Procès de Jean-Marc Reiser : perpétuité requise pour le meurtre de Sophie Le Tan, le parquet retient la préméditation

Ce lundi 4 juillet 2022 est l'avant-dernier jour du procès de Jean-Marc Reiser, accusé d'avoir assassiné Sophie Le Tan en septembre 2018. Après les plaidoiries des avocats des parties civiles, le parquet retient la préméditation dans la mort de l'étudiante et requiert la prison à perpétuité.

Le procès de Jean-Marc Reiser, assassin présumé de l'étudiante de Cernay (Haut-Rhin) Sophie Le Tan en 2018, touche à sa fin. Avant le verdict attendu mardi 5 juillet, le parquet retient le caractère volontaire de la mort de Sophie Le Tan et sa préméditation.

L'avocat général requiert la prison à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans à l'encontre de l'accusé. Il s'agit de la peine maximale que risquait le sexagénaire dans ce procès. L'inscription de Jean-Marc Reiser au fichier des auteurs d'infractions sexuelles et violentes a également été requise.

La question de la préméditation était au cœur du procès de Jean-Marc Reiser, qui a débuté le lundi 27 juin 2022. Après cinq journées, pendant lesquelles se sont succédés à la barre proches de Sophie Le Tan, anciennes compagnes de Jean-Marc Reiser, enquêteurs mais aussi pas moins de onze experts, l'avocat général Laurent Guy retient donc l'assassinat.

"Sans surprise, je vous demande de répondre oui à la question du caractère volontaire de la mort de Sophie Le Tan, mais aussi de répondre oui à la question de la préméditation. La mort de Sophie n’est pas un événement regrettable, elle a été piégée." C'est en ces termes que l'avocat général s'est adressé aux jurés qui entourent le président de la cour d'assises.

Jean-Marc Reiser assure qu'il "ne voulai[t] pas faire de mal" à Sophie et que la mort de l'étudiante résulte d'une pulsion de colère : " J'ai perdu les pédales, je ne me l'explique toujours pas aujourd'hui, mais j'ai commencé à lui donner des coups de poings au visage", expliquait-il le vendredi 1er juillet.

Un luxe de précautions

Une version des faits que l'avocat général ne retient pas : "Reiser a choisi d’œuvrer. Il connait son quartier, son appartement et la façon dont il va procéder. Le rideau de protection est tel que si deux jeunes femmes n'avaient pas vu l'appel à témoins de Sophie dans les jours qui ont suivi sa disparition, nous ne serions pas là aujourd'hui." Il évoque même "un luxe de précautions" pour caractériser la préparation de Reiser.

Dès lors qu'on se présente avec quelqu'un au rendez-vous, il ne se passe strictement rien.

L'avocat général

Pour Laurent Guy, Jean-Marc Reiser a préparé son coup en créant une fausse annonce sur Leboncoin pour sous-louer son appartement de Schiltigheim, au nord de Strasbourg : "Quand on voit les numéros contactés pour cette location d'appartement, on voit que ce sont uniquement des femmes. Elles ont toutes répondu qu’elles n’arrivaient pas à avoir quelqu'un au bout du fil. Dès lors qu'on annonce à Jean-Marc Reiser qu'on viendra avec sa mère ou son ami, l'appartement est bizarrement déjà loué. Dès lors qu'on se présente avec quelqu'un au rendez-vous, il ne se passe strictement rien."

L'avocat général démonte ensuite la version de Jean-Marc Reiser selon laquelle il a croisé Sophie dans la rue, et ne souvenait plus qu'il avait rendez-vous pour son appartement, encore dans les brumes de l'alcool : "La venue de Sophie Le Tan n’est pas due au hasard. Il y a guère de place pour une rencontre fortuite. Lorsqu’on regarde par la fenêtre de la cuisine, on voit très bien où se trouve l’arrêt de bus. On ne peut pas soutenir qu’avec le feuillage on ne voit rien", comme l'affirmait plus tôt dans le procès Francis Metzger, avocat de Jean-Marc Reiser.

