L' ancien ministre de l’Économie Emmanuel Macron vient animer un meeting intitulé "La France qui subit" à Strasbourg ce mardi soir. Objectif : rendre compte de son "travail de diagnostic" sur la société française.
Strasbourg est la première étape de présentation du "diagnostic" voulu par l'ancien ministre à partir des données issues de la "Grande marche". Ce diagnostic s’appuie sur 100 000 conversations menées dans toute la France. Des conversations avec les Français qui ont eu lieu au printemps 2016. L'opération était destinée à sonder pendant deux mois les gens sur les principaux sujets du moment : éducation, santé, sécurité, logement. Les données récoltées par les conversations ainsi que 25 000 questionnaires ont fait l'objet d'un traitement numérisé. Elles ont être compilées durant le mois d'août et enrichies avec l'apport d'experts.Emmanuel Macron : en route vers la présidentielle ? Ce soir, vous verrez "une dizaine d'adhérents qui (...) vont expliquer ce qu'ils ont vu et compris du pays. Dans la foulée, je conclurai sur "la vie engagée", c'est-à-dire sur les conditions du renouveau démocratique et d'un nouveau partage démocratique que nous voulons porter", a expliqué à la presse le possible futur candidat à l'élection présidentielle, en arrivant à Strasbourg en fin de matinée.
Dans une longue interview à l'hebdomadaire Marianne cette semaine, M. Macron a donné un avant-goût de son discours de mardi en dressant les cinq "grands défis" auxquels la France est confrontée: la "transformation de notre modèle productif qui nous fait passer d'une économie de rattrapage en crise à une économie de la connaissance et de l'innovation intégrant les transitions numériques et environnementales; la question des inégalités (...); notre rapport à la mondialisation; la construction d'une souveraineté européenne; la définition d'une société ouverte dans un monde incertain et donc l'articulation entre liberté individuelle et sécurité". "Le défi qui nous est posé aujourd'hui, c'est de dire : comment réussir la transition dans un capitalisme mondial qui est dépassé par ses propres excès", affirme-t-il encore.
Le projet pour plus tard
Des constats qui ne font pas un programme : le temps des propositions viendra par la suite, à partir de la fin octobre, articulé autour de dix grandes idées
forces. Interrogé par la presse sur ce calendrier, M. Macron a réexpliqué et justifié sa "méthode". Le "plan de transformation doit se faire en ayant d'abord écouté, en remontant aux causes profondes, et en sachant s'engager sur quelques éléments clairs et choisis". "Cette France qui subit, c'est ce que l'on va décrire ce soir (à Strasbourg), elle implique non pas 100 ou 200 propositions, non pas 1.000 pages de rapport, mais quelques objectifs clairs", a-t-il souligné.
Pour ses détracteurs, il y a de sa part une stratégie délibérée d'en dire le moins possible, pour ne pas devenir une cible. "A l'heure actuelle Macron ne met pas la moindre idée dans l'espace public. A partir du moment où une idée est mise dans le débat elle est débattue... Macron considère qu'il se suffit à lui-même(...) Il va retarder le plus longtemps possible la présentation du projet. Il capitalise sur "ce que je suis"", estime un proche du Premier ministre. Une stratégie pour l'instant payante dans les enquêtes d'opinion. Dans un sondage Viavoice-Libération publié lundi, l'ancien ministre surclasse à nouveau François Hollande dans le coeur des Français. 36% des sondés voient en lui "un bon président de la République" pour 2017 (+4 points en un mois), contre 16% pour le président (+4). Pour le sondeur Jean-Daniel Lévy cependant, M. Macron doit "vite présenter son programme". "Il doit clarifier son projet pour bien être identifié sur l'échiquier politique", dit-il.
Le meeting se tiendra à 19H00 au Palais de la musique et des congrès de Strasbourg, devant environ 700 partisans de l'ancien ministre de l'Economie. Deux autres réunions du même type suivront, le 11 octobre au Mans et le 18 à Montpellier. On ne sait pas officiellement pourquoi Emmanuel Macron a choisi Strasbourg pour cette première réunion publique sur le "diagnostic". On peut toutefois rappeler qu'il est un ancien élève de l'ENA et que le symbole européen de Strasbourg a sans doute compté dans cette décision.