Entre 150 et 200 Gabonais, majoritairement des étudiants, venus de la région Grand Est ont manifesté ce samedi devant le Parlement européen à Strasbourg. Ils demandent à l'Union européenne d'intervenir pour relancer le processus démocratique.
Le Gabon a organisé le 27 août une présidentielle à tour unique, remportée officiellement par le chef de l'Etat sortant Ali Bongo Ondimba
avec 49,80% des voix devant son principal adversaire Jean Ping (48,23%), qui revendique la victoire et accuse le pouvoir de fraude.
Les violences post-électorales ont fait au moins sept morts dont un policier et plusieurs blessés par balles depuis trois jours. Le président Ali Bongo, proclamé élu mercredi par la commission électorale (Cénap), ne s'est pas exprimé depuis jeudi après-midi.
"En tant que président élu, je suis naturellement très préoccupé par la situation de notre pays qui évolue vers un chaos généralisé", a déclaré pour sa part vendredi soir Jean Ping en recevant les 26 opposants qui venaient de retrouver leur liberté de mouvement après avoir été retenus pendant 36 heures à son siège de campagne complètement dévasté par l'assaut des forces de sécurité. "Je sais que l'apaisement ne peut survenir que si la vérité des urnes (...) est rétablie et respectée sur la base du comptage des voix bureau de vote bureau de vote, telle que nous le souhaitons", a-t-il poursuivi.
Le gouvernement refuse ce recomptage des voix bureau par bureau que demandent aussi l'Union européenne et la France, arguant qu'il n'est pas prévu par le code électoral gabonais en cas d'élection présidentielle. "C'est faux", rétorque le directeur de communication de la campagne de Jean Ping. "Il y a un silence juridique mais on peut faire du bureau par bureau sans violer la loi", assure Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi. M. Ping demande la reprise des travaux de la Cénap pour examiner les procès-verbaux du Haut-Ogooué, fief de la famille Bongo qui a officiellement donné la victoire finale à M. Bongo avec plus de 90% des voix pour une participation supérieure à 99%.
En revanche, son équipe exclut catégoriquement tout recours devant la Cour constitutionnelle "qui a fait preuve de sa partialité. Nous n'allons pas nous jeter dans la gueule du loup comme des enfants", selon M. Ntoutoume.