Les animaux sauvages disparaîtront bientôt des cirques ambulants et les cétacés des delphinariums. Annonces faites par la ministre de la Transition écologique, mardi 29 septembre. Dans le collimateur, les zoos devront eux aussi s'adapter en faveur du bien-êtrre animal. Celui de Strasbourg aussi.
Les lions, tigres, éléphants et autres hippopotames vont pouvoir quitter la piste. Mardi 29 septembre 2020, la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, a annoncé la fin progressive de la présentation d'animaux sauvages dans les cirques itinérants. "Il est temps que notre fascination ancestrale pour ces êtres sauvages ne se traduise plus par des situations où l'on favorise leur captivité par rapport à leur bien-être" a déclaré la ministre.
Le bien-être animal enfin reconnu
Face à la montée en puissance de la question du bien-être animal dans le débat public, le gouvernement hausse le ton et frappe fort, interdisant également la reproduction et l'introduction de cétacés dans les delphinariums ainsi que la fin de l'élevage des visons d'Amérique pour leur fourrure, relevant que "notre époque a changé dans son attitude à l'animal sauvage".
?Victoire ?
— Code Animal (@code_animal) September 29, 2020
La #France interdit les animaux sauvages dans les cirques ?
Mise en place d'une transition pour accompagner les professionnels !
Fermeture des delphinariums ?
C'est l'aboutissement de 15 ans de travail pour @code_animal !!#CirqueSansAnimaux @barbarapompili pic.twitter.com/Fvgx8wDyqt
Des prises de position unanimement saluées par les défenseurs de la cause animale qui regrettent toutefois, pour certains, leurs arrivée tardive. "Avec l’Allemagne, la France faisait partie jusqu’à hier des trois derniers pays à autoriser la détention d’animaux sauvages pour les spectacles itinérants. Nous ne sommes pas pionniers sur le sujet, loin de là. On est très contents que le gouvernement d’Emmanuel Macron puisse avancer sur ces questions mais on espère juste que ça ne restera pas des annonces. Les élus nationaux doivent se saisir des questions de bien-être animal et préservation de la biodiversité", explicite Alexandra Morette, présidente de l’association strasbourgeoise Code Animal.
Delphinariums, cirques ...
Concrètement, le gouvernement prévoit de débloquer 8 millions pour la reconversion des cirques ambulants et des personnels des trois delphinariums du pays. La ministre ne s'est pas engagée sur un échéancier pour les cirques, mais selon des sources de la profession reçues la semaine dernière au ministère, elle a évoqué une transition de cinq ans. Même tempo pour les élevages de visons. La fourchette des delphinariums pour "préparer la suite" est, elle, de 7 à 10 ans.
La France rejoint la vingtaine de pays européens qui ont déjà interdit ou limité la présentation d'animaux sauvages dans les cirques. Des restrictions également prises par quelque 400 collectivités locales en France, a rappelé Mme Pompili.
Du côté circassien, les annonces, qui ne concerneront que les animaux dans des cirques "en itinérance" et donc pas les autres spectacles présentant des animaux sauvages, ont sans surprise suscité l'inquiétude. "Les cirques vont devoir abandonner leurs animaux et nous en rendrons la ministre responsable", a confié à l'AFP William Kerwich, président du syndicat des capacitaires d'animaux de cirque et de spectacle, pour qui "presque 500 fauves en France" sont notamment concernés.
Des bêtes qui ne pourront évidemment pas être "remises en liberté". En réponse, le gouvernement assure que "des solutions vont être trouvées au cas par cas, avec chaque cirque, pour chaque animal". Une transition nécessaire sur laquelle insiste le cirque Gruss dans un tweet.
Une transition douce doit se faire AVEC les professionnels du secteur. Nous y serons attentif. Vive le cirque ? ! #animaux #cirque #Pompili #tousaucirque #excentriK
— Arlette Gruss (@ArletteGruss) September 29, 2020
Et ... zoos ?
A titre d'exemple sur le devenir souhaité pour les animaux sauvages, Barbara Pompili s’appuie sur les zoos, et en particulier celui de Vincennes, à Paris, rénové il y a quelques années et voulu comme une vitrine de la conservation animale en France. Tous ne sont toutefois pas logés à la même enseigne. D’où l’annonce également d’une feuille de route plus restrictive concernant ces structures d’accueil. "On est dans un encadrement plus strict que ce soit au niveau des spectacles utilisant des animaux sauvages qu’au niveau des conditions de détention des animaux. Nous n’aurons plus de zoos datant du siècle dernier avec des cages dénuées de nature", précise Alexandra Morette, dont l’association Code Animal, a participé à un groupe de travail sur le sujet au ministère.
Et la militante de prendre en exemple le zoo du parc de l’Orangerie à Strasbourg. "On aimerait clairement faire fermer ce zoo. C’était une promesse de campagne de la nouvelle maire. On a regardé l’état des enclos. Les animaux qui y vivent sont dans des conditions horribles. Vous avez des singes de Tonkean qui sont à même le béton. Ça c’est des choses qu’on ne veut plus voir à l’avenir".
On aimerait clairement faire fermer ce zoo. Les animaux qui y vivent sont dans des conditions horribles
Joint par téléphone, le directeur délégué de l'association qui gère le zoo de l'Orangerie, Mathieu Pichault, admet que les conditions de vie des animaux de l'Orangerie sont améliorables ... à condition d'en avoir les moyens financiers. "Les animaux sont en très bonne santé. Notre groupe de singes de Tonkean compris. C'est le plus important pour l'instant. Ensuite, c'est clair, que ce zoo est ancien et mériterait largement d'être rénové. Ce n'est plus forcément la manière de présenter les animaux aujourd'hui. Les temps ont changé. Et oui, si on pouvait agrandir ou rénover les enclos, ce serait beaucoup mieux."
Ce n'est pas le choix de l'association de travailler dans ces conditions
Et le vétérinaire de poursuivre. "On peut mieux faire c'est certain mais on fait ce qu'on peut, de tout notre coeur, avec les moyens dont on dispose. Ce n'est pas le choix de l'association de travailler dans ces conditions. On a besoin de soutien financier de la part de la municipalité, de mécénat. Nous attendons donc avec grande impatience des nouvelles de la maire, sa vision des choses afin d'avancer sur ce dossier."
Mathieu Pichault n'envisage pas la fermeture du zoo strasbourgeois."Nos animaux ne sont pas relachables. Que deviendraient-ils ? Non, il faut faire de cet endroit un modèle du genre, faire moins d'enclos, plus grands, privilégier à termes les espèces locales et lui donner une mission beaucoup plus pédagogique. Nous avons des propositions, des idées maintenant il faut que ça suive." A bon entendeur. Contactée, la municipalité ne souhaite justement pas s’exprimer sur le sujet pour le moment.