La préfète du Bas-Rhin a organisé ce mercredi 12 avril une réunion avec l'intersyndicale afin de discuter des violences qui ont eu lieu lors de la dernière manifestation contre la réforme des retraites à Strasbourg. "Le dialogue a été renoué" affirme Laurent Feisthauer, secrétaire départemental CGT du Bas-Rhin.
Après les débordements et les affrontements entre manifestants et forces de l'ordre lors de la manifestation du 6 avril contre la réforme des retraites à Strasbourg, l'intersyndicale du Bas-Rhin a publié, mardi 11 avril, une lettre ouverte en réponse à la préfète du département, Josiane Chevalier. Cette dernière y confirmait "avoir respecté le cadre légal ainsi que la chaîne de commandement."
Réponse peu appréciée, et c'est un euphémisme, par les principaux intéressés. Ce mercredi 12 avril, la préfète, dans un souci d'apaisement et de transparence, on l'imagine, a reçu l'intersyndicale. Une entrevue de deux heures qui a visiblement atteint son objectif : pacifier la situation à la veille d'un nouveau rendez-vous dans la rue.
Laurent Feisthauer, secrétaire départemental CGT du Bas-Rhin, a ainsi les traits beaucoup plus détendus qu'à son arrivée à l'hôtel du Préfet. "Oui nous avons renoué le dialogue, après une certaine période de blocage. Nous avions peur que la préfecture nous déconseille de manifester demain, ou nous limite par des mesures coercitives, mais ça n'a pas été le cas. La préfecture assure la garantie du droit à manifester."
Nous avons convenu avec les représentants des forces de l'ordre qu'il s'agissait d'un malentendu, voilà.
Laurent Feisthauer, secrétaire départemental CGT du Bas-Rhin,
Pour le reste, les violences qui ont eu lieu entre les forces de l'ordre et le service de sécurité de l'intersyndicale le 6 avril dernier, là aussi, l'heure est au compromis. "Nous avons convenu avec les représentants des forces de l'ordre qu'il s'agissait d'un malentendu, voilà. Pour eux (le directeur de la sécurité et celui du renseignement territorial) le service d'ordre empêchait les voitures de passer pour porter secours à leur collègue, ce n'est pas tout à fait notre vision, mais allez ça peut être un malentendu. On est tombés d'accord sur ce terme-là, disons. Dans ce contexte de crise actuelle, il est difficile de désavouer nos forces de police. Ils sont fatigués, il peut y avoir des incompréhensions, l'essentiel étant que cela ne se reproduise plus."
Moralité ? "Nous nous sommes engagés à mieux dialoguer, à lever des incompréhensions qui auraient eu lieu le 6, mieux gérer le positionnement des uns et des autres pour prévenir les heurts. Nous avons rappelé aussi que nous ne sommes pas comptables de tout ce qui se passe lors de la manifestation. On appelle les gens à venir, on peut contrôler nos militants syndicaux, mais les autres non. Nous, on se contente de baliser le cortège. Ce qui se passe avant, à côté, après, on ne gère pas. On ne fait pas du maintien de l'ordre."
Nous nous sommes engagés à mieux dialoguer, à lever des incompréhensions qui auraient eu lieu le 6, mieux gérer le positionnement des uns et des autres pour prévenir les heurts.
Laurent Feisthauer, secrétaire départemental CGT du Bas-Rhin,
Un dialogue social mâtiné tout de même, à la sortie, d'un message politique. " Nous lui avons quand même parlé de la réforme. Si cette colère éclate maintenant, c'est que nous avons le sentiment d'être dans une impasse démocratique. On en est à la 12e manifestation. Les gens ont manifesté en force, 30.000 personnes à Strasbourg, c'est du jamais vu… Tout ça pour ne pas être entendus. Cette colère peut se transformer en violence. Une violence qu'on ne cautionne pas, mais qu'on peut comprendre."
Cette entrevue a ainsi permis de lever des malentendus, mais pas seulement. Elle ôte aussi la menace d'interdiction qui pesait jusqu'alors, par messages interposés, sur la tenue de la manifestation demain, 14 avril. Le cortège s'élancera donc en bonne et due forme à 14h de l'avenue de la Liberté.