Ce mardi 19 septembre, la Ville de Strasbourg a dressé le bilan des "ordonnances vertes" lancées en 2022. Ce dispositif pensé pour minimiser l'exposition des femmes enceintes aux perturbateurs endocriniens, notamment en leur offrant un panier bio par semaine, a si bien réussi qu'il sera prolongé.
"Au début, quand on m'en a parlé, je pensais que c'étaient juste des fruits et des légumes, mais maintenant, je me rends compte que ça m'a permis de changer un peu mon mode de vie". Othnielle Mabiala ne s'attendait pas à un tel impact sur son quotidien. Elle fait partie des 800 femmes enceintes a bénéficié du dispositif des ordonnances vertes lancé par la Ville de Strasbourg en 2022. Leur médecin leur a prescrit une ordonnance grâce à laquelle elles ont reçu chaque semaine un panier de légumes bio et ont pu participer à des ateliers de sensibilisation aux risques des perturbateurs endocriniens.
"Le temps de la grossesse est critique, car c'est un moment où les femmes et leurs fœtus sont particulièrement exposés, leur système neurologique et hormonal est vulnérable", explique la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian, qui rappelle que la capitale alsacienne est la première à expérimenter ce dispositif en France. Le bilan, présenté ce mardi à la ferme Saint-André à Friedolsheim où sont confectionnés les paniers bio, s'avère "très positif" d'après l'édile. "Près de 10 000 paniers bio ont été distribués, et ça a permis un changement dans les modes de vie."
Car les femmes ne se contentent pas d'aller chercher leur panier bio toutes les semaines. Othnielle Mabiala raconte par exemple avoir assisté à un atelier de sensibilisation à l'enjeu des perturbateurs endocriniens. "Je suis infirmière, mais j'ignorais qu'il y en avait partout, les vernis à ongle, les objets en plastique...Sur le coup, je me suis dit qu'il fallait que je change tout chez moi, j'ai paniqué, mais on nous a expliqué que même une diminution de 50% était une très bonne chose. Je me suis mise à acheter des biberons en verre par exemple."
Un dispositif généralisé à toute la France ?
La Ville prévoit de prolonger l'expérimentation en 2024, cette fois en adaptant la mesure au revenu des bénéficiaires. Les familles les plus aisées ne pourront recevoir le panier bio que pendant deux mois, là où les familles ayant le moins de revenus pourront y prétendre sur sept mois. "Il s'agit d'une mesure qui favorise à la fois la justice sociale, l'agriculture biologique et les bonnes habitudes alimentaires", se félicite la maire.
Les ordonnances vertes pourraient se généraliser au-delà des frontières strasbourgeoises. La députée du Bas-Rhin Sandra Regol (EELV) a déposé une proposition de loi le 12 septembre dernier. "Il faut que la majorité gouvernementale nous suive, mais je ne vois pas pourquoi elle le ferait pas, c'est un dispositif qui n'a que des aspects positifs à mes yeux, confie Sandra Regol. Oui, ça coûte de l'argent, mais c'est un investissement, ça permet de faire des économies sur le long terme." Le coût du dispositif s'élève à 650 000 euros à l'échelle de Strasbourg.