"Il faisait partie de ces grands joueurs, c'était une autre époque" : le jour où Robert Wurtz a rencontré Maradona

La mort du joueur de football Diego Maradona, le 25 novembre, ne secoue pas seulement l'Argentine. En Alsace, le célèbre arbitre Robert Wurtz, surnommé "le Nijinski du sifflet", se souvient de sa rencontre avec la star comme si c'était hier. Il revient sur ce match amical de 1997 en Espagne.

De son Argentine natale à l'Alsace, il y en a des kilomètres. Et pourtant, plusieurs Alsaciens peuvent se vanter d'avoir rencontré l'icône du football, Diego Maradona, mort le 25 novembre d'un arrêt cardio-respiratoire. Robert Wurtz fait partie de ces chanceux. Accompagné d'Erwin Schlenker et de Lucien Kaiser, le célèbre arbitre alsacien a rencontré la star du ballon rond en avril 1997, en Espagne, lors d'un match amical organisé par le premier syndicat mondial de footballeurs. 

En 1995, le journaliste sportif Didier Roustan met sa carrière de côté pour créer l'Association internationale des footballeurs (AIFP). Elle rassemble alors plusieurs grands joueurs, à l'instar d'Éric Cantona et de Diego Maradona, respectivement vice-président et président. Ce dernier devient le président de l'équipe sud-américaine qui affronte "l'Europe" au stade Montjuich, le stade olympique Lluís-Companys, sur les hauteurs de Barcelone. Du Brésil à l'Espagne, Robert Wurtz voyage pour nous dans ses souvenirs.

"Maradona commençait à être bedonné, moi aussi"

L'arbitre alsacien se souvient encore du résultat final : 4 buts à 3. Pour lui, c'est presque une évidence mais c'est bien de le préciser, "c'est l'équipe de Diego Maradona qui a gagné." Plus que le match en lui-même, Robert Wurtz se souvient de l'ambiance, du stade et de ses 10.000 spectateurs, mais aussi de certains détails et de phrases marquantes. "A la mi-temps, je dis à Eric Cantona : 'le président [Diego Maradona] fait parfois des remarques sur l'arbitrage, qu'est-ce qu'on peut faire ?', il m'a répondu : 'on ne peut rien faire, c'est le président'", blague l'arbitre au téléphone.

Comme lui, Diego Maradona, alors âgé de 37 ans, avait mis fin à sa carrière professionnelle. "Il fallait se maintenir en formeMaradona commençait à être bedonné, moi aussi. Il allait déjà un peu moins vite, mais il bousculait encore bien le jeu, c’était la star et son pied gauche était toujours là. Il avait le tempérament belliqueux pour faire un bon professionnel."

 

Maradona bousculait encore bien le jeu, c’était la star et son pied gauche était toujours là.

Robert Wurtz, ancien arbitre

Et c'est peu dire que le joueur argentin a marqué son époque. Une époque marquée par des personnalités plus que par des joueurs. "Il fait partie de ces grands joueurs, c’était une autre époque. C’était l’époque où les joueurs avaient encore leur personnalité, ils pouvaient se montrer sur le terrain. Maintenant, ils sont aux mains d’agents qui leur disent ce qu’ils peuvent faire ou pas. Ils laissaient aller leur talent, rien n'était calculé", estime Robert Wurtz. 
 

"Le Nijinski du sifflet"

Si l'Alsacien a pu arbitrer ce match, c'est aussi parce qu'il est lui-même un numéro dans le domaine. Il a été élu meilleur arbitre du football français à cinq reprises, en 1971, 1974, 1975, 1977 et en 1978. Mais il est surtout reconnaissable par son surnom, "le Nijinski du sifflet", en référence au danseur étoile d'origine polonaise, Vaslav Nijinski. Un surnom que l'on doit à un journaliste présent lors d'un match amical à Sao Paulo, au Brésil. "Je me souviens de la date exacte. C'était le 17 avril 1974, le Brésil se préparait pour la Coupe du monde de 1974 et avait organisé une série de matchs amicaux. Le pays avait fait venir des arbitres de différents pays et j'en faisais partie. Je voulais me faire connaitre par la foule alors j’ai fait quelques sprints sur le terrain et à la sortie du match j’étais attendu par une dizaine de journalistes brésiliens et l’un d’entre eux m’a surnommé le Nijinski du sifflet."

Plus tard, Robert Wurtz a repris le sifflet pour devenir l’arbitre de l’émission Intervilles, de 1998 à 2007, diffusée sur TF1 puis France 3. Autre fait marquant dans la vie de l'Alsacien, l'obtention de la Légion d'Honneur en 2002 au Stade de France.
 
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