Dans l'Eurométropole de Strasbourg, la qualité des puits de captage n'est pas la même partout, et des traces de métabolite de chloridazone ont été retrouvés dans celui d'Oberhausbergen. Selon l'Agence Régionale de Santé, l'eau reste potable, mais les collectivités se sont saisies du problème.
Depuis 2023, l'Union européenne et le ministère de la Santé imposent des analyses plus poussées pour détecter des pollutions dans l'eau du réseau. Au sein de l'Eurométropole de Strasbourg, la qualité des puits de captage n'est pas identique d'un point à l'autre. Dans celui d'Oberhausbergen par exemple, des récentes mesures ont fait état de la présence de métabolite de chloridazone à un taux de 0,134 microgramme par litre au lieu 0,1 microgramme par litre, seuil maximum autorisé.
"C'est un produit de transformation de la chloridazone, explique Miguel Nicolaï, spécialiste en toxicologie à agence de l'eau Rhin-Meuse, à notre équipe de reportage. C'est un herbicide qui a été utilisé dans la culture de la betterave, à partir des années 1960 et jusqu'en 2020. Cette chloridazone se transforme en un sous-produit qu'on appelle métabolite. Et c'est ce métabolite qui a été retrouvé dans le captage."
C’est donc officiellement affiché sur le tableau des annonces de la mairie d’Oberhausbergen, comme dans toutes les communes de l’Eurométropole de Strasbourg. En tout petit, mais la présence de métabolite de chloridazone dans l’eau potable est bien signalée. " La qualité de l'eau ? Je la regarde une fois par an lorsque je reçois la facture. Mais je ne m'en soucie pas régulièrement", affirme cette habitante. Une autre se montre plus prudente : "Moi, je ne bois pas l'eau du robinet, car je trouve qu'elle a un goût de javel." Un voisin reste mesuré : "Ça n'est pas quelque chose que je vérifie tous les jours, mais si on peut nous informer sur cette qualité, surtout si cela rend l'eau impropre à la consommation, ou s'il y a des herbicides, alors là, c'est quelque chose qui m'intéresse."
Selon l'Agence Régionale de Santé, justement, ce métabolite de chloridazone ne rend pas l'eau impropre à la consommation. Mais l'Eurométropole doit en informer ses habitants. La collectivité cherche à réduire les polluants dans l'eau potable. "Nous sommes tous autour de la table, assure Thierry Schaal, élu en charge de l'eau et de l'assainissement au sein de l'Eurométropole de Strasbourg. La chambre d'agriculture, l'agence de l'eau Rhin-Meuse, le SDEA (syndicat des eaux et de l'assainissement). Nous partageons cette problématique. Et nous avons évidemment la volonté d'apporter des solutions."
Pour rééquilibrer cette concentration, l’Eurométropole procède à des pompages, et protège ses zones captages. La « limite de qualité » (0,1 microgramme/litre pour les métabolites) est uniquement une valeur environnementale - et non une valeur sanitaire - établie au niveau européen. Comme son nom l’indique, cette « limite de qualité » a pour objectif de réduire la présence de ces résidus de pesticides au plus bas niveau de concentration dans l’eau. Une eau contenant des teneurs en métabolites supérieures à 0,1 microgramme/litre est qualifié de « non conforme » au regard de cette valeur environnementale, mais elle n’est pas forcément impropre à la consommation.