Après un lancement en grande pompe en décembre 2022, le réseau express métropolitain européen à Strasbourg ne cesse de décevoir les usagers. Lors d’une conférence de presse, ce 17 janvier 2023, la mise en place de trains omnibus supplémentaires a été annoncée, mais seule la moitié des trains prévus à l'origine circuleront avant fin mars.
La colère des usagers du réseau express métropolitain européen (REME) de Strasbourg ne cesse de s’accroître de semaines en semaines. Lancé le 11 décembre 2022, le premier RER hors Île-de-France prévoyait plus de 800 trains supplémentaires par mois et des amplitudes horaires allant de 5h à 23h sur toute l’agglomération de la capitale alsacienne.
Un mois après, force est de constater que le service promis n’a pas été au rendez-vous. La SNCF reconnaît des dysfonctionnements et promet "des améliorations techniques et opérationnelles" sur le réseau de TER.
À l’issue d’une réunion avec l’entreprise ferroviaire, Thibaud Philipps, vice-président de la région Grand Est et Alain Jund, vice-président (EELV) de l’Eurométropole en charge des mobilités ont tenu, ce mardi 17 janvier, une conférence de presse pour annoncer les solutions mises en place pour améliorer le trafic.
- Les 800 trains supplémentaires promis pour … fin mars
L’objectif initial prévoyait 813 trains supplémentaires au lancement du REME en décembre 2022. "Nous sommes pour l’instant à 410 trains supplémentaires sur le réseau", indique le vice-président de la région, "Il faut que la SNCF puisse mettre fin aux plans de transport successifs qui pénalise les usagers". Les élus ont assuré qu’un bilan financier serait effectué à la fin de l’année 2023. "Nous ne pouvons pas payer si un service n’est pas assuré. Nous espérons que le trafic s’améliorera d’ici-là". L'objectif des 1000 trains pour la fin août 2023 n'est pour l'instant pas remis en cause.
- Remise en place des trains omnibus
La région et l’Eurométropole ont eu la garantie, par la SNCF, que des omnibus seront remis en place dès le 6 février. Ces trains desserviront toutes les gares du trajet. Les lignes Strasbourg-Haguenau, Strasbourg-Sélestat et Strasbourg-Molsheim seront concernées. "Il y aura un retour à la normale sur les lignes TER du Piémont et de la vallée de la Bruche", confirme Alain Jund.
Cette annonce s'apparente à un rétropédalage radical. La suppression de nombreux arrêts intermédiaires, relevée dès le départ par les associations d'usagers, avait pourtant été défendue et assumée par l'ancien président de la Région, Jean Rottner, lors de la conférence de presse parisienne. Elle semble désormais relever de l'erreur stratégique.
Des communes comme Vendenheim, Duttlenheim ou Ernstein devront donc voir davantage de trains s’arrêter dans leurs gares. Les élus ont assuré qu’une réunion avec la SNCF serait organisée dans la semaine qui suit la remise en marche de ces omnibus. Objectif : savoir si une montée en puissance du cadencement de ces trains est viable.
- Attention particulière sur le TER s’arrêtant à Limersheim
La SNCF s’est aussi engagée à rétablir une circulation adaptée aux besoins des usagers de la gare de Limersheim. "Un train supplémentaire passera entre 7h et 8h", confie Thibaud Philipps. Les usagers du secteur ont décidé, au début du mois de janvier, de s’unir en collectif et de lancer une pétition. Ils demandent le maintien des horaires mis en place avant le lancement du REME.
- Vers une prise en charge de la moitié des abonnements annuels ?
Le 14 janvier, la région Grand Est a annoncé que la SNCF prendrait en charge la moitié du prix des abonnements mensuels des voyageurs entre février et avril 2023. "Nous sommes actuellement en discussion pour faire la même chose sur les abonnements annuels", assure Thibaud Philipps.
Des usagers désespérés qui n’y croient plus
Malgré ces promesses d’amélioration du trafic, certains n’arrivent plus à croire à un retour à la normale. "Je reste sceptique. Je pense qu’ils font des promesses pour calmer les voyageurs", déplore Estelle Berger, habitante de Limersheim. "Il y a eu tellement de promesses que nous n’y croyons plus". La pétition lancée par le collectif dont elle fait partie sera mise en suspens en attendant de voir si l’amélioration du trafic se confirme le 6 février.
Nous allons demander le remboursement de nos abonnements des mois de novembre, décembre et janvier
Vanessa Mikuczanis, usager du REME
D’autres demandent un retour aux horaires mis en place avant le 11 décembre 2022. "Le REME a tout fichu en l’air", explique Vanessa Mikuczanis, initiatrice de la pétition "TER Grand Est : stop à la dégradation du service de transport !!" qui réunit plus de 2500 signatures. "Nous allons demander le remboursement de nos abonnements des mois de novembre, décembre et janvier".
De son côté, la SNCF a reçu les associations d’usagers ce 17 janvier au soir. Elle a assuré aux élus que les informations concernant les conditions de trafic seront améliorées. Plusieurs usagers en gare se plaignant de ne pas avoir de renseignement sur l’annulation ou le retard de leur TER. Place désormais à la patience, car seul 50% des trains prévus par le REME circuleront jusqu’à mars.