Stanislas Nordey, directeur du TNS (Théâtre national de Strasbourg) est à l'initiative d'un manifeste signé par 200 personnalités du monde de la culture en faveur de la vaccination contre la Covid19. Histoire de montrer l'exemple et "de sortir de l'impasse".
Dans un texte publié par nos confrères du Parisien, mercredi 6 janvier, 250 personnalités du monde la culture comme Gérard Jugnot, Zabou, Julie Gayet, Nagui ou Grand Corps Malade s'engagent à se faire vacciner contre la Covid19.
Un "acte citoyen" pour essayer de "sortir de l’impasse", à l’initiative du comédien, metteur en scène et directeur du TNS Stanislas Nordey. Engagé lui aussi. Comme toujours. "Pour le monde de la culture certes, mais surtout pour tout le monde."
Ils ont signé l'appel de Stanislas Nordey et racontent pourquoi ils s'engagent pour le vaccin. https://t.co/VSJnPv3FLu
— Emmanuel Marolle (@emarolle) January 7, 2021
Action citoyenne
A l'heure où 58% des Français se disent encore hostiles à la vaccination, le monde de la culture a décidé de se mobiliser. Lui, qui depuis trop longtemps, est à l'arrêt. Dans un texte très court, comédiens, chefs d'orchestre, auteurs, producteurs ou metteurs en scène affirment publiquement leur volonté de se faire vacciner.
"Pour faire un pas décisif dans la maîtrise de la pandémie de Covid 19 et ce, sans aucune hésitation, nous nous engageons à nous faire vacciner dès que cela sera possible."
Efficace et sans chichi. Modeste. "Il ne s'agissait pas de culpabiliser les gens" m'explique Stanislas Nordey, "mais de dire en gros qui m'aime me suive, nous, on va le faire." Nous, ce sont aujourd'hui 250 signataires, grands noms de la culture française comme Fabrice Luchini, Daniel Auteuil, Arielle Dombasle, Lambert Wilson, Pierre Arditi, Grand Corps Malade ou Alex Lutz.
"L'idée c'est de se dire, nous sommes des gens. Des gens de culture oui mais des gens. De simples gens. Et nous avons choisi de nous faire vacciner ..." Histoire de vaincre les réticences ou les idées reçues sur la vaccination à défaut de servir de modèles.
"C'est le bonhomme qui va se faire vacciner pas l'acteur. Et je peux vous dire que le bonhomme n'aime pas tellement les aiguilles. Il faut le faire c'est tout, d'autant que, jusqu'à preuve du contraire, les piqués ne sont pas tombés comme des mouches."
#AppelÀLaVaccination #Vaccination #Culture #LaPresseEnParle
— Théâtre National Sxb (@TNS_TheatrStras) January 6, 2021
Stanislas Nordey, directeur du Théâtre National de Strasbourg et de son École, lance un "Appel à la vaccination" signé par 200 artistes et professionnel.le.s de la Culture.
? https://t.co/ETKscxhQpx pic.twitter.com/5j4l4JKxu0
Stanislas Nordey s'attend d'ores et déjà à un tombereau de critiques ou d'insultes. C'est le lot de toute personne qui s'engage publiquement. "Moi je n'ai pas d'actions dans les laboratoires pharmaceutiques. J'aimerais bien remarquez, je serais richissime mais en tant qu'artiste et citoyen, j'ai tout de même un devoir et une exposition. Je ne pouvais pas rester sans rien faire."
Artiste engagé
Stanislas Nordey est un artiste engagé. Nous le savions depuis longtemps. Le voilà donc, bras offerts, pour une "cause citoyenne". Citoyenne et sanitaire. " Nous les artistes, nous avons cette chance, cette chance d'avoir le temps pour réfléchir sur le monde. L'artiste rencontre aussi le public, représente quelque chose dans l'imaginaire des gens. C'est une parole pas décisive mais qui aide."
L'artiste rencontre le public, représente quelque chose dans l'imaginaire des gens. C'est une parole pas décisive mais qui aide.
