EN CHIFFRES. Avec Crit'Air, de plus en plus de voitures exclues des zones à faibles émissions, un véhicule sur cinq concerné à Strasbourg

Le calendrier de la Zone à faible émission (ZFE) de Strasbourg (Bas-Rhin) continue d'être déployé. Depuis le 1er janvier 2024, les véhicules classés Crit'Air 3 sont interdits "à titre pédagogique" : pas d'amende avant 2025. En revanche, les Crit'Air 4 sont théoriquement sanctionnables, mais les moyens de contrôle ne sont pas en place.

Ce 2 janvier 2024, l'activité est anormalement soutenue dans cette casse auto située à Illkirch-Graffenstaden, près de Strasbourg (Bas-Rhin). Nombreux sont ceux qui viennent se séparer de leur véhicule classé Crit'Air 4. "Je l'ai utilisé jusqu'au dernier moment, mais il ne rentre plus dans les critères actuels, explique ce conducteur résigné. Il faut que je m'en débarrasse si je veux rouler dans l'Eurométropole."

Ce lundi 1er janvier 2024 en effet, les voitures avec une vignette Crit'Air 4 n'ont plus le droit de rouler dans la Zone à faible émission (ZFE) autour de Strasbourg. Il s'agit des véhicules diesel immatriculés entre 2001 et 2005. Ils rejoignent les diesels immatriculés entre 1997 et 2000, et tous les autres véhicules immatriculés avant 1996, dans la liste des indésirables sur les routes eurométropolitaines. Ce sont les plus polluants et ils représentent 5% du parc automobile.

Les véhicules classés Crit'Air 3 sont également interdits depuis le 1er janvier 2024, "à titre pédagogique". Pendant un an, aucune sanction ne sera prise contre les propriétaires de ces véhicules. Ils sont plus de 52.000 dans l'Eurométropole, soit un quart du parc automobile des particuliers. Circuler avec une voiture Crit'Air 4 ou 5 - ou sans vignette - vous expose à une amende de 68€. Une dérogation est possible, jusqu'à 24 jours par an. La demande est à effectuer en ligne.

Adieu, diesel et vieilles voitures

Les véhicules aujourd'hui interdits (à titre pédagogique ou non) représentent 30% du parc en 2022. C'était 50% en 2018, et même 85% en 2011. Entre-temps, il y a bien sûr la vétusté naturelle des véhicules qui a envoyé les plus anciens à la casse mais les conducteurs de l'Eurométropole se sont adaptés progressivement aux restrictions, sauf à finir piéton ou cycliste. 

Si la ZFE a sans doute incité les conducteurs à changer de voiture pour un modèle moins polluant, Crit'Air 1 ou 2 par exemple, les véhicules électriques ou à hydrogène ne sont pas les grands gagnants. En 10 ans, Strasbourg est passé de 30 à 3000 véhicules classés Crit'Air E, la catégorie qui n'émet pas directement de CO2, mais ça ne représente encore que 1,2% du parc.

Chez les professionnels aussi

Du côté des professionnels, la mesure n'est pas toujours facile à respecter. Sur 32 000 utilitaires immatriculés dans l'agglomération strasbourgeoise, 7% sont des Crit'Air 4, et 17% des Crit'Air 3. Les artisans ont dû s'adapter ou vont devoir s'adapter. "Ce sera plus difficile dans le bâtiment, précise le président de la Chambre de Métiers et de l'artisanat d'Alsace, Jean-Luc Hoffmann. Ce sont les artisans qui se déplacent le plus. Ce n'est pas facile de concilier fin du mois et fin du monde pour eux."

Les inquiétudes pèsent aussi sur les professionnels et les salariés qui viennent de l'extérieur et qui doivent eux aussi respecter la ZFE, avec la crainte que certains soient contraints de bouder Strasbourg. "Cela risque de créer une économie à deux vitesses, une inégalité entre les entreprises dans le périmètre de la ZFE et celles situées en dehors", avance Jean-Luc Hoffmann. Les professionnels peuvent demander des dérogations pour circuler, d'une durée allant jusqu'à trois ans.

Pour l'heure, les moyens de contrôle à grande échelle des vignettes Crit'Air ne sont pas en place. L'Etat doit se charger d'installer des systèmes automatisés mais ce ne sera pas avant 2025. Mi-2022, près de 23 millions de vignettes ont été délivrées en France, selon le ministère de la Transition écologique, soit plus d'un véhicule sur deux.

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