Faute de moyens humains et matériels, les urgences du Nouvel Hôpital Civil ont fermé leurs portes le 23 août 2023. Les syndicats ont rencontré Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg, pour tenter de faire un état des lieux de la situation critique des hôpitaux universitaires de la Ville.
C'est une situation qui perdure depuis de nombreux mois. Les hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS) sont au bord de l'implosion. Quelques jours après un nouveau droit d'alerte lancé par le syndicat Force ouvrière (FO), c'est le Nouvel hôpital civil (NHC) qui tire la sonnette d'alarme. Dans la matinée du 23 août, Sébastien Harscoat, le responsable des urgences, a décidé de "stopper les admissions par le SAMU et de fermer le site", pour cause de saturation. "Bien sûr, si un patient se présente en détresse vitale, on va le prendre en charge", précise-t-il.
De son côté, Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg, a demandé à rencontrer les représentants du personnel pour faire un point sur la situation. C'est chose faite, ce jeudi 24 août. Selon Christian Prud'homme, secrétaire général FO des HUS, ce dialogue était "nécessaire pour que tous les acteurs publics considèrent le problème majeur des urgences strasbourgeoises".
Au cours d'une réunion qui a duré près d'1h30, la mairie s'est engagée à "apporter son aide". "On a parlé des difficultés des services de psychiatrie, dont elle va tenter de régler le problème", précise le secrétaire général.
Jeanne Barseghian assure qu'elle va aussi revoir la sécurité aux abords des urgences. Dans la nuit du 6 au 7 août 2023, un homme en état d'ivresse a volontairement blessé trois urgentistes à l'hôpital de Hautepierre. "La maire va parler à son adjoint à la sécurité pour remettre en place des patrouilles de police autour des urgences", précise Christian Prud'homme.
400 lits fermés aux HUS
La situation est d'autant plus alarmante qu'elle provoque parfois de longues files d'attente devant les urgences. Début juin 2023, des dizaines de véhicules de secours attendaient devant les portes du NHC, faute de places.
Trois mois plus tard, le flux des patients n'arrive toujours pas à se fluidifier. "Je mets en cause la direction de l'hôpital, l'Agence régionale de santé et le ministère de la Santé. Ils sont tous au courant", lance Sébastien Harscoat, responsable des urgences du NHC par intérim.
200 lits sont fermés à cause d'un manque de personnel
Christian Prud'homme, secrétaire général FO des HUS
En cause, le manque criant de lits. "Nous avons environ 400 lits fermés aux HUS. 200 d'entre eux le sont à cause d'un manque de personnel", constate le secrétaire général FO. Selon lui, il arrive qu'un médecin ait 30 patients à sa charge par jour. "Il ne faut pas s'étonner que certains ne veulent plus travailler dans ces hôpitaux".
"Aujourd'hui, il n'y a même plus de directeur général après le départ de Michaël Galy. Certes, il y a une direction par intérim, mais elle ne pourra pas engager des réformes budgétaires", explique-t-il. Face à ce problème chronique, les syndicats ont écrit un courrier à Aurélien Rousseau, le ministre de la Santé, et espèrent une action de l'Etat prochainement.
La certification HAS en ligne de mire
Alors même que la direction des HUS affirme que les urgences du NHC n'ont pas fermé, mais ont transféré des patients à Hautepierre, les syndicats appellent à ne pas déplacer le problème. "Il faut agir maintenant. On alerte tous les politiques et les pouvoirs publics. Il faut une prise de conscience collective", s'alarme Christian Prud'homme.
Les syndicats vont également alerter la Haute autorité de santé (HAS). Cette dernière réalise, tous les quatre ans, un contrôle des soins d'un établissement de santé. Cette procédure indépendante est obligatoire et dure dix jours. Elle permet aussi d'évaluer le niveau de qualité d'un hôpital. "On ira à leur rencontre pour leur dire que la situation actuelle est devenue impossible", annonce-t-il.
En plus du manque de personnel, la situation financière est devenue catastrophique, selon les syndicats. "Il y a une perte de 9 millions d'euros de la part de l'Institut de cancérologie, qui ne sont pas compensés par l'Etat. La situation est grave, car elle impacte la prise en charge des patients".
En attendant, les syndicats et le personnel des hôpitaux espèrent que la direction procédera à un recrutement massif dans les semaines à venir afin de sauver les hôpitaux strasbourgeois.