Les centres socio-culturels manifestent mercredi, "on veut surtout montrer tout ce qu'on fait d'essentiel"

Budgets impossibles à boucler, charges en hausse constante... Les centres socio-culturels se mobilisent mercredi 31 janvier, chose rare, pour alerter sur leurs difficultés, mais aussi faire connaître leurs actions. Parce qu'ils sont un "maillon essentiel du vivre ensemble".

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Concerts de casseroles, vêtements colorés pour tous... Ce mercredi 31 janvier, les acteurs des centres sociaux culturels (CSC) du Bas-Rhin ont décidé de se faire entendre et de se faire voir. Le mouvement est national. Ils veulent alerter sur la fragilité du secteur, jalon essentiel du lien social dans les territoires.

Le nerf de la guerre : le financement bien sûr, car les CSC n'échappent pas à la réalité économique morose. Hausse des coûts de l'énergie, des charges salariales... "On sait qu'en 2024, on n'arrivera pas à boucler le budget" explique Fabien Urbes, le directeur de l'ARES à Strasbourg. L'association des résidents de l'Esplanade est financée à 45% par la Caisse d'allocations familiales et la Ville de Strasbourg, et pour les 55% restants par les activités générées par ses activités propres (école de musique, accueil de loisirs...)

"Depuis des années, tous les CSC ont engagé un travail de réduction des charges. Regroupement des achats, baisse du chauffage, entretien du matériel... Mais ça ne suffit plus. On commence à réfléchir à ne pas remplacer les collègues qui vont partir à la retraite", regrette le directeur de l'association.

Masse salariale

65 salariés travaillent à l'ARES, soit 25 "équivalents temps plein" et ce qui représente 900 000 euros de masse salariale. C'est-à-dire la moitié du budget annuel de l'ARES qui s'élève à 1,8 million d'euros.

Dans ce contexte, la revalorisation des salaires décidée par le syndicat employeur au 1ᵉʳ janvier 2024 (entre 6 et 12% d'augmentation)  va peser lourd dans la colonne des dépenses : "C'est une très bonne chose pour les salariés, mais cela fait 60 000 euros à sortir en plus pour nous" conclut Fabien Urbes.

On ne dit pas juste : "On veut plus d'argent". On veut surtout montrer tout ce qu'on fait d'essentiel

Fabien Urbes

Directeur de l'ARES

Pour autant, le combat des CSC ne se résume pas aux finances, loin de là. "On ne dit pas juste : "On veut plus d'argent". On veut surtout montrer tout ce qu'on fait d'essentiel, mais sans que ce soit très visible ou très connu." Et le responsable de multiplier les exemples concrets : "Chez nous, les personnes âgées passent, juste pour briser un peu leur isolement. Des étudiants qui sont en galère alimentaire. Des publics aisés et des publics plus fragiles se côtoient à l'école de musique. On est un maillon essentiel du vivre ensemble et on voudrait que ça se sache".

Soutien des financeurs

L'ARES propose des cours de français langue étrangère (FLE). "On a une grosse demande pour ça, 120 personnes les suivent dans le quartier. C'est très important pour l'intégration. Nous sommes obligés de les financer à hauteur de 50% alors que c'est une mission relevant des quartiers prioritaires. Parfois, on se demande si on ne compense pas un peu les manquements étatiques et institutionnels. Nos financeurs nous disent de continuer, mais ne nous donnent pas le budget pour le faire."

Demain, il faudra faire des choix. Budget oblige. Continuer les cours de FLE ou prioriser l'accueil de loisirs par exemple ? "Quel projet, quelle action, quel public ? Il faudra trancher." Les professionnels des centres sociaux culturels se sentent fatigués de consacrer de l'énergie à la recherche de financement plutôt qu'au développement de nouveaux projets. "Même si cette fatigue amène à de la colère, notre mobilisation sera festive. Parce que c'est notre état d'esprit".

Ce mercredi, les CSC invitent tout le monde à les rejoindre et à les rencontrer. À l'ARES, ce sera rue d'Ankara à 14h30, en couleurs et en musique. Même chose pour les 28 autres CSC du Bas-Rhin, qui travaillent pour plus de 400 000 habitants.

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