Le grand contournement ouest de Strasbourg, prévu de longue date, mais beaucoup combattu, verra-t-il quand-même le jour? En tout cas, Arcos, concessionnaire de l'autoroute A335, annonce le bouclage du financement.
Depuis le 31 janvier 2016, Arcos est la société concessionnaire mandatée par l’État pour financer, concevoir, construire, exploiter et entretenir le contournement ouest de Strasbourg (GCO, A355) jusqu’en 2070. Ce vendredi, elle annonce avoir souscrit "des crédits amortissables sur 27 ans, pour un montant total de 359 millions d'euros. Cette opération consolide les conditions de crédit et la structure financière du projet.
De leur côté les opposants au GCO veulent encore y croire. Ils espèrent que l'enquête publique pourra changer la donne. Commencée le 4 avril 2018, elle sera close le 11 mai. Les anti-GCO appellent donc à répondre au questionnaire disponible dans les 22 mairies concernées en Alsace par le GCO. Pour eux, il est encore temps d'empêcher la construction de cette autoroute de contournement.
Le parcours du GCO traverse 22 communes
Pas moins de 11.250 ha de terres agricoles vont être impactées, des espaces naturels comme des prairies, des arbres, des haies vives, des bosquets (déjà trop rares dans le Kochersberg) qui servent d'abris aux petits animaux, aux oiseaux et aux insectes seront supprimés. Le grand hamster bien sûr, protégé par la loi et pour lequel la France a déjà été sanctionnée faute d'avoir apporté "la protection nécessaire à la préservation de cette espèce".
Les mesures compensatoires pourraient être augmentées. Selon le concessionnaire Arcos: "Les sites de compensation in situ correspondent aux espaces nécessaires à l’insertion environnementale du projet (compensations hydrauliques, dérivations de cours d’eau…) et qui peuvent faire l’objet d’aménagement permettant de créer et/ou restaurer des zones humides et/ou des habitats naturels d’espèces protégées. Ces compensations prennent en compte différentes contraintes techniques, environnementales et foncières pour constituer l’optimum de compensation. Elles cherchent à compenser au plus près des impacts et de l’infrastructure. En plus d’améliorer ainsi l’insertion environnementale de la future autoroute, ces compensations permettent de réduire l’impact supplémentaire sur les terrains agricoles."
Joint par France 3, Victor Schoenfelder, un jeune étudiant en écologie, engagé dans ce combat depuis la première heure, explique pourquoi il est encore temps de répondre à l'enquête publique: "Le commissaire enquêteur, nommé par le tribunal administratif, peut encore tout à fait donner un avis défavorable (comme l'a déjà fait à trois reprises le Conseil national de protection de la nature). Un avis défavorable légitimerait encore d'avantage la lutte et permettrait de mener d'autres recours juridiques."
Le détail du prêt
186 millions d'euros auprès d'un pool bancaire composé de Banca IMI S.p.A, CaixaBank, KBC, CSOB, Caisse régionale de Crédit agricole Alsace Vosges et AUXIFIP.173 millions d'euros auprès de la Banque européenne d'investissement (BEI) qui apporte, via le Fonds européen pour les investissements stratégiques, une dette crédit senior et un instrument novateur de rehaussement de crédit de la dette de premier rang. Ce financement innovant s'inscrit dans le cadre du Plan d'investissement pour l'Europe, ou "Plan Juncker". l'A355 est le premier projet autoroutier à risque trafic en France à bénéficier de cette facilité.