Elections européennes 2019: Non, Edouard Martin ne se représentera pas

C'est un scoop qui ne l'est pas. Quand en 2014, Edouard Martin, l'ex-syndicaliste charismatique de Florange (Moselle), est élu eurodéputé sur la liste PS, les choses sont claires. Ce sera son seul et unique mandat. Aujourd'hui il tient parole.

Edouard Martin ne se représentera pas aux prochaines élections européennes en mai 2019. Il avait été élu député européen en 2014, sous les couleurs du Parti socialiste (PS), en tant que tête de liste de la région Grand Est. L'ancien syndicaliste CFDT d'ArcelorMittal vient de l'annoncer. Une déclaration qui surprend mais qui ne devrait pas. Le "Doudou" (son surnom) de Florange tient simplement parole. Il revient pour nous sur cette expérience européenne et sur un avenir qui sera tout autre.


"Tout le monde est surpris, c'est ça qui est triste"

Joint par téléphone Edouard Martin s'amuse de cette situation. "On dirait que c'est un scoop, le fait que je ne me représente pas. Même mes amis et mes collègues sont étonnés. Et finalement, c'est ce qui rend la chose triste. Je l'ait dit dès le premier jour, je ne me représenterai pas. Ce qui est choquant dans cette histoire c'est que les gens soient étonnés que je tienne parole. Au Parlement en ce moment, tout le monde joue des coudes pour être en position éligible. Les partis font leur marché. Moi, je ne veux pas être prisonnier de ce genre de choses, je ne veux pas être pollué par ces débats subalternes.


C'est le grand marchandage en ce moment


"Pour moi la politique ce n'est pas un métier. Je l'ai toujours dit. Toujours dénoncé . Je n'ai jamais cautionné ces cumulards qui sont là depuis 30 ou 40 ans. Cinq ans de mandature c'est honorable. C'est assez pour faire bouger les choses comme l'augmentation des droits de douane sur certains produits par exemple. Ce dont je suis le plus fier c'est un combat qui m'a pris beaucoup de temps et d'énergie. Quand la Commission a voulu reconnaître le statut d'économie de marché à la Chine. Un truc qui aurait mis l'Europe KO, à genoux en faussant complètement le marché et en cassant les prix. J'ai dû batailler mais on a gagné ce bras de fer."


Je veux revenir à une vie normale


"On peut faire des choses en 5 ans. Maintenant place aux jeunes. Pour que ça bouge il faut du sang neuf parce que c'est lessivant. Il faut beaucoup donner et je ne suis pas indispensable. Des indispensables y en a plein les cimetières. La vie au Parlement ne s'arrêtera pas sans moi. J'ai 56 ans dont 35 ans d'usine. Je suis plus tout jeune. Je veux revenir à une vie normale. Je me suis battu toutes ces années pour faire valoir les droits de tout le monde. J'en ai oublié ceux de ma famille qui en a pâti. Maintenant je dois rectifier le tir." 
 

"Sans l'Europe que serions-nous ?"

Edouard Martin garde de cette expérience un grand regret et un petit espoir. "Mon plus grand regret c'est de ne pas avoir réussi à construire un vrai droit social. Un droit européen des travailleurs. L'harmonisation du droit social pour éviter la concurrence déloyale entre les travailleurs européens. Je me suis aperçu que ce n'était pas du ressort de l'Europe mais des Etats. Alors quand on vous dit en France et ailleurs, c'est pas ma faute c'est celle de Bruxelles. C'est faux. Vous savez des hypocrites, j'en ai vu des wagons."

L'Europe est imparfaite mais indispensable


"Il faut aussi garder en tête l'idée qu'une autre Europe est possible. Différente de celle que Macron veut nous vendre.Y avoir travaillé ça m'a donné plus de forces et d'envie de la construire, de la défendre. Certes, elle est trop libérale, trop conservatrice mais sans elle que serions-nous ? L'économie est mondiale c'est un fait. Sans l'Europe, nous nous ferons bouffer. Ce sera la loi du plus fort, du moins cher. On ne pèsera plus rien."

Un socle démocratique commun 

Et puis l'Europe est un socle commun. Un socle démocratique. La garante de l'indépendance de la justice, de la protection des minorités... Regardez donc ce qui se passe quand les pays basculent dans le nationalisme comme la Pologne. Les droits fondamentaux sont bafoués: la liberté d'expression, les droits des femmes ... C'est ça qu'on veut ? Le Fn surfe sur cette vague démagogique mais regardez ce que font leurs amis à côté de chez nous. Alors oui l'Europe est imparfaite mais elle est indispensable. Si on veut la changer, libre à nous : allons voter, allez voter. Défendons la liberté." 
 

"Je ne resterai pas spectateur"

Le Parlement ne s'arrêtera pas de parlementer sans Edouard Martin. Ni Edouard Martin de militer. "Je ne sais pas encore ce que j'ai envie de faire. Je sais par contre ce que je ne veux pas faire. Un nouveau mandat politique. Ce qui ne veut pas dire que je resterai spectateur aux prochaines élections européennes. Je ferai campagne sous les couleurs de Génération-s. Je resterai engagé. 
 

Le 1er juillet 2019 je serai au chômage


Le 1er juillet 2019, je serai à la recherche d'un travail. J'aimerais m'engager dans une ONG ou une association pour travailler sur les problématiques de l'industrie et du développement durable. Pour l'instant, je n'ai aucune approche, aucune certitude. On verra bien."
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