Il est auteur-compositeur, écrivain, chanteur, narrateur et homme de spectacle. Roland Engel a écrit une douzaine de livres et produit 29 disques et CD de ses propres chansons. Il partage avec nous ses "réflexions de confiné".
Roland Engel est né à Bischheim (Bas-Rhin). Professionnellement il a travaillé dans une caisse de retraite, mais en consacrant tout son temps libre à l'écriture et la composition. Tous les ans, il organise aussi deux tournées de chant dans le Bas-Rhin, avant Noël et avant Pâques. Il passe le confinement dans sa maison de Hoerdt (Bas-Rhin), avec sa compagne.
Une chanson par jour pour les amis
Depuis le début du confinement, Roland Engel passe, il l'avoue, beaucoup de temps devant son (nouvel) ordinateur pour en découvrir les fonctionnalités. Mais surtout pour offrir chaque jour à ses amis sur les réseaux sociaux l'une de ses (très nombreuses) chansons et quelques-unes de ses (encore plus nombreuses) photos. Avec son nouveau logiciel de montage, il s'amuse aussi à créer des clips, "mais sous forme de diaporama, à l'ancienne, car je n'ai pas de caméra" avoue-t-il.On a aussi besoin de beauté
- Roland Engel
En ces temps troublés, où sur les réseaux sociaux s'exprime le pire et le meilleur, il lui semble fondamental de partager autre chose que des rancoeurs, des reproches et des inquiétudes. Car "on a aussi besoin de beau, de choses agréables et d'éléments de réflexion, et pas seulement de tourner en rond", rappelle-t-il.
Morilles contre pommes de terre
Depuis le début du confinement, Roland Engel profite aussi de ce temps soudain à sa disposition pour bêcher son potager. Sans trop en connaître la finalité pour le moment, car d'ordinaire, il y plante des pommes de terre. Mais cette année, il ne sait pas où trouver des bulbes, vu que les horticulteurs ont tous dû fermer boutique. Et si la plantation ne peut avoir lieu d'ici deux à trois semaines, la récolte risque d'être compromise.Mais il a droit à son lot de consolation. Six belles morilles, découvertes par hasard sous sa bêche. Après s'être régalé, il suit les conseils d'un ami, lui disant de "couvrir la terre pour que les rhizomes ne dessèchent pas." Résultat : une seconde récolte, à quelques jours d'intervalle. Une nouvelle tentative n'a encore rien donné pour l'instant, probablement pour cause de chute des températures. Mais Roland Engel garde l'espoir de voir le thermomètre remonter, et pouvoir profiter d'une troisième récolte.
L'inspiration tarie par le coronavirus
Roland Engel vit entouré d'instruments de musique, à cordes et à vent. D'habitude, il passe beaucoup de son temps à écrire des textes ou des mélodies pour ses futures chansons, en vue des tournées qu'il propose chaque année dans le Bas-Rhin, avant Noël et avant Pâques.
Mais actuellement, le coronavirus lui en fait passer l'envie, d'autant plus qu'une personne de son entourage, atteinte par le Covid-19, est hospitalisée.Pour l'instant, je ne suis pas très inspiré pour écrire ni pour composer.
- Roland Engel
"Une troisième guerre mondiale"
Pour Roland Engel, cette crise profonde due au Covid-19 s'apparente véritablement à une guerre. "Et elle est réellement mondiale, car tous les pays sont concernés par un même adversaire. Même si, jusqu'à peu, on ignorait tout de sa nature et de la forme que prendrait le conflit."Actuellement, tous les pays du monde ont le même adversaire.
- Roland Engel
Pourtant, afin de tenir le cap durant ce confinement qui s'annonce long, il a fait le choix de "filtrer un peu les informations". Pour ne pas se laisser submerger par le flot de nouvelles anxiogènes, et aussi pour garder un peu de hauteur. Ne pas oublier que l'actualité continue aussi ailleurs, comme en Syrie, ni qu'en certains endroits "il se passe aussi de belles choses, dont on n'entend plus parler."
Les conseils "culture" pour mieux vivre le confinement
- Trois livres :
Entre deux mondes d'Olivier Norek
Et je danse aussi d'Anne-Laure Bondoux et Jean-Claude Mourlevat
Un texte écrit par Roland Engel : Des caddies pleins aux applaudissements
La situation que nous vivons induit des comportements compulsifs étranges. Tout comme beaucoup d’entre vous, j’avais tendance à les qualifier d’absurdes et d’égoïstes. A bien y réfléchir cela me semble aujourd’hui bien plus complexe, et relever, si ce n’est d’une pathologie, du moins d’une peur de manquer… peur du vide, peur de la mort, peur ancestrale. Je ne voudrais pas me lancer ici dans une philosophie de bazar. Je ne suis pas psychanalyste. Je trouve tout cela fort irrationnel. Mais de la condamnation, je penche de plus en plus vers la compassion.
Face à ce qui traduit de toute évidence une forme de détresse, je pense aux migrants confrontés à des amputations, non pas hypothétique, non pas imaginaires, mais bien réelles… maisons brûlées, amis ou membres de la famille assassinés, insécurité permanente, difficultés d’approvisionnement, de se soigner. Comment ne pas les comprendre en réalisant comment se comporte une bonne partie de la population dans la présente et pourtant bien moins dramatique situation de crise, et, s’il faut continuer la comparaison, de guerre ?
Dans certains quartiers de la ville, on a pris l’habitude de monter le soir au balcon, ou d’ouvrir sa fenêtre pour applaudir le personnel hospitalier qui reste vaille que vaille à son poste. C’est une belle initiative, car ce personnel se compose d’une foultitude de métiers qui vont de la femme de ménage aux ambulanciers, pharmaciens, aides-soignants, infirmiers, médecins, chirurgiens… et j’en passe.
Nous aurions sans doute 1000 et une raisons d’applaudir bien d’autres corps de métiers encore, sans lesquels notre confinement se transformerait vite en cauchemar… les caissières des grandes surfaces, la boulangère à son comptoir, les routiers, celles et ceux qui travaillent en usines pour que ce papier toilette, ce riz et ces nouilles… (si précieux et devenus si rares) puissent tout de même arriver jusque sur nos étagères. Pour que nous ayons de l’électricité, du gaz, de l’eau…. La liste serait sans doute longue à faire de toutes celles et ceux dont l’activité nous est indispensable et qui ne vivent pas confinés.
Et finalement, ces rencontres aux balcons, ces applaudissements, ne sont-ils aussi et surtout une manière de continuer à faire la fête ? D’aller au spectacle ? Bien des artistes n’attendent d’ailleurs plus de leur public des applaudissements, mais leur demandent « de faire du bruit ». N’est-ce pas ce que ces gens font ? Ils font du bruit. Ils signifient en quelque sorte que leur envie n’est pas de rester confinés mais de continuer à vivre, à faire la fête, à « faire du bruit » et de mettre en pratique la vieille devise qui malgré la mort du clown, veut « que le spectacle continue ».