibles (barrières anti-inondations, NDLR) peuvent ainsi être installés avec l'aide de la Collectivité, les prises électriques peuvent être réhaussées", ajoute Pierre Ozenne.

Il est possible aussi de faire partie d'un dispositif d'alerte en s'inscrivant sur un listing, on est ainsi prévenu sur son téléphone en cas de crue imminente. 

Repenser l'artificialisation des sols

Enfin, il s'agit de repenser l'artificialisation des sols. "Lorsqu'un terrain est en friche, on doit se questionner sur ce que l'on peut garder en pleine terre", martèle Danielle Dambach, présidente déléguée de l’Eurométropole de Strasbourg en charge de la coordination de la transition écologique et de la planification urbaine.

"Il y a même des endroits qu'il s'agit de déminéraliser, en ville ou dans les cours d'écoles, on enlève du bitume pour replanter des zones de verdure. Et quand on aménage un espace, on peut par exemple, enlever les trottoirs, dans le cadre notamment des zones de rencontre et mettre en place des noues, des fossés dans lesquels l'eau va se stocker", précise encore Danielle Dambach.

L'eau, un enjeu décidément vital. La vice-présidente de l'Eurométropole de rappeler quelques données chiffrées. "Le nombre de jours de fortes chaleurs a été multiplié par neuf depuis 1949, (ce qui contribue à l'assèchement des sols et donc au ruissellement, NDLR) et le dernier rapport du GIEC a été très clair, l'activité humaine est en grande partie responsable".

Le nombre de jours de fortes chaleurs a été multiplié par 9 depuis 1949

Danielle Dambach

présidente déléguée de l’Eurométropole de Strasbourg en charge de la coordination de la transition écologique et de la planification urbaine

Ainsi les phénomènes pluvieux brutaux pourraient augmenter en Europe de l'Ouest, de l'ordre de +7% par degré supplémentaire de réchauffement de la planète. C'est sur ces bases que s'ouvrent à Strasbourg les 13 et 14 octobre les assises nationales des risques naturels. Deux jours, c'est un peu court mais c'est déjà ça.

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