Escroquerie: les clientes d'un institut d'épilation perdent jusqu'à 2500 euros après le placement de la société en liquidation judiciaire

Placés en liquidation judiciaire depuis le 17 janvier, les centres d'épilation Wetta ne donnent plus signe de vie à leurs clientes. A Strasbourg et Mulhouse, certaines d'entre elles ont déboursé jusqu'à 2500 euros. Des collectifs regroupant plusieurs centaines de femmes se sont constitués pour comprendre les dessous de cette arnaque.

"Des problèmes électriques sur les machines, un manque de personnel, c'était à chaque fois les mêmes excuses lorsqu'on annulait mes rendez-vous"... Pour Marion, 22 ans (le prénom a été modifié à sa demande), la pilule a du mal à passer. "Je vis à Saint-Dié. Il y a 1h30 de route jusqu'à l'institut de Strasbourg. Plusieurs fois, j'ai reçu un coup de fil alors que j'étais quasi arrivée", ajoute-t-elle.

La jeune femme a payé 1 380 euros, réglable en plusieurs fois, en juillet 2022 pour dix séances d'épilation définitive au laser sur différentes zones du corps au sein de l'institut Wetta. Deux mois plus tard, en septembre, alors que trois chèques ont déjà été encaissés, elle honore son premier rendez-vous. Première anomalie, l'entreprise, qui lui remet un sac avec crèmes et gommages, ne lui imprime aucun contrat.

Le téléphone de l'institut qui sonne dans le vide

Le début des galères... Par la suite, entre les annulations en cascade et des difficultés récurrentes à communiquer avec le personnel, Marion n'ira jamais au bout de ses séances. Elle est loin d'être la seule. L'institut d'épilation a vu cinq de ses centres, à Strasbourg, Mulhouse, Paris, Lyon et Marseille, êtres placés en liquidation judiciaire le 17 janvier. En Alsace, cela concerne plusieurs centaines de clientes.

On a toutes été charmées mais c'est de la publicité mensongère

Marion, 22 ans, cliente de Wetta

Des groupes sur Facebook et Whatsapp ont permis à ces femmes de se regrouper pour échanger et ainsi comprendre que l'entreprise allait mal depuis plusieurs mois, bien avant que cette dernière n'arrête carrément de donner signe de vie. À ce jour, le téléphone sonne désespérément dans le vide. Nous avons également tenté notre chance, en vain. "On a toutes été charmées mais c'est de la publicité mensongère, d'autant qu'on nous promet sans douleur et que j'ai eu mal plusieurs fois avec le laser utilisé", résume Marion, qui met également en cause l'efficacité du traitement sur les poils.

Des brûlures sur la peau et un sentiment d'arnaque

Quelques brûlures sur la peau, et le même sentiment d'arnaque pour Yildiz, 30 ans, qui habite Sarreguemines. Elle avait démarré ses séances à Metz en février 2023, étant elle aussi confrontée à des annulations et des déclarations douteuses.

"J'ai payé 2 500 euros, dont une rallonge de 500 pour laquelle on m'a mise devant le fait accompli. Ensuite, le centre a fermé et j'ai demandé le transfert de mon dossier à Strasbourg pour terminer le processus", explique-t-elle. Sauf que, très vite là aussi, les choses se gâtent. "On m'a signifié que j'étais trop bronzée, alors que j'avais effectué une séance la semaine précédente avec le même teint."

Apprenant sur les réseaux sociaux le placement de Wetta en liquidation judiciaire, elle n'a que peu d'espoir d'être remboursée, alors qu'elle n'a effectué que la moitié des séances prévues. "Le pire, c'est que l'institut a accepté de nouvelles clientes en janvier", alors que la société était déjà aux portes de la banqueroute.

Des chances de remboursement proches de zéro

Par ailleurs, le président de Wetta, Emarh Karabulut, s'est vu interdire par la justice le 8 septembre 2023 toute activité commerciale et de gestion d'une entreprise. En cause, la faillite en 2020 d'une autre société, Elenor K, spécialisée dans les cosmétiques en 2020.

Cela ne l'empêche pas de garder ses parts au sein des centres d'épilation. "Ces gens-là savent parfaitement utiliser les subtilités des lois pour continuer à faire leur business", témoigne une autre cliente, sur Whatsapp.

Si les collectifs créés à la mi-janvier ont permis de déposer des plaintes collectives dans chacune des villes hébergeant un institut, les chances de remboursement demeurent proches du néant. La constitution de dossiers à l'aide d'un mandataire judiciaire lyonnais permettra peut-être d'y voir plus clair...

En attendant, "tout a été bloqué, verrouillé. Même l'avis que j'ai laissé sur Google", regrette Yildiz qui n'a guère d'espoir de revoir la couleur de son argent. Le site de Wetta, quant à lui, est toujours actif, du moins en façade. Comme si de rien n'était...

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