Coronavirus: des médecins alsaciens veulent tester le traitement à base de chloroquine sur le personnel soignant infecté

Alors que l’usage de l’hydroxychloroquine dans la lutte contre le Covid-19 fait débat au sein de la communauté scientifique, des médecins alsaciens voudraient permettre aux soignants infectés par le virus de tester le traitement en participant à une étude nationale dédiée.
 

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"Les médecins vous demandent le droit d’aller au front et d’enfoncer la première ligne du virus". C’est le message adressé, dimanche 29 mars 2020, par un collectif de médecins indépendants à Emmanuel Macron.

A la signature, ils sont six. Six praticiens, dont quatre alsaciens, convaincus que le personnel soignant atteint par le Covid-19 devrait être traité à l’hydroxychloroquine et ainsi faire l’objet d’une étude à part entière, dont les conclusions pourraient servir la cause de l’ensemble des malades.

"Cette étude permettra de tirer dans les plus brefs délais des conclusions contribuant à apporter une solution thérapeutique fiable à tous leurs concitoyen(nes)", détaille le Groupe COVID19-LAISSONS LES MEDECINS PRESCRIRE, à travers un communiqué.
 
Alors que l'utilisation de l'hydroxychloroquine contre le Covid-19 fait débat dans le milieu médical et que des cas de toxicité cardiaque ont été signalés aux autorités sanitaires de Nouvelle-Aquitaine sur des personnes qui avaient pris la substance en automédication, l’initiative promet de faire parler.

"Les soignants sont éclairés. C’est une molécule qu’ils connaissent. Eux-mêmes peuvent être en alerte sur des symptômes qu’ils pourraient ressentir en prenant ce médicament", explique le docteur Martine Wonner.
 

"Plus de 350 soignants atteints au CHU de Strasbourg"


La psychiatre et députée LaREM de la quatrième circonscription du Bas-Rhin, est à la manœuvre pour promouvoir le projet et fourbit ses armes. "Dans les hôpitaux, on est complétement sous tension. Quand des soignants sont malades on leur demande de rester chez eux  mais on les rappelle au bout de 7 jours. On ne sait absolument pas s’ils ne sont pas encore contagieux. Avec l’hydroxychloroquine, la charge virale se négative assez rapidement. Donc nous souhaitons leur proposer en premier lieu cette possibilité", avance-t-elle encore, en précisant qu’au CHU de Strasbourg, plus de 350 professionnels seraient infectés par le virus.
 
Avec des millions de médecins, d'infirmières, de pharmaciens, engagés dans la lutte contre le Covid-19 et ses ravages en France, le réservoir des bénéficiaires potentiels est immense. Reste à faire valider le test par la Direction Générale de la Santé, consultée le 27 mars dernier. "Pour l’instant c’est silence radio", confirme Martine Wonner.


"De nombreux médecins se sont déjà administrés du Plaquenil"


Concernant le protocole, rédigé par plusieurs professeurs de médecine entre Paris, la Guadeloupe et l’Est de la France, "il est extrêmement simple", indique le professeur Jean Sibilia. "Il n’y aura pas de groupes témoins, pas de randomisation. On est dans de l’observationnel". Pour le praticien hospitalier, doyen de la faculté de médecine de Strasbourg et soutien du projet, l’intérêt sera donc scientifiquement modeste, "mais on donne la chance aux soignants de pouvoir bénéficier de ce traitement-là, précocement. C’est ça l’intérêt", reconnaît-t-il, avant d’admettre que "de nombreux médecins se sont déjà administrés du Plaquenil où hydroxychloroquine, quand ils ont été infectés. A partir du moment où on a des soignants qui ont déjà pris du Plaquenil dans une action empirique, pourquoi devrait-on laisser faire sauvagement et pourquoi ne pourrait-on pas guider cette attitude. On aura les résultats qu’on aura, mais au moins on aura essayé d’organiser un peu les choses. C’est une position de sagesse".
 
Les soignants sont-ils les cobayes idéaux ? "Ne dites pas ça", tance Martine Wonner. "La seule toxicité est cardiaque, à partir du moment où on n’a pas pris la précaution de faire un électrocardiogramme. Soit on fait prendre un risque majeur aux français depuis 45 ans et dans ce cas-là, c’est un scandale d’Etat, soit on continue à dire que ce médicament est un médicament classique, bénin, qu’on peut utiliser en élargissant la prescription aux malades du Covid-19, sous contrôle de la toxicité cardiaque éventuelle", lance-t-elle.

"Il faut être factuel, simple. On a des données de tolérance depuis 30 ans, qui montrent que ce n’est pas un produit hautement toxique. Il faut le manier avec la prudence mais ce n’est pas hautement toxique. C’est un médicament utilisé en première ligne dans de nombreuses maladies inflammatoires", avance quant à lui Jean Sibilia, avant de conclure : "on n’a pas le temps d’attendre. On veut de la rigueur des preuves, de la rapidité, de l’efficacité".

Délicate équation en pleine course contre la montre et en pleine lutte contre les dégâts d’un virus qui agite fortement la planète recherche. Le CHU de Strasbourg a fait savoir qu’il ne souhaitait pas soutenir l’étude, préférant se concentrer sur les protocoles de recherche validés par le Ministère de la Santé. "Les HUS participent déjà à l'essai européen Discovery, à la méthodologie rigoureuse et érpouvée. Nous faisons notre part du travail de recherche", explique le Professeur Danion, Président de la commission médicale d'établissement (CME) du CHU.
 
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