Interdiction des mortiers : en Alsace, "il faut enrayer le problème urgemment", selon les syndicats de police

Suite à l'attaque d’un commissariat du Val-de-Marne, dimanche 11 octobre 2020, le ministre de l’Intérieur a annoncé vouloir interdire la vente de mortier d’artifice sur internet. Des engins traditionnellement utilisés en Alsace, notamment à Nouvel An.

La vente en ligne et l’utilisation de mortiers sera-t-elle bientôt proscrite en France ? C’est en tout cas le souhait du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Dimanche 11 octobre 2020, au lendemain de la violente attaque d’un commissariat à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne) par une quarantaine d’individus équipés de barres de fer mais aussi d’engins explosifs, ce dernier a indiqué vouloir interdire, par une loi, la vente au public, sur Internet, des mortiers d'artifice qui seront considérés comme "des armes par destination".

"Ils peuvent blesser, ils peuvent tuer, et il faut aujourd'hui que nous arrêtions cette vente sur Internet, cette vente qui n'est pas destinée à des professionnels et que nous la pénalisions", a expliqué le ministre.
 


Une mesure que réclame le syndicat Alternative Police depuis plusieurs mois. "Avec ce qui s’est passé à Nouvel An dernier, on prône évidemment une interdiction totale. Certains disent que ce n’est pas suffisant, mais il faut déjà enrayer le problème. Sur la voie publique, ce n’est tout simplement plus gérable", explique Sylvain André, délégué départemental Alternative Police CFDT Bas-Rhin.

Le constat est implaccable. Ces tubes de carton remplis de charge explosive, traditionnellement destinés aux feux d'artifice, sont de plus en plus souvent détournés et utilisés comme des armes par les délinquants.


Le spectre de la Saint-Sylvestre


Dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier 2020, près de 300 véhicules avaient été incendiés dans le Bas-Rhin. 220 rien qu'à Strasbourg. Sept policiers avaient été légèrement blessés par des tirs de mortiers. Une nuit de la Saint-Sylvestre explosive et tragique au cours de laquelle, un jeune homme avait également trouvé la mort après avoir manipulé un pétard de type « mortier », lors d’une fête entre amis à Haguenau.

"Chaque année on en fait la douloureuse expérience dans le Bas-Rhin. Il y a bien des arrêtés pris par la préfecture pour interdire l’importation de ces engins chez nous. Il y a également des dispositifs de contrôle mis en place chaque année. Mais on ne peut pas contrôler tous les véhicules", réagit Christophe Rouyer, secrétaire départemental du syndicat Police Alliance, quelque peu désabusé.  "On ne se fait pas d’illusions. On sait bien qu’on peut facilement s’approvisionner de l’autre côté du Rhin, en Allemagne. Sur Internet également. Il faudrait surtout une réponse pénale plus sévère pour les utilisateurs."

Dans tous les cas, "les pouvoirs publics doivent se saisir de la question, urgemment", reprend Sylvain André. "Halloween arrive et les problématiques recommencent. On a une recrudescence de voitures brûlées. Sur le Bas-Rhin et surtout sur Strasbourg, on sait très bien que l’antichambre de Nouvel An, ça reste Halloween. C’est un premier indicateur des violences urbaines. Et depuis quelques jours, on entend déjà l’utilisation des mortiers et feux d’artifices".

"On appréhende. On est vraiment inquiets de savoir comment va se passer la fin d’année 2020, d’autant que nous sommes de moins en moins nombreux. Les effectifs ne suivent pas", indique de son côté Christophe Rouyer.

Selon lui, un important dispositif de sécurité sera déployé en fin d’année dans le Bas-Rhin pour éviter de vivre une nouvelle flambée de violences. Les syndicats de police, qui doivent rencontrer ce mardi 13 octobre le ministre de l'Intérieur, seront également reçus par le président de la République jeudi matin.
 
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