Coronavirus : "Tout le monde dit que je suis une dure à cuire" - Christiane, 79 ans, continue à se battre en rééducation

Après plusieurs semaines de réanimation, de nombreux patients guéris du coronavirus doivent réapprendre les gestes du quotidien avant de rentrer chez eux. Une rééducation lente, où chaque progrès est une victoire supplémentaire. Exemple au centre de réadaptation d'Illkirch-Graffenstaden (Bas-Rhin).

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En sortant de réanimation, les patients "post covid19" - comme ils sont appelés depuis le début de la crise sanitaire - ont gagné un premier combat. Ils ont vaincu la maladie et échappé à la mort. Mais ils doivent encore se battre pour retrouver leur vie d'avant. Un retour à la normale, qui passe souvent par une longue période de rééducation. Depuis trois semaines, France 3 Alsace suit l'évolution de ces personnes courageuses, au centre de réadaptation Clémenceau, à Illkirch-Graffenstaden, dans le Bas-Rhin.

"Je suis une miraculée"

À l'institut, Christiane Wurtz fait presque partie des meubles. Elle est arrivée le 2 avril, après plus d'un mois d'hospitalisation : douze jours de coma en réanimation, puis trois semaines en pneumologie. Elle n'est plus rentrée chez elle depuis le 9 mars. Pourtant, à 79 ans, elle ne se départit pas de son sourire. "J'ai fait à nouveau des progrès", se félicite-t-elle.
Christiane a dû tout réapprendre : se lever, marcher... Son travail se poursuit désormais sur un vélo adapté. En pédalant chaque jour, elle renforce ses muscles qui avaient largement fondu. Et sa détermination est impressionnante. Encouragée par sa kinésithérapeute, Alice Roques, elle fait tourner ses jambes, un peu plus longtemps à chaque fois. Le duo avance, ensemble : "Ca me fait plaisir de faire plaisir à Alice qui s'est donné beaucoup de mal avec moi. Je vois que de jour en jour, ça va mieux, mais tout n'est pas acquis. Je suis patiente".

Je n'ai jamais abandonné mon moral, je me suis toujours battue.
- Christiane Wurtz, guérie du coronavirus

La rééducation est autant morale que physique. Chaque exercice aide la septuagénaire à retrouver de l'autonomie. Le vélo l'oblige à lever ses genoux, "c'est un geste qui est très utile quand on rentre dans son lit, notamment", précise Alice Roques, aux petits soins pour sa patiente. Avant d'attraper le coronavirus, Christiane faisait ses courses elle-même et cuisinait deux fois par semaine pour ses garçons. Elle se donne les moyens de retrouver cette liberté, bientôt : "Je n'ai jamais abandonné mon moral, je me suis toujours battue. D'ailleurs, tout le monde me dit que je suis une dure à cuire. Je suis une miraculée, tout le monde me pensait condamnée", assure-t-elle, impatiente de retrouver sa famille.

"Redevenir leur mamie comme avant"

Un peu plus loin, Germaine Ernewein, 73 ans, découvre encore le centre Clémenceau. Elle y a été transférée le 5 mai, après cinq semaines en réanimation. L'intubation a fait des dégâts sur son corps. L'orthophoniste, Pierre-Olivier François, tente de les réparer. Il aide Germaine à récupérer sa voix d'origine et surtout sa déglutition. Pour l'instant, elle ne peut avaler que de la purée, mais elle aussi re-goûte peu à peu à des plaisirs simples.

C'est la première fois depuis deux mois que je bois un café.
- Germaine Ernewein, guérie du coronavirus

"C'est la première fois depuis deux mois que je bois un café, savoure-t-elle. Alors, ce matin, le café, c'était bon". Quand elle est sortie du coma, elle n'arrivait plus à ouvrir une bouteille, ni à se servir un verre d'eau. Elle est déjà capable de refaire ces gestes basiques et "prend tous les jours de l'espoir que ça revienne"
Sa famille est son moteur. Elle ne peut pas recevoir de visite, mais elle sait que son mari n'est jamais loin et prépare son retour. Sa fille l'appelle tous les jours par téléphone. "Je me bats pour mes petits-enfants, ma fille, mon arrière-petite-fille, raconte Germaine. Je me bats pour eux, pour que je redevienne leur mamie, leur grand-mamie comme avant. Je veux redevenir la femme que j'étais, toujours active." 

"On a eu peur de la perdre"

Quand l'heure des retrouvailles sonne enfin, le moment est forcément émouvant pour les familles, passées par toutes les émotions, de l'annonce de la maladie à la guérison. Pour Nordim Dikilitas et Esra Sen, c'est le grand jour : ils patientent devant l'entrée de l'institut pour ramener leur mère et grand-mère à la maison, quarante jours après l'avoir vue pour la dernière fois. 
"On a eu peur de la perdre, témoigne la petite-fille. Surtout quand elle était en réanimation parce qu'on sait que certains sortent, d'autres pas...". Pour les embrassades, il faudra encore patienter, mesures barrières obligent. Mais l'essentiel est là. Christiane, Germaine et tous les autres attendent leur tour, en poursuivant leur course de fond.
 
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