Dans la nuit du 24 au 25 mars, Alfred et son épouse ont subi un home-jacking chez eux à Strasbourg (Bas-Rhin). S'ils ont fui avant de voler quoi que ce soit, les cambrioleurs ont sérieusement blessé ce couple de septuagénaires.
La nuit était calme, Alfred et son épouse dormaient à poings fermés depuis une heure déjà dans cette maison de maître du cossu quartier des XV à Strasbourg, quand soudain, un bruit a déchiré le silence. "Quelque chose m'a réveillé, je n'arrive pas précisément à me souvenir, mais je pense que c'était le bruit du caillou qu'ils ont jeté dans la porte vitrée", explique Alfred, trois jours après un home-jacking révélé par les Dernières Nouvelles d'Alsace.
Les yeux grands ouverts désormais et le cœur battant, Alfred se lève et jette un œil vers le fond de la maison. "Depuis mon lit, on peut voir la salle à manger, et j'apercevais des lumières, des torches. J'ai vu deux hommes en cagoule, avec des lampes au front. Dès qu'ils m'ont vu, ils m'ont aspergé de gaz lacrymogène". Le septuagénaire s'est alors mis à crier pour "sonner l'alerte" et avertir ses locataires, logés à l'étage. "J'ai pensé qu'ils allaient partir, qu'ils allaient prendre peur, car ils n'aiment pas être repérés. Mais ce n'est pas ce qui s'est passé".
Loin de prendre la fuite, les bandits assènent un coup de poing à Alfred pour le faire taire. Et les cris ont surtout alerté son épouse, qui s'est aussi mise à crier par peur qu'Alfred soit en train de se faire agresser. "Ma femme s'est fait jeter par terre et battre, des coups de pied tout au long du corps. Ils la traitaient de salope, moi de fils de pute, tout en nous demandant où était le fric. C'était violent..."
Des séquelles physiques et morales
Alfred profite d'un moment d'inattention de ses agresseurs pour monter à l'étage et prévenir les locataires. C'est seulement à ce moment que les cambrioleurs se sont enfuis, a priori sans rien subtiliser. "Très vite, la police est arrivée, puis l'ambulance. Ma femme et moi avons été transférés aux urgences. Moi, j'avais reçu un coup à la tête, et avec mes anticoagulants, il y avait un risque d'hémorragie. Ma femme était dans un sale état..."
Aujourd'hui, j'ai peur de me lever la nuit pour aller aux toilettes
Alfred
C'est quand il parle de sa femme que la voix d'Alfred tremble un peu, même trois jours plus tard. "C'est très sérieux, elle vient de se faire opérer du coude. Elle avait déjà été très choquée quand on s'était fait cambrioler une fois pendant nos vacances, alors là..."
Les nuits ont été difficiles depuis l'agression. "J'ai peur de me lever la nuit pour aller aux toilettes. Pourtant j'ai barricadé la porte et les fenêtres, et les policiers nous ont bien expliqué que généralement, ils ne revenaient pas deux fois au même endroit, mais rien n'y fait. Je ne pense pas qu'on oubliera." Alfred a déjà pris un rendez-vous chez le psychologue. Il a conscience d'avoir été profondément traumatisé. Sa femme n'a pas souhaité témoigner. Les autorités ont recensé 515 home-jackings et tentatives en France en 2023, contre 475 en 2022 et 585 en 2019.