Bas-Rhin : l'air presque aussi pollué qu'en ville dans quatre communes voisines du GCO

Quatre communes de l'ouest de Strasbourg ont réalisé, à leur frais en 2021 et 2022, des mesures de qualité de l'air. La première partie a été effectuée avant, et la seconde après la mise en service du grand contournement ouest (GCO). Résultats, les taux de dioxyde d'azote se sont envolés.

Le 17 décembre 2021, le grand contournement ouest de Strasbourg (GCO) était mis en service. Un an plus tard, quatre communes voisines de l'axe autoroutier ont voulu mesurer la qualité de leur air. L'écart entre l'avant et l'après-GCO montre une explosion du dioxyde d'azote.

Les quatre communes que sont Duppigheim, Duttlenheim, Kolbsheim et Ernsolheim-sur-Bruche ont confié à l'entreprise lorraine BioMonitor l'analyse de leur air. Dans un premier temps, entre octobre et novembre 2021, soit avant la mise en service du GCO. L'axe était à l'époque encore en travaux.

Ensuite, les mêmes mesures ont été réalisées avec les mêmes capteurs pendant la même période un an plus tard, lorsque le GCO était ouvert. "Nous avons voulu mesurer des contaminants que nous considérons comme traceurs de pollution associée au trafic routier", explique Matthieu Bagard, responsable d'études chez BioMonitor.

Les huit capteurs installés sur les quatre communes ont mesuré les taux de particules fines et de dioxyde d'azote dans l'air. Si Matthieu Bagard ne note pas d'évolution significative des taux de particules fines, les résultats sont différents concernant le dioxyde d'azote, noté NO2 : 

"On remarque un vrai changement de régime du dioxyde d'azote sur la zone, continue le responsable d'études. Avant, les quatre communes avaient le profil d'un contexte rural, voire périurbain. Mais depuis, c'est le même profil que ce qu'on observe à Strasbourg, donc typique d'un contexte urbain. Sauf que ce sont des communes à la campagne. Cela peut être directement lié à l'ouverture du GCO."

Le dioxyde d'azote, souvent libéré par la combustion de combustibles dans le secteur des transports, fait partie des gaz que l'OMS considère comme polluant, au même titre que l'ozone ou le dioxyde de soufre : "Il est toxique pour les fonctions respiratoires. Mais même s'il ne représente pas un danger extrêmement fort, il s'ajoute à tous les contaminants. De toute façon, 99% de la population mondiale respire déjà un air qui dépasse le seuil recommandé par l'OMS", explique Matthieu Bagard.

On ne s'attendait pas à un résultat aussi catastrophique.

Julien Haegy

Maire de Duppigheim

Ce vendredi 10 mars 2023, le rapport d'étude a été rendu public. Pour Julien Haegy maire de Duppigheim, "malheureusement, ce sont les résultats qu'on craignait et c'est inquiétant. Pour nous, c'est un choc parce qu'on ne s'attendait pas à un résultat aussi catastrophique. Surtout qu'on n'est qu'à un tiers du trafic attendu sur le GCO."

La pollution de la ville... à la campagne

L'édile continue : "Cette étude permet de constater que l'air ne s'est pas non plus amélioré à Strasbourg du fait de ce report de véhicules. Notre crainte, c'est qu'il y a eu une augmentation générale du trafic routier. Nous ne sommes qu'une victime collatérale d'un projet insensé et qui a été fait contre les désirs et les aspirations des concitoyens concernés."

On a l'impression d'avoir des odeurs de ville.

Un habitant d'Ernolsheim-sur-Bruche

Les principaux concernés, justement, remarquent déjà une évolution depuis que les voitures et les camions roulent sur le GCO : "Il ne faut pas faire de grosses recherches pour sentir la différence de l'air qu'on respire. Rien qu'entre le dimanche et le reste de la semaine, quand les camions circulent, on sait que ce n'est pas pareil. Sinon, on a l'impression d'avoir des odeurs de ville", résume un habitant d'Ernolsheim-sur-Bruche.

"Avant, on entendait les crapauds, les grenouilles... Là la nuit, c'est surtout des 'vroum vroum'... Et qui dit poids lourds dit pollution", souffle un habitant de Kolbsheim.

Les élus demandent plus d'études

Alexandre Denisty, maire de Duttlenheim, veut maintenant que les pouvoirs publics agissent : "On attend de l'État qu'il prenne en compte les résultats et qu'il installe une station de mesure permanente sur nos communes. 10.000 personnes sont concernées. Pour nous, il est indispensable d'avoir des mesures qui permettront de définir les actions futures pour la santé des habitants."

Les quatre maires concernés attendent également un abaissement de la vitesse à 90 km/h sur le tronçon limitrophe de leur commune, ainsi qu'une étude médicale à long terme pour connaître l'impact du GCO sur la santé les habitants.

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