Des objets, de la vaisselle, des vêtements et des livres gratuits ou à petits prix pour permettre aux étudiants de commencer l'année universitaire sans trop de frais. L'opération "campus solidaire" de l'université de Strasbourg sera reconduite un jeudi par mois tout au long de l'année.
Les tables sont couvertes de verres, tasses et assiettes. Plus loin, des portants croulent sous les vêtements, des livres s'empilent dans des cartons. Tous ces objets du quotidien ont été donnés par des associations, mais surtout des anciens élèves et le personnel de l'université. Pour permettre aux étudiants de démarrer l'année avec un petit coup de pouce.
L'opération s'appelle "campus solidaire", et elle existe depuis dix ans à l'université de Strasbourg (Bas-Rhin), qui reconduit maintenant le rendez-vous un jeudi par mois, ce sont les jeudis solidaires. Des associations donnent un coup de main, il s'agit d'Emmaüs, Caritas, le Secours populaire, mais aussi la mission solidarité, Strasbourg aime ses étudiants, AFEV, Respir, le Spacs, Cop1 et l'Agoraé.
Ça libère de l'espace mental
Une étudiante qui travaille
Une étudiante tourne et retourne des habits. "Je cherche des tenues noires pour le boulot, j'ai trouvé une super jupe pas chère, c'est une affaire ! Et puis avec tout ce qu'il y a à payer, c'est toujours ça en moins à acheter, ça libère de l'espace mental."
Sur les 55 000 étudiants, environ 30 % travaillent pour financer leurs études, une situation de précarité qui choque Nicolas Matt, vice-président de l'université de Strasbourg, même si elle n'est pas nouvelle. "La situation de précarité des étudiants s'est révélée avec la crise du covid, se souvient-il. Mais nous, enseignants-chercheurs, l'avions remarqué depuis plus longtemps. Ça fait dix ans que nous faisons cette opération de dons, pour les soulager et les aider dans leur quotidien."
L'enseignant-chercheur va même plus loin. "La précarité étudiante est une menace pour toute notre société. Notre mission, c'est de former la génération d'après. C'est anormal et injuste que certains étudiants doivent impérativement travailler à côté de leurs études pour les financer. Au final, ils ne peuvent pas exercer leur mission, confiée par la société – puisque les études sont gratuites – d'être étudiant à plein temps. Et c'est une rupture d'égalité pour les étudiants."
Le contrôle continu intégral
Une étudiante s'approche doucement d'une table, jette un coup d'œil intéressé. "Je cherche de la vaisselle pour mon studio, je viens d'emménager. Une fois le loyer, la caution payée, il ne reste pas grand-chose. Là, j'ai trouvé des choses vraiment bien et pas chères, c'est super que ça existe."
Pour lutter contre cette inégalité, l'université a introduit le contrôle continu intégral : évaluation des étudiants de Strasbourg tout au long de l'année, en 180 points d'évaluation environ, plutôt que deux périodes de partiels. "C'est pour donner à tous un bon rythme de travail [universitaire, NDLR], nous remarquons qu'ainsi, il y a moins de décrochages pour les étudiants qui travaillent par ailleurs."
Le 26 septembre, une opération semblable aura lieu à Illkirch (Bas-Rhin). Et tout au long de l'année universitaire, l'université de Strasbourg donne rendez-vous aux étudiants lors des "jeudis solidaires".