Maxime Mabilia est un passionné de Uno âgé de 21 ans. Il vit dans les environs de Strasbourg (Bas-Rhin), et pour vaincre sa timidité, s'est mis à proposer aux gens dans la rue... de jouer au Uno. Et depuis le premier déconfinement de juin 2020 : ça marche plutôt bien.
Peut-être que vous aimez jouer au Uno. Maxime Mabilia, un animateur de périscolaire strasbourgeois de 21 ans, en est un véritable passionné.
Au point qu'il propose aux gens dans la rue de jouer avec lui. Il a commencé au sortir du premier déconfinement (en juin 2020), avec l'espoir de vaincre sa timidité.
Et ça a marché. Plusieurs personnes se sont jointes à lui, tantôt sur les rives d'une gravière, tantôt sur les blocs du quai des Bateliers, ou encore sur l'herbe de la place des Tripiers ou bien de l'Orangerie... Mais aussi (surtout maintenant que l'hiver est là) dans son quasi-QG : l'Académie de la bière située derrière la cathédrale (voir sur la carte ci-dessous).
"C'est venu de mes vacances en Espagne en 2018", raconte Maxime Mabilia à France 3 Alsace. "On faisait des Uno avec des amis. Dès qu'on perdait, on devait aller voir des personnes dans la rue pour jouer au Uno avec nous. Vu que je perdais souvent, c'était moi qui allais le leur proposer. Ça marchait à chaque fois."
Une fois passées les vacances (et un début de pandémie), il y a repensé et a eu envie de le refaire. "Pour recréer du lien social. Pour faire de nouvelles rencontres aussi, car je suis timide, je ne sais pas trop comment aller vers les gens que je ne connais pas." En général, les gens jouent... le jeu.
Voilà pourquoi le Uno. "C'est le jeu le plus simple pour tenter de jouer avec les personnes. C'est simple et accessible. On y joue depuis petit." Les goûts personnels rentrant aussi en compte. "C'est un jeu qui a plein de couleurs. Et j'aime beaucoup les couleurs, les chiffres..."
Des couleurs qu'on retrouve dans sa chambre, où l'on voit des boîtes de Uno dans tous les coins et recoins. C'est une véritable collection (de 38 exemplaires : il affectionne les éditions anciennes). La maison-mère du jeu Uno, Mattel, lui a envoyé un carton de 33 jeux. Maxime Mabilia avait participé à un tournoi de Uno à Paris (Île-de-France), et y avait présenté son projet. Qui a visiblement beaucoup plu.
Maxime Mabilia a créé un compte Instagram, Unostrasbourg, où chaque photographie constitue un souvenir d'une de ses parties. Vu les sourires, toutes semblent avoir été particulièrement enjouées (voir par exemple l'image ci-dessous).
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"D'abord, les gens hésitaient un petit peu, avec les gestes-barrières, tout ça... Mais après, avec le temps, ça s'est débloqué." Et l'accueil de sa démarche est plutôt cordial. "Les gens sont surpris, ils ne s'y attendent pas du tout. Il y a de tout : ceux qui trouvent l'idée super géniale, d'autres qui sont un peu perturbés... Il y en a qui ont ri." Une fois, une personne attirée par les exclamations s'est jointe au groupe. Sans compter les regards un peu interloqués. Globalement, les gens sont "assez ouverts".
Les gens sont surpris, ils ne s'y attendent pas du tout.
Maxime Mabilia, joueur émérite de Uno
"Généralement", Maxime Mabilia joue avec des gens de son âge, le vendredi et le samedi soir. "Pendant l'hiver, je demande plutôt aux gens dans les bars. Pour le moment, on est surtout allé à l'Académie de la bière. C'est un bon endroit car la musique n'est pas trop forte, et j'aime bien l'ambiance. On avait essayé une fois au Raven, mais le patron ne voulait pas qu'on joue aux jeux de cartes... j'étais assez déçu." Si on vient voir Maxime Mabilia pour jouer, il en sera enchanté. "Grâce à ça, je suis beaucoup plus ouvert, j'ose aller vers les personnes. Ça m'a aidé à prendre confiance en moi."
Après tout ce temps, le joueur de Uno commence d'ailleurs à avoir sa réputation. "On est venu vers moi, reconnu. Au tout début, j'avais joué avec eux dans la rue. Et on s'est recroisé à la terrasse d'un bar. J'aime beaucoup : si les gens se souviennent de toi, c'est que tu les a marqués." Souvenir moins agréable : une partie qui s'est éternisée à cause d'un débat de 30 minutes portant sur le moment où prononcer "Contre-Uno".
"Je préfère jouer avec les vraies règles. Mais je m'adapte, car je pense qu'il n'y aurait alors pas grand-monde pour jouer avec moi. Techniquement, si le jeu est jaune, que vous avez du jaune en main et un +4, on peut vous accuser de ne pas avoir joué la couleur si vous avez posé un +4. Et on n'additionne pas les +2 et +4." On est prévenu.
Un tournoi dans un bar à jeux : pourquoi pas
Maxime Mabilia, dont la démarche a été révélée par Pokaa, ne cache pas son envie de voir un tournoi de Uno organisé dans l'un des - nombreux - bars à jeux de la ville. Sollicité par France 3 Alsace, Marine Edel, co-gérante du Dooz (aussi connu pour sa destroy room), évalue l'idée. "Si c'est bien organisé, que la personne nous contacte... Ça peut le faire. Je pense que ça peut attirer du monde. Je sais que ce jeu est un must have : si des gens viennent sans connaître de jeux, ils demandent celui-là. Je sais aussi qu'à l'époque, Fabrice Dunis voulait organiser un tournoi."
Fabrice Dunis, le gérant de la librairie Le Camphrier, est aussi l'organisateur de la Japan Addict Z. Un tournoi de Uno s'y est effectivement déroulé, fin octobre 2021. "Ça s'est plutôt bien passé. C'était un peu une blague, à la base, pour fêter les 50 ans du jeu. Avec le Puissance 4, c'est un peu le jeu auquel tout le monde sait jouer." Il y a eu une cinquantaine de joueurs et joueuses. "C'est beaucoup par rapport à une animation décidée sur le tard, sur laquelle on avait peu communiqué." La passion du Uno est donc collective. Et ne demande qu'à être satisfaite...