Ken l'Outsider a réalisé un défi estival diffusé sur Youtube. Le concept : troquer un simple trombone... contre un objet plus cher (un Canadien a ainsi obtenu une maison). Ken a récolté un iPhone durant l'été 2018, échangé au final contre une trottinette en 2020. La suite est en cours de tournage.
Échangeriez-vous votre trottinette électrique contre un trombone (blanc) ? Probablement que non. Mais c'est ainsi qu'un étudiant de Strasbourg (Bas-Rhin), qui se fait appeler Ken l'Outsider sur Youtube, a obtenu sa trottinette.
Ce pseudonyme est celui d'un garçon qui s'est lancé un défi pour le moins osé. Il faut un peu de culot... mais ça marche. Certes, pas autant - pour l'instant du moins - que le Canadien Kyle MacDonald. Lequel est parvenu en 2005 à échanger son trombone (rouge)... contre une maison.
Pas directement, évidemment : Ken comme Kyle sont passés par une série de trocs intermédiaires pour atteindre leur Graal respectif. Sauf que le vidéaste (ou Youtubeur) strasbourgeois est loin d'avoir terminé son défi.
Ce dernier avait commencé durant l'été 2018 : le trombone avait permis à Ken d'obtenir un iPhone, au final. Mais il ne s'agissait que de la première partie. La deuxième, révélée en décembre 2020, a été tournée à cheval sur les étés 2019 et 2020 à cause du covid (à découvrir dans la vidéo ci-dessous).
Ce deuxième volet a été publié tardivement (décembre 2020) pour "raisons scolaires". Pour la suite, le vidéaste a créé un courriel, kenechange@gmail.com, pour lui proposer des trocs particuliers. Même si sa date de sortie est tenue secrète, le troisième opus est actuellement en cours de préparation (été 2021). L'occasion pour France 3 Alsace de solliciter (à nouveau) Ken pour qu'il raconte ses pérégrinations.
"La vidéo était quasiment prête avant le coronavirus", explique Ken. "Ça m'a ralenti pour le dernier échange." Qui n'a pu se conclure qu'en juin 2020 (trottinette électrique), onze mois après celui d'une Playstation 4 contre un vélo électrique (juillet 2019).
Un défi humain... et écologique
Le premier épisode était centré sur Strasbourg, avec une petite incartade à Sélestat (Bas-Rhin). Cette fois, Ken s'est rendu en TGV à Nancy (Meurthe-et-Moselle) avant de parcourir à nouveau l'agglomération strasbourgeoise, du nord (Vendenheim) au sud (Illkirch). "Dans la première partie, on avait fait pas mal de boutiques avec du potentiel à Strasbourg. Mais on avait besoin d'un terrain nouveau."
La valeur des objets augmentant, il est devenu dur de faire des échanges en pleine rue comme dans la vidéo initiale. Mais Ken n'a pas baissé les bras et frappé aux portes des magasins. "C'est devenu très compliqué. Il faut vraiment tomber sur une personne qui a envie et qui possède un objet intéressant à céder. La deuxième vidéo marque une rupture, dans le sens où il faut plus d'organisation. C'est presque devenu un business, entre guillemets."
Le troc, ça permet de faire revivre certains objets.
Mais qui n'efface pas le côté humain du défi pour autant. "Il y a clairement un côté humain. Et développement durable, mine de rien : le troc, ça permet de faire revivre certains objets." C'est bien vrai, et c'est parfois un mode de vie : mieux vaut donner une seconde vie à nos biens plutôt que de les laisser dans l'ombre d'un tiroir ou d'un placard.
L'escapade nancéenne a permis d'échanger l'iPhone contre la console de jeux XBox One (avec le jeu-vidéo Fifa 16), puis un nouvel iPhone plus récent. Après cette montée en gamme, c'est dans l'Eurométropole de Strasbourg que les plus beaux échanges ont à nouveau eu lieu (voir la carte ci-dessous pour les détails).
Mention à Guy Pensavalle, co-gérant de la boutique CityZen Bike-Cyclable du faubourg de Saverne, à Strasbourg. Séduit par le défi de Ken, il a accepté d'échanger la Playstation 4 avec le jeu de football Fifa 18 (valeur 200 euros) de ce dernier contre un vélo électrique d'occasion (qui coûte 250 euros). On l'entend dire dans la vidéo "mon fils va être ravi, ma femme beaucoup moins"... Un défi qui fait (sou)rire.
Un très grand magasin, mais qui se veut très proche
La rencontre de Ken avec le patron du Auchan Baggersee d'Illkich est aussi à souligner. Joint par France 3 Alsace, Frédéric Agaud reste enthousiaste un an après les faits. "C'était intéressant de rencontrer un jeune qui se bouge, qui a envie de faire des choses. Ce défi, je l'ai trouvé super. C'est intelligent de montrer que par une chaîne humaine, on arrive à créer de la valeur. Quand chacun contribue à sa hauteur, on arrive à quelque chose de grand."
