Coronavirus : à Strasbourg, l'intérim redémarre doucement depuis le déconfinement

L'intérim reprend plus vite que prévu, selon le patron de SBI, une agence de recrutement qui intervient sur Strasbourg et alentours depuis une quarantaine d'années. L'activité n'est certes pas revenu à son niveau d'avant crise, mais les signes d'amélioration sont bien là.

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SBI Intérim, 2,8 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel, intervient dans tous les secteurs d'activité : de l'industrie au tertiaire, du bâtiment à la logistique et aux transports. 120 personnes sont inscrites sur son fichier d'intérimaires, et 27 entreprises du bassin strasbourgeois font appel à ses services. Lorsque le confinement a été décrété mi-mars, la chute a été vertigineuse : seules 20% des missions ont été maintenues, celles qu'il était absolument impossible de stopper, comme l'entretien des silos à grains. 
 

L'agence elle-même a dû recourir au chômage partiel pour ses six collaborateurs. Aujourd'hui encore, le bureau, qui en temps normal voit défiler entre 30 et 40 personnes par jour, est fermé. Tout se fait à distance, par courriel et par téléphone. Mais les affaires reprennent, et beaucoup plus vite que prévu. "Dès l'annonce du déconfinement, on s'est préparé", raconte Patrice Cauet, le gérant de SBI Intérim "Et dès le lundi matin, le 11 Mai, 60% de notre planning a repris".
 

Ne plus attendre

"Il faut que ça reprenne", renchérit Sargis Hovsepyan, travailleur intérimaire "si on ne travaille pas, on n'a pas de salaire, et le gouvernement ne va pas nous payer le chômage partiel pendant un an ou deux ans". Cet Arménien de 33 est peintre en bâtiment, et notemment la peinture industrielle.

Après six semaines à la maison, il a retrouvé son chantier, à Obenheim. Ils ne sont que deux sur le site, les distances de sécurité sont donc de fait, respectées. Mais bien sûr, il dispose également de masques et de lunettes, et s'estime heureux de pouvoir à nouveau travailler.

Quelque soit le coût, il faut qu'on avance
- Cédric Graff, gérant du groupe JKL 

Après un mois et demi d'arrêt, le groupe JKL a également repris ses activités. Distribution de climatiseurs, pose et fabrication de gaines de ventilation, la quasi-totalité des équipes sont de nouveau opérationnelles, avec en renfort, une dizaine d'intérimaires. Le carnet de commande reste bien garni, avec quelques mois de visibilité. De quoi voir venir confortablement.... Mais il y a quand même un gros bémol. Les nouvelles mesures sanitaires coutent cher : masques, gels, gants, désinfectants. ce sont des frais supplémentaires, qui n'avaient pas été budgétisés lors de la passation des commandes.

De plus, les règles de distanciation ralentissent les chantiers. Cedric Graff, le gérant, estime qu'il perd une heure de travail par jour et par salarié, afin de respecter scrupuleusement les nouvelles préconisations. Ne pas se croiser, ne pas prendre l'ascenseur (ni le monte-charge) à plusieurs... Au bout du compte, le rendement en pâtit, mais il faut s'y faire. "Je suis assez tenté de dire que quelque soit le coût,il faut qu'on avance" affirme-t-il. 

Evidemment, face à la demande qui ne faiblit pas dans son domaine, il lui faudrait mécaniquement des journées plus longues, pour rattraper les retards. Mais impossible d'avoir recours aux heures supplémentaires aux conditions actuelles, dit-il. Il faudrait qu'elles ne soient pas majorées, ou alors qu'elles soient entièrement défiscalisées. Il attend donc du gouvernement plus de souplesse pour les entreprises.
 

L'artisanat reprend plus vite que l'industrie

Patrice Cauet, le gérant de SBI Intérim, qui s'efforce de trouver des compétence en fonction des besoins, se dit assez surpris de la tournure des événements. Il pensait que les industries seraient les premières à redémarrer, hors, c'est l'inverse. "Ce sont les petits métiers, et les artisans qui repartent en premier", explique-t-il, parce qu'il y a un vrai besoin. Les structures de moins de 10 salariés reprennent beaucoup plus vite que celles qui affichent plus de 50 employés. Pourquoi? Sans doute parce que les entreprises qui ont une certaine taille ne peuvent pas se permettre de reprendre, et de tout arrêter un fois de plus, en cas de deuxieme vague d'épidémie". L'heure est donc encore à la prudence.

D'ailleurs certains secteurs n'ont pas retrouvé leur dynamisme. C'est le cas du tertiaire, qui hésite à employer des intérimaires en télétravail. Il faudra sans doute patienter quelques semaines avant de constater une reprise. Et puis il y a la restauration.... Durablement et profondément impactée.

Habituellement très demandeurs en travailleurs intérimaires, "les patrons aujourd'hui ne voient aucune solution à court terme" dit-il. Mais pour Patrice Cauet "la crise va se résorber plus tôt que ce que l'on annonce. On ne va peut-être pas tout récupérer, mais il ne faut pas avoir peur. On se relève toujours. Il ne faut pas qu'on chiale sur notre sort. Il faut qu'on s'y mette, point barre!"

Savoir rebondir

Un optimisme partagé par Tunahan Altuntas, travailleur intérimaire depuis l'âge de 17 ans. Il en a 23 aujourd'hui. "A titre personnel, je n'ai pas peur" déclare-t-il "Je n'ai jamais eu de difficulté à trouver un emploi".
 

Actuellement, il travaille comme technicien de production dans une malterie. Sa mission : s'assurer que toutes les machines fonctionnent correctement. Ici, tout a continué à tourner, malgré le covid19 et le confinement, et lui a donc toujours travaillé. Mais il s'attend malgré tout à quelques écueils. La demande en malt faiblit, et les stocks de grains s'accumulent. Il faudra bien, tôt ou tard, les écouler plutôt que de continuer à produire... Inquiétant? Non, continue-t-il à affirmer. On peut être à la fois réaliste, et optimiste. 
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