Entre 9.000 et 10.000 personnes ont manifesté à Strasbourg à l'occasion de la grève du 5 décembre. France 3 Alsace donne la parole à quatre d'entre eux.
Ce sont entre 9.000 (d'après la préfecture) et 10.000 personnes (selon la CGT) qui ont participé à la grève générale du 5 décembre 2019 à Strasbourg. Parmi elles, des avocates et avocats, animatrices et animateurs de centres sociaux-culturels (CSC), des policières et policiers, sans oublier des pompiers, des jeunes pour le climat, et bien d'autres. France 3 Alsace s'est rendue sur place et leur a donné la parole.
Audrey, enseignante de 44 ans (SNES-FSU)
"On va amputer notre retraite à nous, enseignants, de 800 euros par mois. Je suis Bac+5. Dans le privé, notre salaire serait 50% plus élevé. Le nôtre - de 10 mois répartis sur 12 car on n'a techniquement pas de salaire pendant les grandes vacances - n'est pas revalorisé depuis 2010. On encaisse donc chaque année les 2% d'inflation. Et on accepte ! Parce que la contrepartie, c'est d'avoir une bonne retraite. Mais plus maintenant. Le contrat est rompu. Et c'est complètement inadmissible. Comment voulez-vous qu'on mette 800 euros de côté chaque mois pour notre retraite ? Les professeurs en poste depuis 1967, ils ne vont avoir que dix ans pour mettre de côté ce qu'ils auraient dû épargner pendant toute leur vie, avec ce nouveau modèle : c'est impossible."
"Et monsieur Blanquer, notre ministre, ne daigne pas nous adresser la parole. Et ce depuis deux ans. Mais là, juste avant cette grève du 5 décembre, il nous envoie un mail tout mielleux pour nous promettre une revalorisation et des primes... C'est démagogique ! Et les promesses, on connait : pas sûr que ce soit fait..."
Daniel, typographe retraité de 67 ans (CGT)
"Je suis venu défendre les retraites de nos enfants. La retraite par répartition, c'est un acquis social à maintenir. Avec le nouveau modèle, par points, tout le monde va y perdre des plumes. Et nous faire travailler toujours plus tard. Repousser l'âge de départ à la retraite, ça ne règlera pas le problème du chômage chez les jeunes."
Valérie, infirmière de 52 ans
"On a déjà manifesté massivement il y a quinze jours, et on n'a rien obtenu. Cela fait des années qu'on n'obtient rien. Et on se fait entuber ! C'est pas facile, ce travail : on a des heures conséquentes, on a de moins en moins d'effectifs, on travaille de nuit... Vous en connaissez beaucoup, des gens qui travaillent de nuit pour une prime d'un euro de l'heure ? Des gens qui travaillent week-end et jours fériés pour une prime de 45 euros ? Moi, je n'en connais pas beaucoup !
"On a choisi ce métier car c'est un beau métier. Mais le système nous démoralise. On ne peut même pas faire grève, juste porter un brassard, car sinon, c'est de la non-assistance à personne en danger. On a pris nos congés pour venir manifester..."
Kévin, demandeur d'emploi diplômé en droit de 29 ans (LFI - Strasbourg en Commun)
"On est là aujourd'hui car c'est la suite logique des nombreuses manifestations qu'il y a eu cette année et du mouvement des Gilets jaunes. On est là pour dénoncer la politique ultralibérale du gouvernement. Il y a une urgence climatique, et sociale pour les pompiers, pour les infirmières, pour les policiers, pour les étudiants. Il y a des suicides partout, ça part en cacahuète, et il est temps de dire stop ! On veut un monde pour les gens, pas pour l'argent."