Ce défi, je l'ai trouvé super. C'est intelligent de montrer que par une chaîne humaine, on arrive à créer de la valeur.
Une expérience humaine qui l'a ravi... et proche des valeurs affichées par son Auchan. "C'est assez symbolique. Il m'a fait découvrir ce concept, que j'ai trouvé amusant. Et j'ai eu envie de l'aider car notre magasin a envie d'être un acteur qui favorise l'écosystème dans lequel on est. Partout où il y a des gens qui veulent agir, on est à leurs côtés quand il s'agit de responsabilité sociale, ou environnementale..."
"C'est dans nos gènes", poursuit Frédéric Agaud. "C'est pour ça qu'on travaille avec une dizaine d'associations caritatives, comme les Restos du coeur ou des plus petites." La SPA de Strasbourg (actuellement débordée) y fait souvent des collectes de croquettes, par exemple.
D'où l'échange par Frédéric Agaud d'une trottinette électrique toute neuve, contre le vélo électrique d'occasion appartenant à Ken. "Il était audacieux, je voulais qu'il réussisse son truc. Je suis content d'avoir un peu contribué à ce que ça marche." Le directeur n'est pas reparti avec le vélo. De bonne facture, ce dernier est resté au Auchan. Un tirage au sort a été organisé pour permettre à la clientèle de repartir avec.
Un défi 100% positif
Si Ken s'est mis en tête de réaliser ce défi, c'est pour voir jusqu'où il allait l'amener. Il n'a pas souhaité se reposer sur les lauriers acquis à l'issue du premier volet. "En vrai, l'iPhone, c'était déjà pas mal. Jamais je n'aurais cru aller jusque-là..."
"Mais quand on est arrivé jusque-là, et qu'on se dit que quelqu'un a réussi à avoir une maison... On a envie de continuer un peu pour voir jusqu'où on peut creuser. J'essaye de ne pas trop m'imaginer de choses, trop espérer. Et j'y vais au feeling, au petit bonheur la chance. Car la chance, elle se provoque." Malgré les 675.000 vues du premier volet, le vidéaste n'en a tiré aucun revenu (à revoir ci-dessous).
Contrairement à la première vidéo de Ken, beaucoup de vidéos créées par des Youtubeurs sont monétisées. Leur permettant dans certains cas d'en vivre (parfois confortablement). Tel est le cas de Mastu, avec ses 3 millions d'abonnements et 200 vidéos. À noter aussi, Elioth et sa vidéo à 47 millions de vues : ce succès (totalement imprévu) lui avait permis de payer ses études.
Ken, lui, ne pense pas aux chiffres et préfère voir l'aspect ludique de la chose. "De base, je ne suis pas quelqu'un d'introverti. Tout dépend des moments. Pour ce genre de défis, il faut être assez à l'aise à l'oral. Et pour me pousser à aller voir les gens, faire ce que j'ai entrepris, je me suis dit que c'était un jeu. Je ne me suis pas posé la question d'avoir peur ou non."
Mais il faut savoir accepter de se voir opposer des refus (un commerçant s'était même moqué de lui devant sa clientèle lors du premier tournage). "J'ai toujours espoir d'entendre un oui. Il y a de grosses montées quand j'ai eu un oui juste avant, puis que le commerçant dit non ensuite : ça impacte plus. Les moments que j'ai filmés où me dit [finalement] non, c'était ceux où on m'avait dit oui juste avant. Il y a l'euphorie du oui, puis on se prend un non..."
Je me suis dit que c'était un jeu. Je ne me suis pas posé la question d'avoir peur ou non.
Et gérer certaines appréhensions. "J'ai parfois peur d'être bloqué. Mais ce qui est cool avec ce défi, c'est qu'il a trop d'opportunités. Je sais que même s'il y a un non quelque part, je sais en continuant, on trouvera forcément quelqu'un qui trouvera le défi sympa. C'est ce dont je me suis rendu compte. Donc quand on me dit non, il y a cette petite voix qui me dit : va voir ailleurs, de toute façon on est parti d'un trombone, donc voilà."
Les retours sont positifs. "J'ai revu quelques personnes sollicitées. Elles m'ont encore encouragé dans ma démarche." Sa famille et son entourage sont aussi là pour le soutenir dans la suite de son défi. "Ce que ça m'a aussi apporté, c'est que j'étais en interaction sociale avec des gens. J'ai découvert de nouvelles personnes et de nouvelles villes en voyageant un peu." De quoi garder des souvenirs... et faire plein (d'autres) vidéos. On attend la suite.