Après sept jours de procès, le verdict est tombé pour Jean-Marc Reiser. Le sexagénaire a été reconnu coupable de l'assassinat de Sophie Le Tan. Le mardi 5 juillet 2022, la cour d'assises du Bas-Rhin a condamné l'accusé à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une peine de sûreté de 22 ans.
Jean-Marc Reiser a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, ce mardi 5 juillet 2022, par la cour d'assises du Bas-Rhin. Les jurés ont suivi les réquisitions du parquet de la veille, et retiennent eux aussi la préméditation dans la mort de la jeune Sophie Le Tan, le 7 septembre 2018.
Une condamnation à la prison à vie assortie d'une peine de sûreté de 22 ans, là aussi comme l'avait requis l'avocat général, soit la peine maximale. La cour d'assises du Bas-Rhin retient le caractère prémédité dans la mort de Sophie Le Tan, bien que Jean-Marc Reiser assurait qu'il n'avait jamais eu l'intention de mettre fin aux jours de l'étudiante le jour de ses 20 ans.
Le verdict a été rendu après deux heures de délibération, sous les yeux de la famille de Sophie Le Tan, venue en nombre ce mardi. Étaient présents les parents, le frère, la sœur ainsi que plusieurs oncles et tantes de l'étudiante.
Je demande un verdict équitable et juste, qui ne soit pas une exécution judiciaire sommaire.
Jean-Marc Reiser lors de sa dernière prise de parole
Lors d'une dernière prise de parole ce mardi matin, Jean-Marc Reiser a demandé aux jurés de faire abstraction de son passé judicaire et de l'engouement médiatique autour du procès :
"Je demande un verdict équitable et juste, qui ne soit pas une exécution judiciaire sommaire. J’ose espérer être jugé non pas comme Jean-Marc Reiser qu’on présente comme le monstre, mais comme un justiciable comme les autres. Comme si vous jugiez monsieur Dupont, Durand ou Schmitt."
A l'annonce du verdict, un très grand calme s'est installé dans la salle d'audience. Jean-Marc Reiser, tête baissé, n'a pas réagi. Dans les minutes qui suivent, le soulagement de la famille de Sophie Le Tan est visible. Les yeux sont embués, les larmes coulent sur les joues.
Dans la salle des pas perdus, les parties civiles se prennent dans les bras, comme pour se dire "ça y est, c'est fini". Le verdict ne leur ramènera pas Sophie, mais la justice a été rendue.
"Nous sommes soulagés que tous les chefs d'accusation à l'encontre de M. Reiser soient en faveur de la famille. Il écope de la peine maximale, comme nous l'avons souhaité. C'est un gros soulagement, car jusqu'à la décision, tout est possible", a réagi Laurent Tran Van Mang, qui représente la famille Le Tan.
Nous sommes rassurés de savoir qu'il ne fera mal à aucune autre femme.
La mère de Sophie Le Tan
Fait très rare, la mère de Sophie Le Tan s'est exprimée devant les caméras et les micros. Sa nièce Nadine a traduit ses propos, elle qui s'exprime en vietnamien : "La perte de Sophie n'est pas mesurable, la douleur restera immense et nous devrons vivre avec. Notre vie sera hantée par l'horreur de la perte de Sophie. Mais en parallèle, nous sommes satisfaits de la peine prononcée. Nous sommes rassurés de savoir qu'il ne fera mal à aucune autre femme, à aucune autre famille."
Dans les larmes, Nadine poursuit : "Les parents savent que Sophie veille sur nous et que sa bonne étoile sera toujours auprès de nous. Après tout cela, la maman a retrouvé une deuxième famille, du réconfort." Suite à cette prise de parole, la mère de Sophie s'est effondrée dans les bras de sa famille.
La cour d'assises n'a pas eu le courage du doute.
Xavier MetzgerAvocat de Jean-Marc Reiser
Me Gérard Welzer, avocat de la famille Le Tan, s'est lui aussi exprimé : "La justice est passée. Monsieur Reiser s'est rendu coupable en récidive d'atroces faits d'assassinat. Le sentiment pour la famille, c'est un soulagement que de tels faits trouvent leur juste réponse demandée par l'avocat général."
La défense n'a donc pas convaincu les jurés. La veille, elle avait plaidée pour qu'ils ne retiennent pas la préméditation dans la mort de Sophie Le Tan : "La cour d'assises n'a pas eu le courage du doute, a réagi Xavier Metzger, avocat de Jean-Marc Reiser. C'est quelque chose que je regrette. Je crois qu'à partir du moment où l'opinion publique s'est emparée de l'affaire et a fait de mon client ce qu'on l'accuse d'être, le moindre petit détail devient un élément à charge."
A l'issue du procès, Me Welzer, a indiqué qu'il ne serait pas étonné si Jean-Marc Reiser faisait appel du verdict. Le désormais coupable a dix jours pour le faire. Ses avocats s'entretiendront avec lui dans les prochains jours pour prendre une décision.