Avec Lille et Lahti en Finlande, Strasbourg fait partie des trois villes finalistes, candidates pour le titre de capitale verte européenne 2021. Le nom de la gagnante sera révélé ce jeudi 20 juin à Olslo, en Norvège. A la veille du verdict, voyons les forces et les faiblesses du dossier alsacien.
Après avoir déjà tenté sa chance en 2016 et revu largement sa copie, Strasbourg espère décrocher le titre de capitale verte européenne 2021. Emmenée par le maire Roland Ries et Catherine Trautmann, vice-présidente de l'Eurométropole en charge en charge de la transition énergétique, du développement durable et de la mise en œuvre du plan climat, la délégation alsacienne sera fixée sur son sort ce jeudi 20 juin 2019 à Oslo en Norvège. Ses deux concurrents sont Lille et Lahti en Finlande.
? These are the finalists for the EU Green Capital & Green Leaf Awards #EGCA2021 #EGLA2020! ??Congratulations to #EGCA2021 finalists Lahti ?? Lille ?? & Strasbourg ?? & #EGLA2020 finalists Lappeenranta ?? Limerick ?? & Mechelen ??! Best of luck to all!☘️https://t.co/H1LldSYzHv pic.twitter.com/AHEuYyaxkZ
— EU Environment (@EU_ENV) 12 avril 2019
Quelles sont les forces du dossier strasbourgeois?
Dans un document d'un peu plus de 90 pages, Strasbourg met en avant sa "verte attitude" à travers une dizaine de grands thèmes, leurs points forts et surtout leurs objectifs d'amélioration pour 2030. Le jury doit pouvoir être convaincu que, dans les dix prochaines années, Strasbourg peut devenir une ville modèle et engagée en matière de :
- Eau
- Nature
- Bien vivre
- Mobilités
- Transitions urbaines
- Nouvelles énergies
- Innovation
- Economie solidaire
- Economie responsable
Interrogé sur le dossier, Yves Zimmermann, le directeur du projet, met en avant la pratique européenne déjà bien ancrée à Strasbourg liée à son territoire transfrontalier. Autre point fort, l'écosystème citoyen : "Nous avons un réseau de citoyens habités par des valeurs fortes, notamment en matière d'économie sociale et solidaire". Enfin, il évoque l'esprit de Strasbourg porté par le fameux humanisme rhénan : "L'esprit d'une ville libre qui a su accueillir et intégrer au fil des siècles des populations émigrées". C'est autour de ces trois piliers que la délégation strasbourgeoise développera son grand oral ce jeudi 20 juin au matin. Trois quarts d'heure pour convaincre et faire avaler quelques pilules.
Déchets, qualité de l'air et GCO : il va falloir argumenter
Yves Zimmermann le reconnaît à demi-mot : "Sur les déchets, on n'est pas très bons". Avec 250 kilos d’ordures non recyclables par habitant et par an, Strasbourg est la 4e grande métropole au rang du tonnage de déchets ménagers le plus faible. C'est bien, mais moins bien que Lille, son concurrent, qui en compte 233 kg.
Après trois ans de remise en conformité et de désamiantage, l'incinérateur devrait redémarrer en juillet prochain. Cela permettra à Strasbourg de cesser de stocker ou de sous-traiter ses déchets non recyclés au prix de 4 millions de kilomètres par an. Chaque année, 230 000 tonnes d’ordures ménagères seront traitées désormais sur place. L'incinérateur dispose également d’une unité de valorisation énergétique qui fournit du chauffage et de l’électricité à l’équivalent de 30 000 ménages, dont plusieurs industries voisines. Lille devrait en faire autant à partir de l'année prochaine.
Autre point noir : la qualité de l'air. Strasbourg et son agglomération sont particulièrement concernées par la pollution aux particules fines et au dioxyde d'azote. Elles sont, à ce titre, sous la loupe de la Commission Européenne. Une étude récente menée par Greenpeace sur l'exposition des écoles métropolitaines à la pollution de l'air montre que 34% d'entre elles sont à moins de 200 mètres de sources de pollution aux dioxyde d'azote. On est, en la matière, au-delà des seuils légaux.
Pour retrouver un air sain et réduire les émissions de gaz à effet de serre, une cinquantaine d'actions ont été définies. Mais pour l'heure, l'Eurométropole temporise sur la mise en place de la zone à faibles émissions et vient d'annoncer le report de l'abandon du diesel à 2030...au mieux.
Enfin, régulièrement présenté comme une solution au problème de la pollution de l’air à Strasbourg, le Grand Contournement Ouest est une épine dans le pied pour la délégation alsacienne. "Sa justification environnementale ne coule pas de source pour tout le monde", reconnaît le directeur du projet. La délégation marchera sans doute sur des oeufs, préférant mettre en avant la requalification de l'A35 existante en boulevard urbain.
En quoi consiste le prix "Capitale verte européenne"?
Ce prix est imaginé en 2006 lors d'une réunion à Tallin, en Estonie. A l'époque, Jüri Ratas, l'ancien maire de la ville, fait signer un protocole d'accord commun par quinze villes européennes et l'association des villes estoniennes. La Commission européenne décerne ainsi depuis 2010 le prix de la capitale verte de l'Europe.
Ce label, doté d'un prix de 350.000 euros, est décerné aux villes de plus de 100.000 habitants qui conduisent des politiques particulièrement ambitieuses en matière de protection de l'environnement, et plus globalement de développement durable.
Déjà désignée tout récemment "Ville la plus attractive de France" par l'hebdomadaire Le Point, Strasbourg cherche une nouvelle médaille. Plus qu'un jour à attendre.