En Alsace, les deux conseils départementaux s'attendent à une crise sociale grave après les crises sanitaires et économique. Ils prévoient des mesures à destination des plus faibles, comme les bénéficiaires du RSA. Des projets qui étaient pour certains déjà sur les rails.
En Alsace, l'après-confinement inquiète beaucoup, notamment les responsables départementaux. Ils craignent une crise sociale d'importance à cause d'une nouvelle vague de chômeurs qui relèguerait les anciens encore plus loin du retour à l'emploi. Pour éviter ce scénario catastrophe ou en tout cas en limiter les dégâts, ils ont décidé de remettre au coeur de leurs préoccupations des projets qui semblaient pouvoir attendre mais qui pourraient devenir cruciaux. Tour d'horizon.
Pour Frédéric Bierry, le président du conseil départemental du Bas-Rhin, on ne peut pas parler de circuit court dans l'agroalimentaire et ne pas créer un circuit court de l'emploi. Ce serait le seul moyen, ou peut-être le plus efficace, pour mettre en adéquation l'offre et la demande. Pour que les 25.000 bénéficiaires du RSA dans le département aient une chance de retrouver un emploi, il va falloir en créer qui leur conviennent exactement.
Le RSA, "une allocation de pauvreté"
Beaucoup de ces allocataires ont cumulé les accidents de la vie. Retrouver un travail est d'autant plus difficile qu'ils sont au chômage depuis très longtemps. Ils sont comme coupés de ce monde. Alors il faut adapter les offres à leurs profils. Et ainsi leur redonner un rôle dans la société parce que "le RSA est une allocation de pauvreté" affirme Frédéric Bierry, "seul le retour à l'emploi permet un retour à la dignité."Pour ce faire, il a imaginé des "entreprises à but d'emploi". Elles seraient des émanations du conseil départemental, réparties sur le territoire. Elles auraient pour mission de repérer les personnes aptes à travailler, en fonction de leurs capacités physiques et intellectuelles, et de créer en face des missions utiles à la communauté.
Des missions où la main de l'homme reste indispensable par exemple. Comme l'arrachage de la renouée du Japon le long de nos cours d'eau. En effet, le seul moyen de lutter contre cette plante invasive est de l'arracher à la main. Un contrat entre une communauté de communes et une entreprise à but d'emploi pourrait alors permettre à un bénéficiaire du RSA d'effectuer quelques heures. Un retour à l'emploi en douceur mais efficace tout de même.
L'agriculture, source d'emplois
L'agriculture est aussi un domaine où les chômeurs en fin de droit ou les allocataires pourraient s'investir. Malgré la tentative finalement peu fructueuse de l'opération "Des bras pour ton assiette", la coopération continue d'exister et doit être développer. Elle a d'abord été initiée au moment des vendanges/ les bénéficiaires ont pu cumuler leur RSA et leur salaire de vendangeur. Le succès a été au rendez-vous.Dans le Haut-Rhin, le cumul est également possible pour la récolte des asperges et la cueillette des fraises. L'avantage des récoltes, c'est qu'elles se succèdent. Il serait donc possible de travailler plusieurs mois d'affilée. "A condition que les producteurs revoient leurs exigences physiques à la baisse" note Frédéric Bierry. Il est vrai que la plupart des missions agricoles sont très dures physiquement. Il faudrait juste donner plus de temps à des personnes qui sont dans un contexte de retour à l'emploi. Avec de la bonne volonté, le pari semble gagnable. Le conseil départemental 67 pourrait même compenser ces pertes de productivité. Son président déclare y réfléchir.
Toutes ces initiatives qui devaient avoir le temps d'éclore tranquillement devraient être boostées dans les semaines qui viennent. Pour les présidents des départements alsaciens, il y a urgence. L'assemblée haut-rhinoise a votera ce vendredi 15 mai en commission permanenteun plan d'urgence. S'y trouvent un certain nombre de mesures d'assouplissement concernant le logement et notamment sur les aides octroyées en cas d'impayés de loyers ou d'énergie. Le département promet d'étudier les dossiers de très près. L'objectif est de laisser le moins de monde possible sur le bord de la route. Avec des moyens contraints, les collectivités ont pour objectif absolu de remettre dans la circulation économique tous ceux qui pourront l'être.