Harcèlement scolaire : avec des cours d'empathie, comment l'école veut endiguer ce phénomène

Annoncés pour la rentrée 2024, les cours d'empathie souhaitent apporter une solution crédible au harcèlement scolaire. À Strasbourg (Bas-Rhin), l'école Jean Fischart fait partie des 71 écoles de l'académie à expérimenter cette méthodologie.

À partir de la rentrée 2024, les cours d’empathie vont être généralisés dans les écoles françaises. C'est en tout cas le souhait du gouvernement qui s’inspire du modèle danois pour lutter contre le harcèlement scolaire. "Le meilleur moyen de lutter, c'est de sensibiliser, d'expliquer, de prévenir", indiquait Élisabeth Borne lors de la présentation de son plan interministériel de lutte contre le harcèlement, le 27 septembre 2023.

L’initiative est en expérimentation dans plusieurs établissements alsaciens, une trentaine dans le Haut-Rhin et autant dans le Bas-Rhin. Dans le sud de Strasbourg, l’école Fischart a pu exposer au recteur de l'académie, mardi 12 décembre, différents ateliers en lien avec cette thématique.

L’objectif est double pour l’Éducation nationale. D’une part, ces cours ont vocation à faire diminuer le harcèlement scolaire dans les écoles. D’autre part, ils visent à développer la réussite scolaire. "Plus un élève se sent bien dans son environnement, moins il sera tenté par le décrochage scolaire", explique Céline Mourot Storck, directrice de la pédagogie à l’académie de Strasbourg.

Développer l'empathie à travers le jeu

Le projet ne suit pas un protocole précis et varie d'une école à l'autre. Dans l'établissement strasbourgeois, cette journée du 12 décembre était l'occasion d'exposer différentes initiatives mises en place depuis des années pour lutter contre le harcèlement scolaire. 

La première étape de cette séance était consacrée aux messages clairs et aux messages sourires. Ces outils de communication développés au Canada permettent à l'enfant de régler les conflits par lui-même. Lors d'un incident, l'élève "victime" est invité à exprimer son mécontentement directement à son camarade "agresseur". Le message sourire respecte le même schéma, mais dans le cadre d'une action positive.

Une situation de harcèlement ou d'intimidation a par la suite été reproduite par la classe de CE1 de l'établissement. L'objectif est d'expliquer aux élèves les bons gestes à suivre et vers qui se tourner dans ce type de situation.

Après un temps d'échange, l'atelier s'est clôturé par une activité bien particulière, le jeu des trois figures. Dans ce module, trois élèves jouent une pièce de théâtre, avec à chaque fois un agresseur, un agressé et un témoin. À la fin, les enfants prennent le rôle de leur voisin. Ce jeu les pousse à expérimenter la position de l’autre et à travailler leur empathie.

Des professeurs formés pour l'avenir

Cette dernière étape sera proposée sur dix-huit séances d'une quarantaine de minutes. Lors des neuf premiers cours, des éducateurs spécialisés assurent la totalité des activités. Les maîtres et maîtresses, bien que présents, ne peuvent intervenir. Ils sont invités à participer lors des neuf dernières séances.  

Pour le jeu des trois figures, l'école Jean Fischart peut compter sur ses deux enseignantes spécialisées dans l'aide pédagogique et rééducative (maîtresse E et maîtresse G). "Elles vont former chacune un collègue volontaire pour qu'à l'avenir, l'ensemble des enseignants puisse proposer ces ateliers", explique Gilles Zipper, directeur de l'établissement.

Limiter l'effet de groupe

Les professeurs sont sensibilisés depuis quelques années pour gérer des cas de harcèlement scolaire. Lors d'un conflit entre deux élèves, un dispositif spécifique est mis en place par le corps enseignant. "Nous allons écouter la victime présumée et ensuite le harceleur. Ce dernier va être vu individuellement pendant deux minutes, tous les deux jours, pour lui faire prendre conscience de son geste et ce, de manière pédagogique et bienveillante."

Opposer le harceleur et le harcelé, il n’y a rien de pire

Gilles Zipper, directeur de l'école Jean Fischart

En cas de microconflits, l'école ne cherchera donc pas à diviser, mais plutôt à rassembler les élèves entre eux. "Opposer le harceleur et le harcelé, il n’y a rien de pire. On souhaite opérer différemment." Selon le directeur de l'établissement, cette méthode serait effective dans 85% des cas.

Souvent à l'initiative du harcèlement, l'effet de groupe est également un point central sur lequel l'école veut travailler. "On veut casser ce phénomène. Pour cela, on s'entretient avec les enfants séparément, on les ramène ainsi à leur individualité, à leur empathie" explique Gilles Zipper.

Encore au stade d'expérimentation en France, les cours d'empathie connaissent un franc succès au Danemark. Le "Fri for Mobberi" ("libéré du harcèlement" en français) avait été lancé en 2005 par deux ONG locales pour développer les compétences psychosociales des enfants.

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