Aide à combler un vide. "Avec cet appel, j'ai l'impression de répondre à une attente de la part des Français, encore trop incertains. Jusqu'alors tout se nouait autour de la parole gouvernementale alors que pour une fois nous, citoyens, pouvions être à l'origine de quelque chose. Être nos propre maîtres. S'emparer de notre destin."
Il faut s'emparer de notre destin
En décembre, Stanislas Nordey sort son téléphone et son carnet d'adresse. "J'ai appelé une dizaine de connaissances pour disons leur soumettre cette idée. Devant leur enthousiasme, je suis passé à la vitesse supérieure. J'ai sorti mon carnet d'adresses et j'ai demandé à des amis de m'aider."
Quelques mots à peine. Un travail de doux-dingue. "Ça m'a pris un temps fou. Et d'ailleurs le soir du réveillon, ça a été mon occupation principale. Ce qui tombait bien puisque, comme beaucoup, je n'avais rien d'autres à faire." Les 200 signatures sont vite atteintes, le texte sera publié ainsi dans les pages du Parisien. Mais le compteur continue de grimper. 250 aujourd'hui. "Nous élargirons ensuite l'appel avec les restaurateurs. C'est une cause collective, un acte citoyen évident."
Touché par la Covid19 de plein fouet
Si pour Stanislas Nordey la cause est si évidente, c'est qu'il a été touché de plein fouet par la Covid19. En tant qu'homme de culture. En tant qu'homme. "J'ai été malade au tout début de la pandémie, en mars. Je n'ai pas été hospitalisé mais je suis resté un mois à terre. Je pense qu'on ne sait pas ce que c'est tant qu'on ne l'a pas vécu. Qu'on est moins sensible à la cause vaccinale si on n'a pas été malade soi-même. C'est pour l'instant la seule lumière au bout du couloir."
Je suis resté un mois à terre. Je pense qu'on ne sait pas ce que c'est tant qu'on ne l'a pas vécu.
Un couloir de la mort. "J'ai perdu ma grand-mère et Jean-Pierre Vincent (qui a dirigé le TNS de 1975 à 1983) qui était plus qu'un père, un mentor. Donc oui je sais ce que c'est. A tous les points de vue."
L'Alsace a, elle aussi, payé un lourd tribut à la Covid. Dès le mois de mars, les chiffres grimpent, les hommes tombent. "En tant que directeur du TNS, à Strasbourg, bien évidemment j'ai été plongé là-dedans très vite. Nous, on y est depuis le tout début. J'ai été vite sensibilisé aux dangers de la maladie, j'ai eu peut-être, plus vite que les autres de mes collègues, une conscience aiguisée."
Avenir incertain
Se faire vacciner c'est donc sauver des vies. C'est aussi sauver la culture. Ou tout du moins la faire renaître en public. " Je ne crois pas aux discours qui annoncent la mort de la culture. La culture survivra à tout. En ce moment, les répétitions se poursuivent, la vie continue. On vit simplement au jour le jour, c'est ça qui est très problématique, cette attente si désagréable." D'autant que, le 7 janvier, les salles n'ouvriront pas et les perspectives, de l'aveu même de la ministre de la culture, sont nulles.
#COVID19 "Il est très difficile de tirer des leçons du passé" en matière d'épidémies, affirme @R_Bachelot dans #RTLSoir, qui a toutefois échangé avec @olivierveran au sujet de la campagne vaccinale
— RTL France (@RTLFrance) January 5, 2021
Retrouvez l'interview sur https://t.co/qPn248hn0o
"A ce rythme-là, on va rester fermés pendant un an encore. Nous ne pouvons pas être seulement en train de nous plaindre. Cette pétition, c'est une manière d'agir pour sortir de l'impasse."
Stanislas Nordey lui en est un peu sorti. Actuellement à Porto (Portugal) où il met en scène et joue "Qui a tué mon père", les perspectives sont plus réjouissantes. J'entends durant notre conversation les cris des mouettes. "J'ai sous les yeux une magnifique petite église, le soleil, des gens assis aux terrasses des cafés. C'est surréaliste. Tout est ouvert." Ouvert comme le choix de se faire vacciner. Ou pas.