Vers midi ce lundi 27 avril, les 240 adultes et enfants moldaves bloqués depuis le 26 avril avec leurs trois autocars sur l'aire d'autoroute de Brumath (Bas-Rhin), au nord de Strasbourg, ont pu franchir la frontière allemande pour rentrer chez eux.
Ce lundi, les près de 240 personnes de nationalité moldave et roumaine, parties de Paris pour rentrer chez elles, mais coincées dans le Bas-Rhin parce que le passage outre-Rhin leur avait été refusé, ont finalement pu traverser la frontière allemande au niveau de Roppenheim (Bas-Rhin). Repartis vers 10h de l'aire d'autoroute de Brumath (Bas-Rhin) où ils étaient coincés depuis dimanche matin, les trois autocars ont franchi la frontière à la hauteur d'Iffezheim (Bade-Wurtemberg). Là, les passagers ont encore dû subir des contrôles sanitaires, mais finalement, vers 14 heures, les trois véhicules ont pu quitter le poste frontière en direction de la Moldavie et la Roumanie.
Leurs trois autocars avaient quitté Paris samedi 25 avril vers 4 heures du matin. Les passagers, principalement des travailleurs de nationalité moldave, mais également roumaine, certains accompagnés de leurs familles, voulaient rentrer chez eux. Car sans emploi depuis le début du confinement, ils attendaient une occasion de retour depuis des semaines.
Ils ont raconté à France 3 Alsace être arrivés le samedi vers 15h à la frontière allemande, à la hauteur d'Iffezheim (Bade-Wurtemberg). Mais l'Allemagne ne les a pas laissés entrer sur son territoire, refus attesté par un document qui leur a été remis par la police d'Iffezheim.
"Ils ont vérifié tous les papiers, et on est restés là", raconte l'une des voyageuses. Bloquées à la frontière allemande, les 240 personnes ont dû passer une première nuit dans leurs autocars, à attendre. "Et après, à 6h du matin, ils nous ont dit qu'on ne pouvait pas y aller. C'est interdit parce que c'est la quarantaine." Ainsi, dimanche à partir de 6 heures du matin, les trois autocars ont repris la route pour s'arrêter une trentaine de kilomètres plus au sud, sur l'aire d'autoroute de Brumath. Les gendarmes du peloton motorisé de Schwindratzheim sont rapidement arrivés sur place pour sécuriser les lieux. La grande majorité de ces voyageurs ne portait pas de masque, et à 240 dans trois véhicules, avec souvent des enfants sur les genoux, toute distanciation sociale leur était impossible.
Les voyageurs ont donc passé une seconde nuit dans leurs autocars, sans savoir ce qu'ils allaient devenir. A la boutique de la station-service, ils ont trouvé de quoi se restaurer, ainsi que des aliments et des couches pour bébés. Et les douches et les sanitaires sont restés ouverts toute la nuit.
Ce lundi matin 27 avril, le porte-parole de la police allemande d'Offenbourg, Dieter Hutt, a confirmé à France 3 Alsace que ce refoulement était dû à deux raisons. La première est qu'après avoir traversé l'Allemagne, les bus devaient d'abord se rendre à Prague. Or, avec la pandémie, la République tchèque autorise uniquement l'entrée sur son territoire à ses propres ressortissants, ou à des étrangers qui y résident depuis longtemps, mais le transit n'y est plus possible. La seconde raison est que parmi les voyageurs d'origine moldave, beaucoup n'étaient pas en mesure de présenter un visa Schengen en cours de validité.
Pour régler la situation, il a fallu des discussions diplomatiques entre la France, l'Allemagne, la République tchèque, l'Autriche, la Moldavie et la Roumanie... D'où ce long temps d'attente.
Les voyageurs avaient dépensé 200 euros par personne adulte et 100 euros par enfant pour ce voyage. Dimanche, l'autocariste moldave, qu'ils avaient pu joindre par téléphone pour lui expliquer la situation, n'avait rien voulu entendre. Mais selon Dieter Hutt, la police allemande a saisi tout l'argent en liquide que les voyageurs ont réglé à l'entreprise de bus, car cette dernière est désormais poursuivie par le parquet de Baden-Baden - la Staatsanwaltschaft - pour avoir voulu faire entrer des personnes en Allemagne sans autorisation. De leur côté, les chauffeurs sont poursuivis pour aide à entrée illégale en Allemagne. Si le parquet ne retient pas ces motifs, l'argent (il serait question de 16.000 euros par bus) serait rendu.
Ce lundi 27 avril, après leur traversée de la frontière allemande, les trois autocars pourront enfin effectuer le trajet initialement prévu : Prague, puis selon le cas, Roumanie ou Moldavie.