L'artiste-peintre strasbourgeois Patrick Bastardoz peint et expose depuis plus de vingt-cinq ans, en parallèle des cours qu'il donne à la faculté d'arts plastiques de Strasbourg. Dans l'intimité de son atelier, il nous confie ce qui le séduit et motive dans son travail de peintre.
À qui ne le connait pas, Patrick Bastardoz se présente en quelques mots simples, mais très clairs : "Moi, je suis peintre à cent pour cent." C'est une rencontre à l'âge de 17 ans qui lui a donné le courage de se lancer. "Une rencontre très importante avec une prof de lycée. Elle m'a ouvert la porte et m'a dit :"vas-y !" Elle m'a fait comprendre qu'il y avait une place pour moi dans ce monde. Depuis j'y suis et je m'y sens bien."
Il se sent bien en peinture, au point de venir tous les jours à l'atelier. "C'est dans le mètre carré, devant ma toile, que je me sens exactement là où je dois être", explique-t-il. Et depuis ses débuts, il vit un drôle de phénomène : il ne peint jamais un tableau unique. "Je ne peins jamais un seul tableau à la fois, quand je peins, c'est en série, je ne peux pas lutter contre, c'est le moteur de mon travail."
Depuis plusieurs années, il a opté pour la peinture à l'huile, mais il y applique toujours un medium qui accélère le séchage et crée aussi un glacis transparent, qui confère légèreté et profondeur au tableau.
Approfondir, triturer un sujet dans tous les sens peut mener ce peintre à des séries de trente ou quarante toiles sur le même sujet, comme pour la cathédrale de Strasbourg, des chantiers et des sites industriels.
Ses inspirations et ses références viennent du 17e, le siècle d'or de la peinture hollandaise avec des maîtres comme Rembrand, Van Goyen, Pieter de Hoor..."J'y puise des idées, des lumières, des ambiances qui me parlent et répondent à ce que moi, je cherche dans la peinture."
Pendant longtemps, reconnait Patrick Bastardoz, il peignait sans se poser de question. Aujourd'hui, à la cinquantaine venue, c'est différent. Les grandes questions philosophiques ont trouvé réponse, comme "Pourquoi je peins ?". Aujourd'hui la réponse est limpide : "Je veux laisser quelque chose derrière moi, ça me rassure, ça me fait plaisir et ça me rassure." À la question "faut-il savoir se tromper ou même renoncer ?" , il répond en riant "Oui bien sûr, ça fait partie de l'apprentissage."
Après vingt-cinq ans de travail, son œuvre est déjà conséquente et reconnue, tant en Alsace qu'ailleurs en France et à l'étranger. Bertrand Gillig, son galeriste principal, l'expose régulièrement et depuis longtemps dans sa galerie rue Oberlin à Strasbourg. Ce dernier proposera aussi une exposition avec des œuvres de l'artiste, consacrées aux bâtiments, à Sélestat, dans un nouveau lieu culturel, "La Poudrière", les 17,18 et 19 mars 2023. L'artiste travaille également avec une galerie à la Haye en Hollande, une autre en Allemagne, à Metz, à Mulhouse et Paris.
Depuis peu, Patrick s'est mis à la gravure, une nouvelle aventure, mais il sait qu'il n'a pas encore tout réglé avec le dessin, qui lui est indispensable et auquel il voudrait consacrer plus de temps. En attendant, ses séries de cathédrales, ciels, chantiers, lieux historiques abandonnés et vestiges d'usines font le bonheur des amateurs de son travail. Et le sien.