Pendant le réquisitoire, l'accusé prend beaucoup de notes dans son box, comme depuis plusieurs jours. Lunettes et masque chirurgical sur le nez, il semble concentré.

En aucun cas les coups portés au visage auraient pu tuer directement Sophie Le Tan.

L'avocat général

La prise de parole de l'avocat général se poursuit. D'une voix calme et posée, il démonte un à un les arguments avancés par Jean-Marc Reiser et sa défense. Ces derniers avançaient la thèse selon laquelle les coups portés au visage de Sophie par le sexagénaire ont conduit à sa mort : "En aucun cas les coups portés au visage n’auraient pu tuer directement Sophie Le Tan", reprenant l'expertise du médecin légiste entendu vendredi 1er juillet à la barre. Mais au fil de son réquisitoire, Laurent Guy insiste sur un point : seul Jean-Marc Reiser sait ce qu'il s'est passé.

De ces expertises, il en ressort une personnalité immaturo-perverse chez Jean-Marc Reiser.

L'avocat général

La personnalité de l'accusé est également appuyée par l'avocat général. Tout au long de la semaine du procès, des experts sont venus devant la cour d'assises du Bas-Rhin. Dont des experts psychologues et psychiatres : "De ces expertises, il en ressort une personnalité immaturo-perverse chez Jean-Marc Reiser. Avec dans le discours cette communication perverse: un flot imprécis, une envie de noyer l’interlocuteur du propos pour l’écarter du sujet, une manie de se mettre en victime et dénigrer le travail d’autrui."

La préméditation au cœur des plaidoiries

Plus tôt dans la matinée, Me Welzer, avocat des parties civiles, avait demandé "la peine maximale" à l'encontre de Jean-Marc Reiser lors de sa plaidoirie. Francis Metzger, l'un des avocats de l'accusé, n'a pas hésité à faire le lien entre la condamnation à la perpétuité assortie de de 22 ans de sûreté et la peine de mort. Il demande aux jurés de se prononcer pour des faits de coups ayant entraîné la mort sans intention de la donner.

La réclusion criminelle a perpétuité, c'est la mort blanche.

Francis Metzger

Avocat de Jean-Marc Reiser

"Il n'y aucune certitude quant à la préméditation de Jean-Marc Reiser, a réagi Xavier Metzger, qui a plaidé pour le sexagénaire. Le doute, c'est quelque chose qui doit habiter les juges et les jurés lorsqu'il prendront leur décision. Le doute est essentiel car il n'y a pas de place au doute dans une cour d'assises. Soit on est certain, soit on ne retient pas l'infraction."

Francis Metzger a réitéré son propos devant les caméras : "La réclusion criminelle a perpétuité, c'est la mort blanche. Il n'y a pas d'autres mots. Quel espoir peut avoir mon client, à 61 ans, affublé de 22 années de période de sûreté, de revoir un jour le portail d'un établissement pénitentiaire s'ouvrir devant ses pas ? A mon avis, aucun. C'est la mort en milieu carcéral."

C'est très dur à entendre. On parle quand même de quelqu'un qui a tué et démembré Sophie.

Laurent Tran Van Mang

Porte-parole de la famille Le Tan

Des propos qui ont choqué le porte-parole de la famille Le Tan, Laurent Tran Van Mang : "C'est très dur à entendre lorsque Me Metzger dit 'vous vous rendez compte, vous allez le priver de ciel bleu'. On parle quand même de quelqu'un qui a tué et démembré Sophie. On va voir demain ce qui va en être, nous espérons la peine maximale."

Le mardi 5 juillet, les jurés devront déterminer si Jean-Marc Reiser a bel et bien voulu tuer Sophie Le Tan le jour de ses 20 ans, le 7 septembre 2018, dans son appartement de Schiltigheim, au nord de Strasbourg.

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