Manifestation des agriculteurs à Strasbourg le 21 octobre : "trop de normes, pas assez de soutien" face aux retards des aides de la PAC

Moins de paperasse, moins de normes, plus de temps dans les champs, c'étaient les promesses du gouvernement après les grosses manifestations de l'hiver 2023-24. Dix mois plus tard, la situation s'est encore aggravée avec le retard des paiements des aides de la PAC. Les agriculteurs alsaciens seront dans les rues de Strasbourg lundi 21 octobre.

C'est un mouvement de grogne général. "La simplification, après les blocages de janvier, on nous l'a promise. Mais rien n'a changé, c'est même l'effet inverse". Franck Sander, président de la FDSEA (fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles) du Bas-Rhin est assis dans son tracteur, en pleine récolte du maïs, une récolte tardive cette année.

"Du point de vue du climat, c'est pas facile, on n'a pas le moral. On commence tout juste la récolte du maïs, tout est mouillé. Du coup on est trop nombreux sur les routes et on les abîme, ça ne nous fait pas plaisir de détruire les routes, de tout récolter en même temps." Alors les paiements de la PAC (politique agricole commune, aides européennes) qui n'arrivent pas, c'est un nouveau coup dur.

La FDSEA du Bas-Rhin appelle à une journée de mobilisation lundi 21 octobre à Strasbourg. "Les mauvaises conditions météo, les épizooties qui frappent l’élevage, les difficultés du marché en bio et ailleurs rien n’aura été épargné à l’agriculture française en cette année 2024", explique le communiqué conjoint de la FDSEA 67 et les Jeunes Agriculteurs du Bas-Rhin. "Aussi les paiements de la PAC étaient attendus avec impatience dans les fermes pour le 15 octobre 2024. Malheureusement près de 20 % des fermes ne toucheront pas l’argent, soit plus de 500 agriculteurs."

En cause, les trop nombreux contrôles qui ont ralenti l'instruction de certains dossiers. "Depuis un an ou deux, ils utilisent des satellites qui détectent les cultures au centimètre près. Il y a un passage de satellites tous les trois jours au-dessus de nos têtes et quand il y a des erreurs, ils vérifient sur le terrain. Souvent ce sont des anomalies qui n'en sont pas, juste un système pas encore bien rodé. Du blé qui est pris pour de l'orge à un moment de l'année."

Il y a un passage de satellites tous les trois jours au-dessus de nos têtes et quand il y a des erreurs, ils vérifient sur le terrain. Souvent ce sont des anomalies qui n'en sont pas. Du blé qui est pris pour de l'orge à un moment de l'année.

Franck Sander, agriculteur dans le Bas-Rhin

L'agriculteur dénonce les trop nombreux contrôles qui ont ralenti des dossiers déposés en mai-juin. "ll fallait faire moins de contrôles s'il n'y avait pas le temps de les faire !", tempête-t-il. "Il faut s'adapter pour que le boulot soit fait dans les temps. On voit bien qu'on ne vit pas dans le même monde que ceux qui nous contrôlent".

Inégalité de traitement entre les départements

Le président de la FDSEA 67 dénonce le retard pris surtout dans le Bas-Rhin. "En Meurthe-et-Moselle, 91% des dossiers ont été instruits, 90% en Meuse, 97% dans les Ardennes. Et chez nous, seulement 83%. Ce n'est pas acceptable, il faut que toutes les antennes départementales soient traitées de la même façon."

Au total ce sont 500 agriculteurs qui n'ont pas eu de versement PAC en octobre. "Certains agriculteurs, notamment des jeunes qui viennent de reprendre une exploitation peuvent être mis en grande difficulté. Ils n'ont même pas été traités en priorité".

Après les blocages dans toute la France en janvier dernier, des annonces avaient été faites, mais certaines ont pâti de la dissolution. Un des sujets majeurs était la simplification pour les agriculteurs dans toutes leurs démarches administratives, dont la PAC. "Mais là, ça va à l'envers de tout ce qui a été annoncé. On demande de la réalité. D'ailleurs, la PAC on la touche en deux fois, justement pour laisser une marge de correction. 70% en octobre, puis 30% à la fin de l'hiver. Donc que les 70% soient payés comme prévu à tous les agriculteurs !" Il s'agirait de 10 000 à 30 000 euros non versés par agriculteur.

Il y a tellement de normes, que même les agents n'y arrivent pas. Rien n'a été fait pour simplifier tout ça, alors que c'était une des promesses du gouvernement.

Franck Sander, président de la FDSEA 67

Franck Sander dénonce un système mais pas le travail des agents, qui sont pris entre deux feux. Certains ont même appelé les agriculteurs avant la manifestation de lundi pour leur expliquer les directives qu'ils reçoivent. "Ils nous ont même donné des arguments, parce qu'ils ne s'en sortent pas. Il y a tellement de normes, que même eux n'y arrivent pas !"

Lundi 21 octobre, les agriculteurs alsaciens se retrouveront d'abord devant la CEA, qui doit voter le R-Pass, une mesure que dénoncent aussi les agriculteurs. Ils rejoignent en cela les entreprises de logistique alsaciennes. "Nos routes resteront moins chères que les allemandes, donc la situation ne changera pas sur les routes. Qu'ils assument de dire que c'est un moyen de financer la CEA."

Puis ils se rendront devant l'Agence de services et de paiement, rue Ste-Marguerite. La manifestation devra se terminer vite, les agriculteurs sont en pleine récolte.

Perturbations à prévoir dans l'ouest de Strasbourg

La préfecture du Bas-Rhin signale de probables perturbations ce lundi 21 octobre "à partir de 08h30 au départ de Vendenheim et de Schiltigheim avec un regroupement des deux convois route du Général de Gaulle à Schiltigheim", dans un communiqué envoyé aux médias le 18 octobre, avec le tracé du convoi :

Elle conseille à tous les automobilistes d'éviter le secteur jusqu'à 13h30 lundi 21 octobre.