Il y a deux ans, Strasbourg mettait en place l’interdiction de fumer aux abords d’une école. Mardi 26 novembre, la municipalité a encore renforcé sa politique anti-tabac en généralisant cette mesure. Les écoles publiques et établissements de petite enfance sont désormais concernés afin de limiter l'exposition au tabagisme passif et réduire la normalisation.
Depuis le 26 novembre, il n’est plus possible, à Strasbourg (Bas-Rhin), de fumer aux abords des écoles publiques et des établissements de petite enfance. Le tabagisme et ses dérivés, c’est-à-dire cigarettes électroniques, cigares et pipes, sont ainsi proscrits dans les 50 mètres autour de 150 établissements, de 7h30 à 18h30 en semaine.
“C’est une action de santé publique qui permet de protéger les enfants du tabagisme passif et de limiter la normalisation de la pratique, ce qui est très important dans la structuration mentale des plus jeunes”, explique Alexandre Feltz, adjoint au maire en charge de la santé publique et environnementale depuis 2008.
C’est une action de santé publique qui permet de protéger les enfants du tabagisme passif et de limiter la normalisation de la pratique
Alexandre Feltzadjoint au maire en charge de la santé publique et environnementale
Les contrevenants s’exposeront désormais à une amende de 68 euros. “On ne veut pas stigmatiser ou être répressifs, mais on comprend qu’autour d’une école, le tabac n’a rien à y faire”, défend l’élu. Autre élément majeur pour la municipalité à majorité écologiste : la diminution de la pollution par les mégots de tabac, qui représente le deuxième polluant des villes après les bouteilles plastiques.
Aboutissement de deux ans d’expérimentation
Cette décision, prise par arrêté municipal, généralise l'expérimentation débutée en novembre 2022. Déjà lancée lors du “mois sans tabac”, elle concernait l’école de Neufeld dans le quartier Neudorf. “On expérimente, on évalue et on associe l’ensemble de l'écosystème”, résume Alexandre Feltz, qui tient à rappeler le rôle prépondérant de la Ligue contre le cancer.
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— Hubert MESSMER 🏃🏻♂️🧘♂️ 🎶 (@Zehub) November 18, 2022
La ville de Strasbourg a commencé sa lutte contre le tabagisme dans l’espace public il y a une dizaine d’années. Elle a été la première ville française à expérimenter, puis généraliser en 2018, les espaces sans tabac autour des aires de jeux pour enfants. L’interdiction avait ensuite été mise en place dans tout l’hexagone.
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La municipalité met un point d’honneur à faire évoluer les lois liées au tabagisme dans la "médiation", bien consciente des problématiques d'addictologie. Désormais, des panneaux d’information seront mis en place devant les établissements scolaires gérés par la mairie, les collèges et lycées n’étant pas concernés puisque pas gérés par la municipalité. Des médiateurs en santé seront également mobilisés pour échanger et présenter des outils sur cette nouvelle réglementation.
Interdiction et accompagnement
“À l’échelle nationale, 90% des fumeurs sont favorables à l’interdiction autour des écoles”, indique Alexandre Feltz. Rien de paradoxal à cela, estime le médecin généraliste et addictologue, puisque ce type d’interdiction, passé les premières réticences, peut se transformer en source de motivation. “La volonté est renforcée par la réalité juridique”, note-t-il.
Je ne comprends pas que l’on n’utilise pas à la notion de responsabilité sociétale [des industries du tabac], comme le principe du pollueur-payeur
Alexandre Feltzmédecin généraliste formé en addictologie
L’élu n’exclut pas une future réflexion sur une potentielle interdiction aux arrêts de tram et de bus. “Ce n’est pas du tout enclenché, mais ce serait intéressant. On pourrait aussi embarquer d’autres collectivités ou institutions, comme l’université, les hôpitaux ou les cliniques, ces lieux avec des gens fragilisés où on est accueillis par une haie de fumeurs”, défend le médecin formé en addictologie.
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Parmi les autres axes d’amélioration possibles cités par Alexandre Feltz : l’augmentation du prix du tabac, mesure efficace bien que peu populaire, la lutte contre les lobbyings ou l’instauration d’une taxe pour l’industrie du tabac. “Je ne comprends pas que l’on n’utilise pas à la notion de responsabilité sociétale, comme le principe du pollueur-payeur”, assène le médecin.
La France compte 30% de fumeurs, d’après les chiffres de Santé publique France en 2022. “Une fourchette très haute”, rappelle Alexandre Feltz, lorsque l’on compare au taux le plus bas, de 5% en Suède. Le tabagisme est la première cause de mortalité évitable en France, avec 75 000 décès annuels. “Près de 60% des risques pourraient être prévenus”, regrette Alexandre Feltz, qui appelle à faire de la prévention une “urgence absolue”.