La ville de Strasbourg (Bas-Rhin) expérimente jusqu’au 25 novembre une « ZTL » - zone à trafic limité – dans un secteur de la grande-île. Le dispositif est voué à perdurer et à être développé.
Après les ZFE (pour zone à faibles émissions), voici les ZTL, comprenez "zone à trafic limité". Comme les premières, à l’heure où les voitures thermiques sont en disgrâce, elles ont de plus en plus la cote dans certaines grandes villes européennes et françaises.
Il s’agit de secteurs dans lesquels la circulation et le stationnement ne sont autorisés que pour les résidents et commerçants installés dans le périmètre concerné. Ces restrictions peuvent s’appliquer tout le temps, certains jours de la semaine seulement ou quelques heures dans la journée.
En France, ces zones ont déjà pris leurs quartiers à Bordeaux, Grenoble et Nantes. Paris est en train d’y réfléchir. A Strasbourg, l’expérimentation est déjà en cours. Secteur concerné : l’est de la grande-île, un carré cintré au nord et à l’est par l’Ill et qui s’étend jusqu’aux rues des juifs et du dôme.
Aux abords des rues de ce secteur (dont on peut voir la carte ci-dessus), des panneaux de signalisation avec un cercle rouge entourant un rond blanc indiquent l'entrée de la zone et les horaires auxquels s’applique la restriction de circulation : entre 11 heures et 6 heures. Pendant cette plage horaire, théoriquement, seuls les véhicules autorisés peuvent circuler et stationner.
Dans les faits, la règle n’est guère appliquée par les Strasbourgeois, guère encore au courant de l’expérimentation en cours. Aucune sanction n’est pour l’heure infligée aux contrevenants. Il s’agit surtout de recueillir l’avis des habitants et commerçants du quartier, qui ont pu tester au cours de l’été 2021 une autre formule de restriction de circulation : une expérimentation de piétonisation (voir notre article sur le sujet), finalement peu concluante pour la Ville. "Le bilan était plutôt positif, constate Pierre Ozenne, adjoint à la mairie écologiste en charge de la voirie, mais les riverains se plaignaient de ne plus pouvoir accéder en véhicule jusque chez eux. »
Le compromis pourrait donc être cette ZTL. "Elle répond à cet enjeu de réduction du trafic avec l’avantage d’être plus souple qu’une zone piétonne, commente Pierre Ozenne au regard des échanges qu’il a eus avec les riverains. On peut maintenir le stationnement en voirie, permettre aux livreurs d’accéder aux magasins, aux utilisateurs des voitures en libre-partage de rentrer chez eux et aux familles d’aller s’occuper d’une personne âgée ou malade qui ne peut pas se déplacer."
C’est aussi la souplesse de la formule qui séduit la ville. La limitation du trafic dans les zones concernées peut s’adapter aux jours et aux moments où la circulation est la plus dense. Pierre Ozenne pense notamment aux parents qui viennent en voiture chercher leurs enfants dans les établissements scolaires du secteur. A ces horaires-là, la situation peut vite devenir anarchique. "Dans ces cas de figure, on peut imaginer instaurer des places de stationnement temporaires qui seraient identifiées et où les résidents n’auraient pas le droit de stationner leur véhicule", suggère Pierre Ozenne.
Reste à définir comment contrôler l‘accès dans ces zones. Strasbourg regarde pour cela du côté de l’Italie, pionnière européenne dans l’instauration des ZTL. Là-bas, les véhicules sont filtrés par des caméras de lecture de place d’immatriculation – comme cela est le cas dans certains parkings. "Avec la nécessité qu’il y ait à chaque entrée de ces zones une voie d’échappatoire pour les véhicules non-autorisés à pénétrer", précise l'adjoint.
Les Strasbourgeois sont invités à donner leur avis sur cette expérimentation d'une zone à trafic limité sur le site de l'Eurométropole de Strasbourg (y accéder ici) jusqu'au 25 novembre.